Au nom du saint et vénéré Rabbi Haïm Cohen zt’l

1, Rehov Hapisga, Bayit Vegan, Jérusalem Tel : 00 972 2 643 07 20 Fax : 00 972 2 643 07 19

12, rue Notre Dame des Victoires 75002 Paris Tel : 01 42 27 21 11 Fax : 01 42 27 54 91

Email : daat.haim@piximel.com Site : www.daathaim.org

Chabbath Parachat Ki Tavo

4,5 septembre 2004 – 17, 18 éloul 5764

Jérusalem : Paris

Allumage des bougies : 18 h 25 Allumage des bougies : 20 h 10

Sortie de Chabbath : 19 h 36 Sortie de Chabbath : 21 h 16

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le dvar Thora de cette semaine sur les Pirké Avoth, « Maximes des pères ».

Nous tenions également à vous annoncer qu’avec l’aide de D.ieu, nous avons emménagé dans de nouveaux locaux, pouvant accueillir dans de bonnes conditions tous nos élèves, y compris ceux de la nouvelle promotion.

Ces nouveaux locaux sont situés face au Mont Herzl à l’entrée de Bayit Vegan, 1, Rehov Hapisga, à Jérusalem (bâtiment Yad Harav Herzog où depuis 40 ans se succèdent les prestigieux commentateurs et chercheurs des 28 tomes de l'Encyclopédie Talmudique et de divers commentaires du Talmud)

La nouvelle promotion qui commence son cycle d’étude à la Yéchiva, est composée de 38 étudiants très motivés et d’un excellent niveau qui promettent de devenir de brillants dirigeants pour le judaïsme et la Thora.

Nous comptons sur l’aide de tous nos amis pour pouvoir assumer ce nouveau "challenge" qui permettra à la Yéchiva de poursuivre son essor.

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et le Chalom.

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom,

Rav Chalom Bettan


Chabbath Parachat Ki Tavo

4,5 septembre 2004 – 17, 18 éloul 5764

Pureté du silence

(deuxième partie)

Par Rav Eliahou Elkaïm

La maxime de Rabban Chimon comporte plusieurs sens, dont l’un est allégorique. Et l’on n’imagine pas toujours pour qui le silence est le plus profitable…« Son fils, Chimon, disait : ‘Toute ma vie, j’ai grandi parmi les Sages et je n’ai rien trouvé de meilleur pour le corps que le silence ; l’étude n’est pas l’essentiel, c’est l’action ; celui qui parle trop occasionne des pêchés.’ »

(Chapitre I, Michna 17)

Dans le Dvar Thora de la semaine dernière, nous avons cité les commentaires de Rabbénou Bahya, de Rabbénou Yona et de Maïmonide sur la première partie de cette maxime.

Avant d’aborder la suite de cette maxime, il est intéressant de relever la deuxième interprétation, de Rabbénou Bahya, reprise par Rabbénou Ovadia.

D’après ces derniers, le silence dont parle Rabban Chimon concerne l’homme qui a été offensé soit par des paroles désobligeantes directement adressées à lui, soit par des médisances (lachon hara), dites à son sujet.

Dans ce cas, savoir se taire est une vertu extraordinaire, extrêmement bénéfique pour l’homme.

L’expression ‘pour le corps’ se rapporte justement au sentiment naturel de colère qui s’empare de nous physiquement quand un tiers nous agresse : cette sensation touche la partie affective la plus terrestre qui est en nous.

Na pas répondre, et garder le silence dans ces situations, épargnera au corps une tension nerveuse néfaste.

Si l’homme parvient à contrôler ses réactions et à se taire, il peut être sûr que D.ieu Lui-même prendra son parti. C’est donc l’homme, dans son intégralité, son corps et son âme, qui bénéficiera de cette retenue, de ce contrôle sur soi.

Et cela est vrai également pour celui qui sait écouter les critiques et les réprimandes, sans se vexer, et en tentant de tirer parti de ces conseils.

Rabbénou Bahya conclut par une image qui illustre son propos.

L’homme tient entre ses mains une pierre. Tant qu’elle est en sa possession, elle est son bien. A partir du moment où il l’a jeté sur quelqu’un d’autre, il n’a plus de contrôle sur elle, elle est irrécupérable.

Ainsi, les paroles échappent à notre contrôle à partir du moment où elles viennent ‘frapper’ quelqu’un…

Valeurs universelles

Pour revenir au commentaire de Maïmonide, selon ce dernier, l’auteur de notre Michna conseille de tendre vers le silence dans le domaine des petites affaires quotidiennes et de limiter ses paroles au minimum nécessaire.

En revanche, pour les paroles ‘positives’, celles qui sont soit une mitsva, soit définies comme ‘appréciables’, il en est tout différemment et ce sont là des occasions où il faut faire usage de la parole.

La suite de notre maxime vient justement faire une mise au point à ce sujet.

Parler de Thora et de valeurs universelles implique une identification du locuteur à son discours.

C’est seulement ainsi que ses paroles deviennent réellement bénéfiques.

Enseigner et tenter de faire que d’autres respectent les mitsvoth, alors que l’on n’adhère pas soi-même à cet enseignement, fait perdre toute valeur à ces paroles.

Rabbénou Bahya fait remarquer à ce sujet que la Thora, lorsqu’elle fait l’éloge des grandes figures d’Israël, ne le fait jamais en louant leurs connaissances et leur sagesse : pour souligner la grandeur d’une personnalité, elle met en avant ses actes et ses traits de caractère.

Car la connaissance n’a de véritable valeur que si elle mène au perfectionnement de la personnalité et aux actes.

C’est à cette idée que se réfèrent les mots de Rabban Chimon : « L’étude n’est pas l’essentiel, c’est l’action ».

Enfin, les derniers mots de cette maxime font l’objet de deux interprétations différentes.

1- « Celui qui parle trop occasionne des pêchés » est interprété par Rabbénou Yona comme concernant encore des paroles de Thora.

Selon lui, ces mots s’adressent à celui qui transmet la hala’ha: après une réflexion profonde, il doit peser ses mots et exprimer son avis de façon concise et claire.

Répondre hâtivement, en délayant le discours, risque de provoquer des erreurs de compréhension, puis par voie de fait, des erreurs dans l’application des commandements.

2- Pour sa part, Maïmonide (Yad Ha’hazaka, Hil’hoth Déoth 2 ; 4), considère qu’il s’agit de la suite de l’idée de départ, à savoir le domaine des paroles de tous les jours.

Imposer sa loi

Selon Maïmonide, Rabban Chimon accentue encore l’importance de se taire lorsqu’il s’agit des affaires quotidienne : non seulement le silence dans ce domaine est bénéfique à l’homme, mais plus encore, parler de manière incontrôlée de ces détails risque d’entraîner des fautes.

Nous conclurons par le commentaire du Sefath Emeth, qui permet une nouvelle approche et trouve un sens plus allégorique aux mots de Rabban Chimon.

Le terme ‘corps’ (gouf) n’est pas fortuit.

Selon le Sefath Emeth, la maxime de Rabban Chimon fait allusion aux besoins matériels de l’homme, et plus particulièrement ceux qui concerne le corps directement.

Pour parvenir à s’élever spirituellement, , et pour le bien du corps lui-même (qui a en réalité été créé pour servir le spirituel), il n’est rien de mieux que de lui imposer le silence (chetika) et ne pas s’émouvoir outre mesure de ses revendications.

A cela, Rabban Chimon ajoute une recommandation d’ordre presque technique.

Le meilleur moyen pour faire taire le corps n’est pas de se convaincre, par de longs discours, de la vanité du matériel.

Le moyen le plus sûr pour que le corps ne nous impose pas sa loi est de lui imposer la nôtre, en canalisant l’énergie physique vers l’accomplissement de la volonté de D.ieu.

C’est le sens des mots : « L’étude n’est pas l’essentiel, c’est l’action », qu’il faut comprendre ainsi : « Les discours que l’on peut se faire à soi-même ne sont pas le moyen le plus efficace pour faire taire les exigences du corps, ce sont surtout les actes qui le mobilisent pour accomplir la volonté divine.

Ainsi, on parviendra à contrôler et limiter les exigences du corps.

Cette même idée est développée par nos maîtres et constitue l’un des concepts de base pour parvenir à un accès réel au spirituel : pour accéder à la connaissance de la Thora, l’homme doit faire de lui-même un désert (Talmud Erouvin 54a).

Cela signifie donner le moins d’importance possible aux contingences matérielles, à l’instar du désert, étendue qui ne tolère aucune exigence concrète.

Chabbath Chalom