Au nom du saint et vénéré Rabbi Haïm Cohen zt’l

Parachat Vayigach

2, 3 janvier 2004 – 8, 9 téveth 5764

A Jérusalem A Paris

Allumage des bougies : 16 h 12 Allumage des bougies : 16 h 46

Sortie de Chabbath : 17 h 27 Sortie de Chabbath : 17 h 57

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le dvar Thora de cette semaine.

Ayant constaté l’intérêt grandissant pour nos publications hebdomadaires, et sur la demande de nombreux d’entre vous, nous avons décidé de poursuivre cette entreprise. Nous vous prions de transmettre ce dvar Thora à votre entourage et de nous faire part de vos remarques.

Cette semaine, nous poursuivons notre cycle de réflexion sur les Pirké Avoth, « Maximes des pères ».

Cette semaine, le dvar Thora est consacré à la mémoire de :

Patrick Yossef Hadad zatsal, fils de Daniella te’hi : 6 téveth (31 décembre)

Yamine ben Massouda Bitane : 6 téveth (31 décembre)

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom

Rav Chalom Bettan


Parachat Vayigach

Percevoir l’essentiel

Par le Rav Eliahou ELKAIM

En terminant cette semaine l’interprétation des paroles de Simon le Juste, nous allons comprendre l’un des mécanismes les plus fondamentaux de notre monde, et certaines données que les experts en géopolitique eux-même ignorent…

Simon le Juste était l’un des derniers membres de la Grande Assemblée. Il disait : « Le monde tient sur trois choses : l’étude de la Thora, le service pour D.ieu, et la bienfaisance. » (Chapitre 1, Michna 2)

Nous nous sommes penchés la semaine dernière, sur les deux premiers piliers sur lesquels repose le monde.

Le troisième pilier est celui de la bienfaisance, appelée en hébreu

guemilouth ‘hassadim.

En effet, c’est l’attribut de bonté infinie (‘hessed) du Créateur qui est à l’origine de la création de l’homme et de l’univers.

Depuis la création du monde jusqu’au don de la Thora au Mont Sinaï (matan Thora), l’homme pouvait jouer son rôle dans deux domaines : le service divin et la bienfaisance.

Ces deux actions étaient indépendantes de la Thora puisqu’elle n’avait pas encore été révélée.

Et c’est par une recherche personnelle que l’homme a pu découvrir ces deux domaines d’action, le service divin et la bienfaisance.

D’après nos maîtres, Adam, le premier, fit une offrande à D.ieu.

Plus tard, Abraham découvrit l’attribut de bonté (‘hessed).

C’est en méditant sur la bonté infinie du Créateur qui se manifeste dans chaque élément de la création qu’Abraham prit conscience que cet attribut de ‘hessed

était à l’origine de l’univers, et que le devoir premier de l’homme est de s’attacher à cet attribut, se rapprochant ainsi de D.ieu.

La création n’est que l’émanation de cet attribut divin de ‘hessed, car D ;ieu n’a pas besoin de l’homme.

Olam ‘hessed yibané

: le monde n’a été créé que par la bonté de D.ieu (Psaume 89 ; 3).

L’homme n’a été créé que pour être le récepteur de la bonté infinie du Créateur.

Abraham, ayant perçu cette réalité, s’est efforcé, tout au long de sa vie, ‘d’imiter’ son Créateur, accomplissant ainsi la mitsva de « Véhal’hta bidra’hav » : tu marcheras dans les voies de l’Eternel.

Cette alliance avec la bonté (brit ha’hessed) reste, jusqu’à nos jours, l’héritage d’Abraham au peuple juif, qui participe ainsi au maintien du monde.

Depuis la révélation sinaïtique, c’est la Thora qui fixe les règles du service divin et de la bienfaisance.

Ce qui signifie que depuis la révélation, on ne peut décider seul sous quelle forme accomplir le service divin, et ce que veut dire, concrètement et dans l’absolu, faire le Bien.

Plus encore, ce qui pouvait être conçu comme une avoda(service divin), ou comme une action de ‘hessed

peut, après le don de la Thora, être considéré comme une atteinte à la volonté du Créateur.

Par exemple, sacrifier des offrandes en dehors du Temple, ou en ne se conformant pas aux lois concernant les Korbanoth, est considéré comme une faute grave, alors que jusque-là, le même acte était une véritabLeavoda.

De la même manière, accomplir la bienfaisance en allant à l’encontre des interdits de la Thora, fait perdre à cet acte toute sa valeur.

Axiomes fondamentaux

On le comprend aisément, le pilier le plus essentiel est celui de la Thora, sans lequel aucune action ne peut être définie.

C’est la Thora qui définit le Bien et le Mal, qui valide ou invalide chaque action, qui détermine les repères pour que l’homme puisse agir de façon positive dans le monde et participer ainsi à son équilibre.

Prendre conscience de ces vérités fondamentales, et les appliquer demande à l’homme de développer en lui une vision du monde qui dépasse la perception matérielle dont la société nous imprègne.

Jusqu’à l’époque de Simon le Juste, alors que les derniers prophètes de la Grande Assemblée étaient encore présents au sein du peuple juif, ces vérités paraissaient à tous évidentes.

En outre, l’atmosphère de sainteté qui régnait en Israël permettait de les appliquer dans la vie courante.

La baisse des générations (Yéridath hadoroth), déjà flagrante à son époque, a amené Simon le Juste à focaliser son enseignement sur ces axiomes fondamentaux.

Pour mieux comprendre cette situation, il nous faut ajouter une petite mise au point.

Nos maîtres nous ont appris qu’aucune prouesse militaire décrite dans l’Ecriture, ne peut être expliquées par une force physique particulière des Juifs de l’époque ou par un génie militaire de certains de ses dirigeants.

Que ce soit la conquête de la terre de Canaan, les combats de l’époque des Juges, ceux de Saül et de David, de Salomon jusqu’à Ezéchias, et en dernier lieu les combats menés par les Hasmonéens, toutes ces victoires ne peuvent être attribuées qu’à une seule et même cause : l’intensité de l’étude de la Thora des combattants juifs et de toute la communauté (cf. Targoum Psaume 44 ; Talmud Sanhédrin 49 – 94 Makoth 10, …)

L’origine de la vie

Et il ne faut pas s’y tromper.

En étudiant et en pratiquant la Thora, ce n’est pas une arme secrète non-conventionnelle que les Rois d’Israël et les Hasmonéens ont utilisée dans leur combat.

Ces victoires sont la conséquence naturelle et inévitable du principe qui est que la Thora est l’origine de l’existence et de la vie de notre univers.

De ce fait, les détenteurs de la Thora, et ceux qui sont attachés à son étude, jouissent d’une aide divine particulière, inhérente au fait qu’ils sont les piliers du monde.

Même si pour camoufler ce miracle, les Rois d’Israël ont pris les armes, et ont accomplis des actions dans le domaine matériel (Yhichtadlouth), ils savaient parfaitement que le véritable combat se jouait dans des sphères bien supérieures.

Ils savaient que la force de la Thora pouvait faire disparaître tout adversaire, le plus puissant qu’il fut ; que cette force pouvait faire mentir tous les pronostics qui donnaient le peuple juif perdant, au vu des éléments en présence.

Parfois même, quand l’étude de la Thora atteint son niveau le plus élevé, l’expression de ces lois métaphysiques est encore plus spectaculaire.

C’est ce que le Talmud nous dévoile au sujet de Simon le Juste et d’Alexandre le Grand.

Lorsque la Thora est à son apothéose, il n’est plus nécessaire de créer un semblant de combat, car les ennemis d’Israël font volte-face pour devenir ses plus fidèles protecteurs.

Simon le Juste a réussi à imprégner tout le peuple juif de son message et à l’attacher à la Thora, d’une façon exemplaire.

Lui-même incarnait parfaitement les valeurs qu’il prônait.

D’abord celle de la Thora, en étant le récepteur de toute la Thora transmise par les membres de la Grande Assemblée ;

Ensuite celle du service divin, car il fut le Grand Prêtre quarante années consécutives (cf. Talmud Yoma 39 au sujet des miracles dans le temple pendant toute cette période, preuve du niveau du service divin qui y était accompli).

Rien d’étonnant, dans ces conditions que, tel un traitement préventif, la maxime de Simon le Juste empêchât toute influence de la civilisation grecque sur le peuple juif.

« Par Mon esprit »

Et le miracle qui fit que durant chaque bataille, Alexandre le Grand aperçoive l’image de Simon le Juste, vêtu de ses habits de Grand Prêtre, allant au devant des troupes hellènes, revêt une signification toute particulière.

En fait, ce qui a été dévoilé à Alexandre n’est que l’image pure et simple de la réalité !

Comme nous l’avons vu, c’est la force de la Thora qui fait vivre l’univers. C’est cette force qui provoque les victoires, non la stratégie ou la puissance militaire.

Et, à l’instar de toute chose, le décret divin qui accorda la puissance à Yavan (les Grecs) à cette période fut exécuté par cette force de la Thora.

Or, Simon le Juste était, à cette époque, le représentant de la Thora sur terre.

Le mérite de Simon le Juste fit qu’Alexandre le Grand perçu la réalité et comprenne ce que représente le pilier de la Thora.

Après la disparition de Simon le Juste, quand malheureusement le peuple juif commença à faiblir dans sa foi, les Grecs purent profiter de cet état, et leur influence fit baisser le niveau d’attachement à la Thora.

C’est alors qu’Antiochus eut le pouvoir de promulguer des décrets pour empêcher l’accomplissement des

mitsvoth

et l’étude de la Thora.

Et il faudra que les Hasmonéens, seuls détenteurs de la Thora authentique, éveillent les esprits.

Après avoir créé l’adhésion inconditionnelle de leurs adeptes pour la Thora, ils se lancèrent à l’attaque des troupes grecques.

Cette adhésion à la Thora et ce don de soi (méssirouth nefech) sans précédent vont éveiller Lekoa’h haThora(la force de la Thora) : des miracles extraordinaires vont amener la défaite des troupes hellènes, pourtant infiniment plus nombreuses que la poignée d’Hasmonéens.

La force de leur Thora permit de briser l’emprise de la culture grecque. Parallèlement, l’attachement du peuple d’Israël à l’étude de la Thora et au service divin se renforça.

Le rôle de Simon le Juste dans l’histoire d’Israël est donc d’une importance toute aussi grande que celui des Hasmonéens, dont nous commémorons la victoire durant la fête de ‘Hanouka.

Jusqu’à nos jours, son message reste d’une actualité brûlante :

« ‘Ni par la puissance, ni par la force, mais par mon esprit’, dit D.ieu, maître des armées » (Zacharie 4 ; 6).

Chabbath Chalom