Au nom du saint et vénéré Rabbi Haïm Cohen zt’l

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Parachat Trouma

27, 28 février 2004 – 5, 6 adar 5764

A Jérusalem A Paris

Allumage des bougies : 16 h 59 Allumage des bougies : 18 h 00

Sortie de Chabbath : 18 h 12 Sortie de Chabbath : 19 h 05

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le dvar Thora de cette semaine.

Ayant constaté l’intérêt grandissant pour nos publications hebdomadaires, et sur la demande de nombreux d’entre vous, nous avons décidé de poursuivre cette entreprise. Nous vous prions de transmettre ce dvar Thora à votre entourage et de nous faire part de vos remarques.

Cette semaine, nous poursuivons notre cycle de réflexion sur les Pirké Avoth, « Maximes des pères ».

Cette semaine, le Dvar Thora est consacré à la mémoire de :

Myriam FARIR bat Dina zatsal : 4 adar (26 février)

Rachel COHEN bat Yakot zal : 8 adar (1er mars)

Yossef MURCINAO ben Shmouel zal : 9 adar (2 février)

Yéhouda Bttane ben Zahra : 10 adar (3 mars)

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom,

Rav Chalom Bettan


Parachat Trouma

27, 28 février 2004 – 5, 6 adar 5764

Le bonheur retrouvé

(deuxième partie)

Par Rav Eliahou Elkaïm

Suite du sujet de la semaine dernière, nous allons découvrir comment le couple peut parvenir à l’équilibre et à l’harmonie…

« José ben Yo’hanan de Jérusalem disait : « Que ta maison soit largement ouverte à tous et que les pauvres soient des habitués de ta maison. Ne multiplie pas les bavardages avec la femme ». Ceci est dit de sa femme, à plus forte raison de la femme de son prochain. C’est de là que les Sages ont dit : « Celui qui parle beaucoup avec la femme se fait tort à lui-même, néglige l’étude de la Thora et finalement, il héritera du Géhinom ».

(Chapitre 1, Michna 5)

Dans le Dvar Thora de la semaine dernière, nous nous sommes penchés sur l’interprétation de Maïmonide et de Rabbénou Yona, qui voient surtout dans cette Michna une mise en garde pour prévenir une faiblesse de l’homme, qui pourrait enfreindre certaines lois inhérentes au mariag, ou causer son déséquilibre.

Le Gaon de Vilna, pour sa part, offre une interprétation tout à fait différente.

Pour lui, le termehaïcha(la femme) se rapporte d’emblée à sa propre femme, ce qui signifie que celui qui suit les conseils de son épouse dans les domaines spirituels n’est pas dans la bonne voie.

Et le Gaon de citer le fameux Midrach qui relate que Kora’h, avant de se lancer dans sa controverse contre Moïse, était allé prendre conseil auprès de sa femme, qui l’avait fortement incité à engagée cette lutte insensée (Bamidbar Rabba 18 ; 4).

Le commentaire du Radal sur le Midrach (ibid.) fait le parallèle avec un texte du Talmud :

« Rav dit : ‘Celui qui suit les conseils de son épouse finira par mériter l’enfer (Géhinom)’.

Rav Papa posa la question à Abayé : ‘Un dicton nous apprend pourtant : ‘Même si ta femme est petite, baisse-toi pour écouter son avis et ses conseils’.

Il lui répondit : ‘Cela concerne les affaires de la maison, et non les problèmes d’ordre général’.

D’après un deuxième avis, il lui répondit : ‘Cela concerne les questions d’ordre matériel (milei deara) mais pour tout ce qui concerne les devoirs de l’homme envers son Créateur (milei dichmaya), il ne faut pas suivre ses conseils.’ »

(Talmud Baba Metsia 59a)

Etonnantes paroles de nos maîtres, d’autant que le même Midrach où il est question de Kora’h cite plus loin (Bamidbar rabba 18 ; 20) un verset des proverbes :

« La sagesse des femmes édifie la maison, leur folie la renverse »

(14 ; 1)

Et le même midrach donne deux exemples que l’on observe dans la paracha de Kora’h.

Le premier est celui de la femme de On ben Péleth. Ce dernier est cité dès le départ comme faisant partie de ceux qui ont suscité la polémique contre Moïse avec Datan et Aviram.

Puis, dans la suite de l’histoire, il n’apparaît plus. Qu’est-il donc advenu de lui ?

La sagesse des femmes

Le Midrach nous dévoile que rav dit : « C’est sa femme qui l’a sauvé , car elle lui a dit : ‘Que vas-tu gagner à te mêler à cette dispute. Que ce soit Aaron qui soit le Grand Prêtre ou Kora’h, tu ne seras de toute façon qu’un disciple’.

(…) Elle lui fit boire du vin pour qu’il dorme. Puis elle s’installa, en compagnie de sa fille, les cheveux défaits (ce qui n’est pas conforme à la hala’handlr.), à la porte de sa tente.

Ceux qui vinrent chercher On ben Peleth pour participer à la rébellion, à la vue de ce spectacle inhabituel et choquant, détournèrent leur chemin.

C’est ainsi qu’On ben Peleth échappa au triste sort de ceux qui complotèrent contre Moïse ».

La première partie du verset des Proverbes, « la sagesse des femmes édifie la maison », s’applique donc à l’exemple de cette femme.

La deuxième partie, « leur folie la renverse» s’applique à une autre femme qui a joué un rôle dans ce même épisode de la Thora, puisqu’il s’agit de la femme de Kora’h lui-même, qui l’entraîna dans cette folie.

On le voit, la règle est loin d’être générale.

Comment comprendre alors les paroles du Talmud de ne pas écouter les conseils de sa femme pour les sujets d’ordre exclusivement spirituels.

Les mères d’Israël et tant de femmes juives ont édifié la maison d’Israël. D.ieu Lui-même a dit à Avraham de suivre l’opinion de Sara contre son propre avis…

Le Maharal nous éclaire sur le sens des paroles de nos maîtres (Dere’h Haïm ibid. Hidouché Aggadoth Baba metsia ibid.).

Et en fait, la Thora nous dévoile le secret des natures différentes de l’homme et de la femme.

Intuition particulière

Loin de privilégier l’un ou l’autre, la Thora nous indique la direction voulue par le Créateur dans l’équilibre et la complémentarité de deux conjoints.

Par nature, la femme est plus proche de la matière (‘homer) et c’est normalement à l’homme qu’incombe d’apporter la direction spirituelle dans le couple.

L’homme, par son étude de la parole divine, par sa réflexion sur les sujets métaphysiques traités dans la Thora, est celui qui doit décider du chemin à suivre dans ces domaines.

Pour jouer son rôle spécifique ans le couple, la femme possède une dimension plus développée chez elle que chez l’homme, c’est ce que l’on appellera Leréguech(sentiment), alors que l’homme se servira plus de son intellect pour agir.

Cette dimension de la sentimentalité, qui est inhérente a fait que la femme est proche du matériel (‘homer), est accompagnée d’une intuition particulière (bina yétéra) qui lui permet de discerner, mieux que l’homme, certaines choses, comme notamment le niveau moral des êtres en général et des invités en particulier (Talmud Bera’hoth 10 b).

Cette intuition est d’ailleurs d’une nécessité absolue pour mener à bien sa mission de mère et d’éducatrice.

On l’a vu, la femme d’On ben Péleth a parfaitement joué son rôle.

Grâce à ce discernement, les femmes peuvent et doivent créer l’atmosphère et les conditions pour que leurs maris puissent développer à leur tour leur rôle véritable : faire vivre dans le foyer les valeurs véritables de la Thora.

L’auteur de la Michna, en faisant allusion à l’histoire de Kora’h, nous indique le rôle de l’homme dans sa maison.

Complémentarité

En développant ses connaissances, en usant de son influence, il va permettre à sa femme d’utiliser ses sentiments et son intuition à bon escient.

On le voit, l’homme et la femme ont besoin l’un de l’autre pour se réaliser pleinement.

A l’inverse, si les rôles sont inversés, il sera très difficile aux conjoints de trouver la plénitude.

Pour illustrer ces notions, nous citerons une lettre de Rabbi

Akiva

Eiger

zatsal, l’un des géants en Thora il y a deux siècles.

Ce dernier venait de perdre son épouse, et il écrivit à un ami son immense douleur en faisant l’éloge de sa femme défunte. Une phrase montre à quel point les hommes de Thora étaient aidés par leur femmes dans tous les moments, y compris dans le domaine spirituel :

« Il m’arrivait souvent, à des heures très tardives, d’avoir de longues conversations avec ma femme, conversations dont l’objectif était toujours de trouver le moyen d’augmenter notre crainte du Créateur et de nous rapprocher de Lui. Qui pourrait me consoler ? »

Seul le Créateur, qui a créé l’homme et la femme, peut définir le rôle de l’un et de l’autre, et permettre ainsi au couple de trouver l’équilibre dans la complémentarité.

Chabbath Chalom