Au nom du saint et vénéré Rabbi Haïm Cohen zt’l

5 Rehov Eipstein, Bayit Vegan, Jérusalem Tel : 00 972 2 643 07 20 Fax : 00 972 2 643 07 19

12, rue Notre Dame des Victoires 75002 Paris Tel : 01 42 27 21 11 Fax : 01 42 27 54 91

Email : daat.haim@piximel.com Site : www.daathaim.org

Parachat Behar - Bou’houkotaï

14, 15 mai 2004 - 23, 24 iyar 5764

A Jérusalem A Paris

Allumage des bougies : 18 h 53 Allumage des bougies : 21 h 04

Sortie de Chabbath : 20 h 09 Sortie de Chabbath : 22 h 24

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le dvar Thora de cette semaine.

Cette semaine, nous poursuivons notre cycle de réflexion sur les Pirké Avoth, « Maximes des pères ».

Nous présentons nos plus sincéres vœux de réussite à :

- La famille de Patrick & Véronique TOUBIANA pour la Bar-Mitsva de

RUBEN

- Aux familles TOUITOU ET BENBARUK pour le mariage de

CAROLE & SIMON

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom,

Rav Chalom Bettan

Au nom du saint et vénéré Rabbi Haïm Cohen zt’l

5 Rehov Eipstein, Bayit Vegan, Jérusalem Tel : 00 972 2 643 07 20 Fax : 00 972 2 643 07 19

12, rue Notre Dame des Victoires 75002 Paris Tel : 01 42 27 21 11 Fax : 01 42 27 54 91

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Parachat Behar - Bou’houkotaï

14, 15 mai 2004 - 23, 24 iyar 5764

Sans ambiguïté

Par le Rav Eliahou Elkaïm

Même si chaque verset de la Thora, chaque parole de nos maîtres, peut être l’objet de différentes interprétations, le sens général doit être aisément déchiffrable. Et celui qui cherche la vérité y parviendra sans mal…

« Abtalion disait : ‘Sages, faites attention à vos paroles, de peur que vous soyez condamnés à l’exil, déportés dans un endroit où les eaux sont malsaines, et que les disciples qui vous suivront en boivent : le Nom du Seigneur serait ainsi profané’ »

(Chapitre 1, Michna 11)

Cette maxime d’Abtalion est pour le moins énigmatique et il faut nous référer aux explications des commentateurs de la Michna pour en découvrir le sens et la portée.

Maïmonide, Rabbénou Yona, le Meïri ainsi que Rabbénou Ovadia, décèlent une allusion évidente à la dérive dramatique des Saducéens et des Béothusiens, à l’époque d’Antigonos de So’ho, plus de deux siècles auparavant.

Comme nous l’avons expliqué dans le Dvar Thora de la semaine, dernière, l’époque de Chemaya et Abtalion a été marquée par le retour en force des Saducéens et de leurs adeptes.

C’était le début de l’agonie de la dynastie des Hasmonéens, et les derniers rois de cette lignée étaient déjà entièrement sous l’influence des Saducéens, après l’accalmie due à l’influence de la reine Cheltzion.

Tout débuta, comme le relate Maïmonide dans son commentaire sur la Michna 3, avec Zadoc (d’où l’appellation Saducéens, en hébreu

tzedoukim)

et Beïtus (Béothuciens, de baïtoussim, en hébreu), deux élèves d’Antigonos de So’ho qui, par mauvaise foi, donnèrent un sens perverti à la maxime de leur maître.

On s’en souvient (Pirké Avoth 9), Antigonos a enseigné qu’il fallait agir envers D.ieu comme des serviteurs qui servent leur maître sans attendre aucune rémunération.

Zadoc et Beïtus n’ont pas cherché à comprendre le sens profond de ce message.

Une secte puissante

Ils interprétèrent les paroles de leur maître dans le sens qui les arrangeaient : des paroles d’Antigonos, ils tirèrent la conclusion qu’il n’y a ni récompense ni châtiment dans le monde futur.

De ce fait, ils renièrent la Thora elle-même (cf. Maïmonide Hil’hoth Techouva 3 ; 8) pour arriver à renier l’existence même de D.ieu (kefira bayikar).

Ne se contentant pas de l’anonymat et de la discrétion, il décidèrent de publier leur thèse, espérant créer un mouvement au sein du peuple juif, qui deviendrait une secte puissante et influente.

Mais il ne désiraient pas diffuser leur théorie avec clarté, car cette dernière reniait même la loi écrite.

Craignant des réactions de rejet du peuple juif, ils décidèrent de brouiller les pistes en proposant une théorie nouvelle qui rejette la loi orale et toutes les lois instituées par les Sages, mais reconnaît la loi écrite.

Ils en vinrent également à donner de fausses interprétations à la Thora écrite elle-même, ne ressentant aucun scrupule dans la mesure où ils étaient devenus athées.

De ces sectes, est issue la secte des Karaïtes.

Evidemment, cette approche va à l’encontre de ce qui figure dans l’Ecriture, où l’on trouve notamment :

« Selon la doctrine qu’ils (les maîtres, ndlr.) t’enseigneront,

selon la règle qu’ils t’enseigneront, tu procéderas

Ne t’écartes pas de ce qu’ils te disent, ni à droite, ni à gauche »

(Deutéronome 17 ; 11)

(Commentaire de Maïmonide chapitre 1 Michna 3)

A l’époque d’Abtalion, la puissance des sectes de Zadoc et de Beïtus, avaient pris une telle ampleur, que ce dernier choisit comme maxime cette mise en garde adressée au Maîtres d’Israël.

Il voulait ainsi éviter que ne se reproduise une catastrophe du même ordre.

Maïmonide, ainsi que le Sforno et le Meïri, expliquent qu’Abtalion exhorte tous les maîtres d’Israël à ne pas transmettre un message qui puisse être interprété de façon ambiguë.

Mais pourquoi Abtalion parle-t-il d’exil ?

Parce que le risque d’être mal compris ne vient a priori pas de ses propres élèves, qui dans un cas de doute, viendront consulter directement leur maître, et ainsi élucider leurs questions.

Mais si pour une raison ou une autre, un maître doit être déplacé ou exilé, il devra poursuivre son travail avec de nouveaux élèves, qu’il ne connaîtra pas suffisamment, et dont il n’aura aucune garantie, ni sur leur intégrité, ni sur leurs intentions.

Certains pourront donc, si le message est ambigu ou prête à confusion, le détourner et y apporter de fausses explications.

C’est à quoi le terme ‘eaux malsaines’ fait allusion.

Ces élèves sans foi et mal intentionnés sont comparés à l’eau empoisonnées car ils diffuseront par la suite un message faux au nom même des maîtres d’Israël.

Et ceux qui entendront ce message falsifié le croiront, en toute bonne foi, l’attribuant aux grands maîtres d’Israël, provoquant ainsi une profanation du Nom divin.

On le voit, ce danger est minim

e, mais la responsabilité des Maîtres d’Israël est telle qu’ils sont tenus de transmettre leur message sans aucune ambiguïté possible, même si le danger ne concerne que le cas hypothétique où ces derniers doivent s’exiler, et que les disciples sur place soient animés de mauvais desseins.

La face cachée

L’auteur du Midrach Chmouel cite deux autres interprétations.

D’après Abarbanel, Abtalion s’adresse ici aux Maîtres qui enseignent la partie cachée de la Thora, la Kabbale.

Abtalion les appelle à ne transmettre leur enseignement qu’à des élèves dont ils connaissent l’intégrité morale véritable.

Dans ce cas, le mot ‘galout

’, qui signifie généralement l’exil, doit être compris dans le sens de ‘dévoilement’ (guilouï).

Les mots d’Abtalion se comprennent donc ainsi :

« Sages, prenez garde de ne transmettre votre message, qui contient les secrets de la Thora, qu’à ceux qui en sont dignes. Si vous n’êtes pas circonspects, vous risquez des châtiments divins pour avoir dévoilé cette science divine à des personnes qui n’en sont pas à la hauteur. »

Les eaux malsaines font allusion à ces disciples, auxquels on a dévoilé les secrets de la Thora et qui peuvent les déformer et s’en servir pour nuire, provoquant une profanation du Nom divin.

Une élite modèle

La dernière interprétation nous vient de Rabbi ‘Haïm de Volozhine (dans « Roua’h ‘Haïm »).

Pour lui, Abtalion fait appel aux maîtres en Thora et exige d’eux une intégrité absolue.

Dans cette perspective, il faut donc comprendre : « Vous, Maîtres d’Israël, respectez rigoureusement toutes les restrictions que vous avez instituées pour les autres.

Même si vous êtes persuadés que ces directions que vous avez données sont nécessaires pour le peuple et non pour l’élite, vous ne pouvez pas vous en dispenser.

Ayez toujours à l’esprit que si vous êtes déplacé en exil, vous risquez de rencontrer des personnes qui remettront en cause tout votre enseignement, simplement en observant votre attitude, causant ainsi une profanation du Nom divin.

Nous conclurons en citant le Gaon de Vilna.

Ce dernier cite en référence à la maxime d’Abtalion un texte de nos maîtres.

Certains passages de la Thora écrite peuvent être à l’origine d’une interprétation erronée. Mais dans la même Thora, il se trouve systématiquement un deuxième verset qui prouve sans équivoque le sens réel.

C’est ce que le Talmud (Sanhédrin 38b) nous apprend :

« Pour chaque passage de la Thora que les pervertis (minim) ont déformé, il existe un deuxième passage qui prouve leur erreur ».

Pour celui qui cherche vraiment la vérité, la Thora offre de nombreuses possibilités pour réussir à voir clair, et comprendre avec exactitude la parole de D.ieu.

Chabbath Chalom