Au nom du saint et vénéré Rabbi Haïm Cohen zt’l

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Chabbath Parachat Balak

2, 3 juillet juin 2004 – 13, 14 Tamouz 5764

Jérusalem : Paris

Allumage des bougies : 19 h 14 - Allumage des bougies : 21 h 38

Sortie de Chabbath : 20 h 30 - Sortie de Chabbath : 23 h 02

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le dvar Thora de cette semaine que nous consacrons aux familles de :

- Monsieur et Madame François ELBAZ pour la naissance de leur fils :

ITSHAK RAHAMIM

Cette semaine, nous poursuivons notre cycle de réflexion sur les Pirké Avoth, « Maximes des pères ».

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom,

Rav Chalom Bettan


Chabbath Parachat Balak

2, 3 juillet juin 2004 – 13, 14 Tamouz 5764

Contradictoire… mais vrai !

(dernière partie)

Par Rav Eliahou Elkaïm

Concluant notre réflexion sur cette notion très particulière de la pensée talmudique, nous allons découvrir, grâce au Zohar, que les caractéristiques de l’âme entraînent un accès spécifique à la Thora…

« Hillel et Chamaï reçurent d’eux la tradition. Hillel disait : ‘Soyez les disciples d’Aaron, qui aimait la paix et la recherchait sans cesse, qui aimait les hommes et les amenait à l’étude de la Loi.’ »

(Chapitre 1, Michna 12)

Nous concluons cette semaine notre réflexion sur la notion fondamentale de la loi orale, ‘Celle-ci et celle-ci sont des paroles du D.ieu vivant’, suivant le développement de Rabbi Israël Salanter.

La semaine dernière, nous avons cité le texte du Talmud (Taanit 25b), où une voix céleste s’exprima après que Rabbi Akiba ait été exaucé, alors que son maître ne l’avait pas été, après avoir fait la même demande pour obtenir la pluie.

« Une voix céleste (Bath Kol) vint expliquer ce qui venait d’arriver, évitant des confusions et des conclusions inexactes :

‘Ce n’est pas parce que l’élève est plus grand que son maître que sa courte prière a été exaucée, alors que la longue supplique du maître ne l’a pas été. La raison est que

abbi Akiba domine ses mauvaises tendances (maavir al midotav) lorsqu’on lui cause du tort ou qu’on lui manifeste un manque de respect, alors que Rabbi Eliezer n’agit pas de la sorte » (Talmud Taanit 25 b).

A la lecture de ce texte, une remarque s’impose :

Si Rabbi Akiba est parvenu à posséder cette vertu, et à perfectionner ainsi son caractère, n’est-on pas en droit de penser qu’il est effectivement plus grand que son maître ?

A la lumière de son interprétation sur la ma’hloket(opposition) entre Hillel et Chamaï, Rabbi Israël explique que justement, si la voix céleste a pu faire une telle déclaration, c’est que ce trait de caractère et cette attitude de Rabbi Eliezer n’étaient pas dûs à une faiblesse, mais à une décision réfléchie de sa part.

Devoir d’intransigeance

On le sait, Rabbi Eliezer était un élève de Chamaï, et comme son maître, il considérait que l’on ne pouvait accepter ce qui ressemblait de près ou de loin à un manque de respect à la Thora et à ceux qui la représentent. Pour lui, cette intransigeance était un devoir.

A l’inverse, Rabbi Akiba était un élève de Hillel, et il ne voyait pas les choses de cette façon. Cette différence d’approche (ma’hloket) entre dans le cadre de toutes les discussions entre Hillel et Chamaï, pour lesquelles une voix céleste a annoncé : ‘Celle-ci et celle-ci sont des paroles du D.ieu vivant’.

C’est pour cette même raison que les deux maîtres jouiront tous deux de la même proximité avec le Créateur dans l’au-delà, chacun pour avoir agit selon sa conception.

Mais alors, pourquoi donc favoriser la requête de Rabbi Akiba ?

Rabbi Israël nous fait découvrir un nouvel aspect du problème.

L’une des règles fondamentales de la relation entre l’homme et son créateur, est que D.ieu agit vis à vis de l’homme selon le principe de ‘mesure pour mesure’ (mida kenegued mida).

Ce principe a pour signification que la récompense ou la punition divine seront toujours attribuées à l’homme dans le même esprit que ses actes.

Et ce principe ne régit pas seulement le châtiment et la récompense, mais toute la relation entre l’homme et D.ieu.

En toute sincérité, Rabbi Eliezer agissait avec rigidité envers ceux qui ne manifestaient pas le respect dû à la Thora et à ses représentants.

Il était donc impossible que D.ieu, devant la demande de Rabbi Eliezer, réagisse dans un état d’esprit différent que celui prôné par ce dernier : D.ieu ne pouvait pas être indulgent vis à vis des hommes, qui méritaient la sécheresse.

Ce n’était ni un châtiment ni une marque de mécontentement de D.ieu face à Rabbi Eliezer, mais une application du principe de ‘mesure pour mesure’.

Seul Rabbi Akiba, qui suivait l’enseignement de Hillel pouvait espérer voir l’attribut de Miséricorde entrer en jeu, se substituant à l’attribut de Justice, qu’entraînait l’attitude des hommes.

De la même façon que Rabbi Akiba ignoraient les offenses et le manque de respect à son égard, D.ieu, pour répondre à sa demande, ignora l’attitude des hommes et leur accorder la pluie.

Les racines de l’âme

Dans ses écrits, Rabbi Israël base toujours ses enseignements sur les textes du Talmud et des Midrachim, évitant de dévoiler ses connaissances dans le Zohar.

Mais ses paroles correspondent à ce que d’autres maîtres citent justement au nom de la Kabbale.

L’âme de Hillel tirait son origine de l’attribut de bonté (‘hessed), comme celle d’Abraham, alors que celle de Chamaï venait de l’attribut de Justice et de rigueur (din), comme celle d’Isaac.

C’est la raison pour laquelle le Zohar nous révèle que dans notre monde uniquement, la loi (hala’ha) a été fixée selon Hillel, alors que dans le monde futur (leatid

lavo), la loi suivra l’avis de Chamaï.

Dans son commentaire sur le Siddour, Rabbi Avraham ben Hagra, le fils du Gaon de Vilna, interprète cette donnée dans de la façon suivante :

Le but véritable de la création est que l’homme s’élève à un niveau qui lui permette d’être à la hauteur de la rigueur divine (din).

Telle est la signification des paroles de nos maîtres selon lesquelles le plan initial de D.ieu était de créer un monde régi par cette rigueur (midat hadin)

Mais cela ne peut être atteint que par des hommes de très haut niveau, qui ont réalisé un travail personnel ardu.

En ce qui concerne l’humanité dans son ensemble, elle ne peut survivre que si réside dans le monde l’attribut de Miséricorde (midat hara’hamim).

L’approche d’Hillel, dont l’âme tire ses origines de l’attribut de bonté (‘hessed) correspond aux besoins de l’humanité ici-bas.

Dans l’au-delà par contre, lorsque l’humanité aura atteint son but véritable, la volonté réelle du Créateur pourra se réaliser et Chamaï, qui suit l’attribut de rigueur, deviendra le repère.

Cela correspond aux paroles de Rabbi Israël, qui explique ce sont les caractéristiques de l’âme (ko’hot hanefech) des deux grands maîtres qui les ont amené à des décisions différentes.

Rabbi Aharon Kotler (Michnat Rabbi Aharon volume 1, p.45) interprète un texte du Talmud (Erouvin 13) qui semble émettre des critiques à l’égard de Chamaï.

Toutes les facettes de la vérité

Pour découvrir la vérité qui sera la référence à la loi (hala’ha), plus haut niveau de perception de la Thora, il faut inévitablement bénéficier d’une aide divine particulière (Méguila 6b et Sanhédrin 93b).

Et cette aide divine ne peut être accordée qu’à une personne qui agit avec humilité.

La rigidité de Chamaï était justifiée et c’était l’aspect de la vérité que son âme devait dévoiler, mais il n’en reste pas moins que cette humilité et cet effacement lui manquait.

Il lui manquait donc ce catalyseur indispensable à la découverte de la loi qui convient à notre monde.

Même s’il recevront la même récompense divine pour avoir agit selon leurs convictions respectives, il réside une différence dans les résultats de leur recherche.

On le voit, il n’existe pas, comme certains ont bien voulu le comprendre, deux approches différentes de la hala’ha, dû dans un cas à une permissivité, dans l’autre à une intransigeance.

Cette conception est une déformation de la réalité.

Tous les grands maîtres d’Israël statuent d’après un raisonnement et des preuves irréfutables, et sans aucun intérêt

personnel.

C’est ainsi que ces grands maîtres, grâce à leur construction personnelle, peuvent imprimer leur vision sur les décisions hala’hiques, et influer sur la façon dont on doit statuer.

Puissions-nous bientôt vivre les temps messianiques où le monde sera à même de vivre selon les avis de Chamaï…

Chabbath Chalom