Chabbath Parachat Reh

2, 3 septembre 2005 - 28, 29 av 5765

La Ychiva, un tat d'esprit

(2 me partie)

Par Rav Eliahou Elkam

Cette semaine, nous allons tenter de pntrer un monde parfois inconnu, celui de la Ychiva. Le seul endroit au monde o l'on peut discerner la volont de D.ieu.

Il disait: 'Multiplier la chair, c'est multiplier les vers; multiplier les richesses, c'est multiplier les soucis; multiplier les femmes, c'est multiplier la sorcellerie; multiplier les servantes, c'est multiplier la dbauche; multiplier les esclaves, c'est multiplier les vols. Multiplier la Thora, c'est multiplier la vie; multiplier l'audience, c'est multiplier la sagesse; multiplier les conseils, c'est multiplier l'intelligence; multiplier la charit, c'est multiplier la paix. Acqurir un bon renom, c'est acqurir pour soi-mme; acqurir la connaissance de la Thora, c'est acqurir la vie du Monde futur.'

(Chapitre 2, Michna 4)

Nous poursuivons donc cette semaine notre dveloppement sur les mots de Hillel: Multiplier l'audience, c'est multiplier la sagesse.

La semaine dernire, nous avons dcouvert ce que recouvre le concept de sagesse pour Hillel: une formation de l'esprit qui se fait en trois temps.

• d'abord par la transmission du matre, qui apporte sa sagesse.
• ensuite par ce que l'on appelle 'Dibouk 'haverim', l'affinement de l'esprit amen par l'tude en groupe.
• enfin, par l'enseignement que les lves apportent au matre grce leurs questions et leur vision des choses.

Ce concept de sagesse est intimement li celui de Ychiva.

Comment? Pour le comprendre, il faut d'abord dcouvrir l'origine et le sens du terme ychiva.

Par la bouche de tes enfants

Deux textes de nos matres vont nous apporter un premier clairage.

Rabbi 'Hama bar 'Hanina dit: 'Depuis le dbut de leur histoire, nos anctres (taient attachs) la Ychiva. Lorsqu'ils taient en Egypte, la Ychiva taient avec eux. Dans le dsert, la Ychiva tait prsente.

Abraham notre aeul tait un ancien qui frquentait la Ychiva; Isaac aussi; Yaakov aussi; Eliezer, le serviteur d'Abraham tait lui aussi attach la Ychiva.'

(Talmud Yoma 28b)

Rabbnou Hanal (l'un des derniers sages de l'poque des Gaonim), prcise dans son commentaire que le concept d'ancien frqentant la Ychiva (zaken veyochev baychiva) a pour signification que la prsence divine (che'hina) reposait sur celui qui frquente la Ychiva.

Un deuxime texte du Midrach Tan'houma:

(.) Car D.ieu a conclu son alliance avec Isral seulement sur la loi orale (Thora che balp).

C'est ainsi que nos matres ont interprt le verset dans l'Exode:

Car c'est sur la base (al pi, qui peut se lire al p) de ces paroles que J'ai conclu mon alliance avec toi et avec Isral (Exode 34-27)

Il s'agit donc de la loi orale qui constitue le fondement de l'alliance entre D.ieu et Son peuple.

Pourtant, cette loi orale est l'objet de bien des souffrances (dues l'investissement intellectuel intense qu'elle implique, n.d.l.r). Elle est mme compare l'obscurit, comme il est crit:

Le peuple qui marchait dans l'obscurit verra une grande lueur

(Isae 9-1)

Il s'agit de ceux qui se sont investis dans l'tude du Talmud, et qui verront une grande lumire. Car D.ieu leur ouvre les yeux pour dcouvrir ce qui est permis et ce qui est interdit, ce qui est pur et ce qui est impur.

D.ieu a galement contract une alliance avec Isral, qui fera que la loi orale ne sera jamais oublie, traversant les gnrations jusqu' la fin des temps, comme l'exprime le verset:

Quand moi, dit l'Eternel, voici quel est mon pacte avec eux; Mon inspiration qui repose sur toi (le prophte, n.d.l.r.) et les paroles que J'ai mises en ta bouche ne doivent pas s'carter de ta bouche, ni de la bouche de tes enfants, ni de celle des enfants de tes enfants, ni prsent ni dans le futur et jusqu' la fin des temps (Isae 59-21)

C'est pour prserver ce pacte que D.ieu a institu deux Ychivot principales en Isral, o les tudiants mditaient jour et nuit, et o tous les matres en Thora, venus de tout le pays, dlibraient deux fois par an, en Adar et en Elloul.

Au cours de ce que l'on appelle la guerre de la Thora (mil'hamta chel Thora), chacun apportait ses arguments, les preuves de son raisonnement tir des Ecritures: de la Michna et du Talmud.

C'est ainsi que les sujets sont traits jusqu' ce qu'ils soient rgls, et que la solution soit dcouverte.

Ainsi, le peuple d'Isral ne trbuche pas dans les sujets lgaux (hala'ha) comme l'exprime le verset:

Un grand bonheur attend ceux qui aiment Ta loi; pour eux, point de chute (Psaumes 119-165)

Que l'Eternel donne la force son peuple! Que l'Eternel bnisse son peuple par la paix (Psaumes 29-10)

Ces deux Ychivot n'ont jamais souffert de la captivit, ni tre contrainte au parjure, ni mme subir des dommages matriels, et n'ont jamais d supporter l'emprise de Yavan (les Grecs) ni de Edom (les Romains).

D.ieu les a fait sortir de Jrusalem, avec leur Thora et leur connaissance, douze ans avant sa destruction.

(Midrach Tan'houma Parachat Noa'h)

On le voit, la Ychiva existait dj l'poque des patriarches, et elle est intimement lie l'existence du peuple juif et une alliance inaltrable avec D.ieu.

Le texte du Midrach Tan'houma nous permet de mieux comprendre le sens profond de la Ychiva: c'est en elle, est seulement en elle que l'on trouve la rponse toutes les questions de hala'ha, dans toute leur subtilit.

La substance du concept de Ychiva rside en un travail acharn de recherche, o se confrontent les esprits les plus aiguiss en Thora.

C'est l'endroit o ceux qui se lient la loi orale, loi dont D.ieu veut qu'elle soit l'apanage du peuple juif travers les ges, forgent leurs connaissances et leur raisonnement.

Chabbath Chalom