Parachat Béchala’h

6, 7 février 2004 – 14, 15 chevath 5764

A Jérusalem A Paris

Allumage des bougies : 16 h 42 Allumage des bougies : 17 h 37

Sortie de Chabbath : 17 h 55 Sortie de Chabbath : 18 h 44

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le dvar Thora.

Cette semaine, nous poursuivons notre cycle de réflexion sur les Pirké Avoth, « Maximes des pères ».

Ce Dvar Thora est consacré à la réussite de Moché Warren ZEITOUN qui célèbre sa Bar Mitsva ce Chabat.

Le Dvar Thora est également dédié à la mémoire de :

Itzhak ben Rahel BENSIMON zal : 21 chevath

Rahma NIDDAM bat Alo zal : 21 chevath

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom et joyeux Tou Bichvat,

Rav Chalom Bettan


Parachat Béchala’h

6, 7 février 2004 – 14, 15 chevath 5764

Proches des Sages, proches de D.ieu

Cette semaine, notre Michna nous enseigne comment accomplir l’une des mitsvoth qui nous semble le plus loin de nous : celle qui exige de nous de créer une proximité totale avec D.ieu. Et chacun de nous peut y parvenir…

« José ben Yoézer de Tseréda et José ben Yohanan de Jérusalem reçurent d’eux (de Simon le Juste et d’Antigonos de Soho) la tradition. José ben Yoézer de Tseréda disait : Que ta maison soit une maison de réunion pour les Sages, couvre-toi de la poussière de leurs pieds et bois avec soif leurs paroles. »

(Chapitre 1, Michna 4)

On le voit, notre Michna continue à suivre les différentes étapes de la transmission de la Thora.

Une nouvelle étape est franchie avec le premier des cinq « zougoth», couples de Sages qui seront cités dans ce chapitre.

Pendant une longue période, la Thora fut transmise intégralement à une seule personne.

A l’époque de la Grande Assemblée, chacun de ses membres avait reçu l’intégralité de la tradition.

Puis, par le fait de la Yéridath Hadoroth(baisse des générations), ce sont dorénavant par deux que les grands maîtres devront maîtriser la Thora (Maharal).

Le premier occupait la fonction de Nassi (prince) et le second celle de Av Beth Din, Président du Sanhédrin.

Rabbi Yaakov Kaminetski (« Emeth leyaakov » ibid) voit dans les trois maximes, respectivement développées par Antigonos, José ben Yoézer et José ben Yohanan une mise en pratique de la maxime de Simon le Juste (« le monde repose sur tris piliers… »).

Nous remarquerons en effet qu’Antigonos met l’accent sur le service de D.ieu (avoda), José ben Yoézer sur la Thora et José ben Yohanan, comme nous le verrons dans la prochaine Michna, sur la bienfaisance (guemilouth ‘hassadim).

Chacun de ces grands maîtres nous offre des méthodes pour appliquer et renforcer ces trois piliers (idem Midrach Chmouel).

Nous allons cette semaine nous pencher sur les paroles de José ben Yoézer.

Un feu dévorant

Au sujet de la première phrase (« Que ta maison soit une maison de réunion pour les Sages »), le Gaon de Vilna prend comme référence les mots de l’Ecriture :

« (…)

Et vous attachant à Lui(ouledovka bo

(Deutéronome 11 ; 22)

Et le Gaon suit l’interprétation du Sifri sur ce même verset :

« Est-il possible à l’homme de s’attacher(littéralement ‘se coller’) à D.ieu ? Est-il capable de monter aux cieux ?

D’autant que le verset a déjà précisé :

« Car l’Eternel ton D.ieu est un feu dévorant »

(Deutéronome 4 ; 24)

Il faut donc le comprendre de façon différente : c’est en s’attachant aux Sages et à leurs disciples que l’on pourra appliquer cet ordre divin, les sages étant les représentants de D.ieu sur terre.

Il est intéressant de citer les mots de Maïmonide dans « Yad hahazaka »

Hilhoth Déoth

6 ; 2 :

« Il est un commandement positif (mitsvath assé) de se lier aux Sages et à leurs élèves pour s’imprégner de leur exemple et de leur enseignement comme l’exprime le verset :

« Attache-toi à Lui(oubo tidbak) »

(Deutéronome 10 ; 20)

Cela ne peut être interprété littéralement car comment l’homme peut-il se coller à la Divinité ?

Nos maîtres ont interprété ce commandement comme l’ordre de se lier aux Sages et à leurs disciples.

C’est pourquoi l’homme est en devoir de faire tous les efforts pour épouser la fille d’un Sage en Thora et pour donner sa fille en mariage à un érudit (Talmid ‘haham), de manger et de boire en compagnie de Sages en Thora, de gérer les biens des ‘hahamim, et de créer avec eux tous les liens possibles.

C’est ce qu’exprime le verset :

« (…)

Et vous attachant à Lui (ouledovka bo) »

(Deutéronome 11 ; 22)

Et c’est ce que nos maîtres ont enseigné :

« C

ouvre-toi de la poussière de leurs pieds et bois leurs paroles avec soif »

(Avoth 1 ; 4)

On remarquera dans ce texte de Maïmonide que deux versets différents sont cités comme référence pour cette mitsva (ouledovka bo

et

oubo tidbak) Pourquoi Maïmonide ne se contente pas de la même citation tout au long du texte ?

Le Rav Avigdor Miller, dans son ouvrage Torath Avigdor » (volume 2 p.92), nous éclaire sur le sens des paroles de Maïmonide.

« S’attacher aux Sages pour s’imprégner de leur exemple et de leur enseignement est la consigne donnée par le premier verset,oubo tidbak."

La répétition de cette idée et l’emploi de la forme

ouledovka bo

ajoute un nouvel élément, celui de créer des liens avec eux, quelqu’en soit la forme, et même si l’on n’a pas la possibilité de créer une vraie proximité avec les ‘hahamim.

Car les sages possèdent la kedoucha (sainteté) qui agit sur tous ceux qui sont liés à lui.

Ces deux façons d’agir font partie de la mitsva

de s’attacher à la Divinité.

Chez un parfumeur

Car les Maîtres en Thora sont les représentant de la divinité sur terre.

Tout lien créé avec les dépositaires de la Thora en ce monde est, dans une certaine mesure un lien avec D.ieu Lui-même.

Car la Thora aurait pu dire tout simplement : « Attache-toi aux Sages ».

Le choix de l’expression ‘oubo tidbak

’ (attache-toi à Lui) n’est pas fortuit. Il exprime le fait que par le lien avec les sages, on parviendra à une proximité avec le D.ieu Lui-même.

Rabbénou Ovadia explicite la maxime de José ben Yoézer :

« Lorsque les Sages cherchent un lieu de réunion, sois toujours prêt à mettre ton domicile à leur disposition et qu’ils puissent naturellement dire le cas échéant : « Nous allons chez untel ».

Tu pourras ainsi t’imprégner de leur sagesse. »

La maxime de José ben Yoézer se poursuit dans le même sens :

Le Gaon de Vilna interprète l’expression « couvre-toi de la poussière de leurs pieds » de la façon suivante :

« Essaie de les suivre partout, comme le verset des Proverbes nous enseigne :

« Celui qui côtoie les sages acquiert la sagesse

»

(Proverbes 13 ; 20)

Car en marchant derrière eux, tu seras imprégné de la poussière que dégage leur pas.

Nos maîtres ajoutent une allégorie :

Celui qui entre chez un parfumeur, même s’il n’achète rien, sortira imprégné d’une agréable senteur.

De la même manière, celui qui s’attache aux pas des sages se forcément imprégné de leur sainteté et de leur exemple.

Les Avoth derabbi Nathan offrent une deuxième interprétation :

Assieds-toi par terre, aux pieds des Sages, avec humilité et crainte, pour écouter leur enseignement. (C’est ainsi que tu deviendras poussiéreux).

Ici et maintenant

Selon Le‘hassid

Rabbi Yossef Yaavetz dans son commentaire, la dernière partie de cette maxime (« bois avec soif leurs paroles») complète les deux premières exhortations.

Côtoyer les sages en Thora et leur offrir son domicile comme lieu de réunion comporte, malgré tout, plusieurs risques.

Celui d’abord de devenir trop familier avec eux ;

Celui ensuite de ne pas apprécier à sa juste valeur l’opportunité que l’on a d’apprendre d’eux : en effet, n’ayant pas besoin de se déplacer, de faire un effort pour entendre leur enseignement, on considère cette situation comme normale et acquise ;

Celui enfin de croire que la Thora est constamment à sa portée, même si l’on n’étudie pas vraiment soi-même, dans la mesure où les Sages sont des habitués de ma maison.

C’est pour cette raison que la Michna ajoute :

« Bois avec soif et avidité leur enseignement. Celui qui est assoiffé sait apprécier à sa juste valeur l’eau vivifiante et ne s’en lasse pas. Il ne repousse jamais à plus tard de s’en désaltérer.»

On le voit, le Tana nous enseigne une méthode pour s’attacher au pilier de la Thora dans toutes les situations.

C’est un message universel qui nous concerne tous.

Tout Juif, qu’il soit érudit ou non, est en devoir de créer des liens avec les Sages de son époque. A chacun de développer les moyens pour ce faire, et rester ainsi attaché au pilier de la Thora et à D.ieu Lui-même.

Chabbath Chalom