Chabbath Parachat Choftim

10 septembre 2005 – 6 eloul 5765

Jérusalem Montréal Paris
Allumage des bougies 18 h17 18 h 58 19 h 58
Sortie de Chabbath19 h 28 20 h 01 21 h 03

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le Dvar Thora de cette semaine avec lequel nous poursuivons le deuxième chapitre des «Maximes des pères» (Pirké Avoth).

Les commentaires sur le premier chapitre ont fait l’objet d’un livre, le troisième volume de notre série «Dvar Thora».

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde via Internet.

Nous comptons sur l’aide de tous nos amis pour pouvoir assumer ce nouveau "challenge" qui permettra à la Yéchiva de poursuivre son essor.

Ce Dvar Thora est consacré à la guérison (refoua chelema) du fils de Rav Eliahou Elkaïm, ‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov.

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom,

Rav Chalom Bettan


Chabbath Parachat Choftim

10 septembre 2005 – 6 eloul 5765

La Yéchiva, un état d’esprit

(3 ème partie)

Par le Rav Eliahou Elkaïm

Pour conclure notre étude sur les mots de Hillel ‘multiplier l’audience, c’est multiplier la sagesse’, il nous faut pénétrer l’un des concepts les plus fondamentaux de la tradition juive: l’étude conjointe.

«Il disait: ‘Multiplier la chair, c’est multiplier les vers; multiplier les richesses, c’est multiplier les soucis; multiplier les femmes, c’est multiplier la sorcellerie; multiplier les servantes, c’est multiplier la débauche; multiplier les esclaves, c’est multiplier les vols. Multiplier la Thora, c’est multiplier la vie; multiplier l’audience, c’est multiplier la sagesse; multiplier les conseils, c’est multiplier l’intelligence; multiplier la charité, c’est multiplier la paix. Acquérir un bon renom, c’est acquérir pour soi-même; acquérir la connaissance de la Thora, c’est acquérir la vie du Monde futur.’»

(Chapitre 2, Michna 4)

Cette semaine, nous concluons notre développement sur le concept de Yéchiva, à partir des textes du talmud et du Midrach Tan’houma.

On y découvre, dans le langage de nos maîtres, la place occupée par la Yéchiva au sein du peuple juif tout au long de son histoire.

Nous commencerons par l’explication du terme Yéchiva, dont la racine est: s’asseoir. Dans la Thora, ce terme exprime l’assiduité et la capacité de séjourner longtemps au même endroit.

«Vous demeurâtes (vatechevou) de longs jours à Kadech» (Deutéronome 1-6)

Poursuivons par les mots du Midrach, qui sont éloquents: «La Yéchiva est l’âme même de l’alliance éternelle entre D.ieu et Israël, et c’est en son sein que se transmet et se dévoile la lumière cachée (or haganouz) de la loi orale (Thora chébéalpé)».

On se souvient du texte du Midrach:

«C’est pour préserver ce pacte que D.ieu a institué deux Yéchivot principales en Israël, (…)

Ces deux Yéchivot n’ont jamais souffert de la captivité, n’ont jamais été contraintes au parjure, ni même subi des dommages matériels, et n’ont jamais dû supporter l’emprise de Yavan (les Grecs) ni de Edom (les Romains).

D.ieu les a fait sortir de Jérusalem, avec leur Thora et leur connaissance, douze ans avant sa destruction.»

n Assurance tous risques

On le constate, il y a dans ce texte, deux affirmations distinctes.

La première concerne l’existence matérielle de ces institutions, qui n’ont pas subi la captivité, ni les sanctions matérielles: la raison est certainement une protection divine très spéciale, accordée par leur mérite.

La deuxième affirmation concerne un aspect plus spirituelle: ces deux Yechivot n’ont jamais été contraintes à nier leur foi, ni à subir l’influence des Grecs et des Romains.

Pourquoi? Car la Yéchiva, comme fondation, crée une protection parfaite qui protège de toute assimilation aux notions étrangères négatives.

La Yéchiva est garante de la pérennité de la Thora en Israël, dans la même forme qu’elle a été transmise au Mont Sinaï.

Le Midrach précise en outre que deux fois par an, les Sages devaient se réunir au sein de la Yéchiva pour délibérer sur les questions de droit (hala’ha) et donner leur verdict.

Ce rassemblement avait pour but d’éviter toute erreur et tout changement de l’héritage transmis par Moïse.

Ce rassemblement deux fois par an, est en réalité un concept inné à la Yéchiva, qui exige une étude en groupe, ‘haboura.

Le Talmud explique à de nombreuses occasions les raisons de cette étude en commun:

« ‘Fais silence (‘hassket) et écoute Israël’ (Deutéronome 27-9)

Le terme ’hassket est interprété par le Talmud dans le sens de former des groupes (assou kitot kitot) pour étudier la Thora, car cette dernière s’acquiert uniquement par une étude en groupe.» (Talmud Bera’hot 63b)

Il est clair que cette obligation d’étudier en groupe s’applique exclusivement à l’étude de la Guemara, et non à celle des Ecritures et de la Michna.

n Quoi de neuf?

C’est dans ce sens que nous pouvons comprendre les mots du Talmud (‘Haguiga 3a):

«Un jour, Rabbi Yo’hanan ben Beroka et Rabbi Eléazar ben ‘Hisma sont allés rendre visite à Rabbi Yéhochoua à Pekiïn.

Ce dernier leur posa une question:

« - Quelle a été l’idée nouvelle (‘hidouch) découverte au Beth Hamidrach aujourd’hui?

  • Nous sommes tes disciples et ce n’est pas à nous de parler devant toi
  • Pourtant, il n’y a pas de Beth Hamidrach sans ‘hidouch; parlez donc.»

On le voit dans cet échange, l’idée nouvelle est le résultat d’une étude en commun, au Beth Hamidrach.

Rachi dans Baba Metsia (33a), décrit les étudiants de la Yéchiva de Babylonie:

«Ils étaient assis au Beth Hamidrach, toute la journée ensemble, l’un posant une question, l’autre trouvant la solution, et c’est ainsi que chacun apprenait de l’autre.»

n La présence divine

On le voit, l’étude en commun est fondamentale. Est-ce lié à l’affirmation de Rabbénou Hananaël, que nous avons cité dans la semaine dernière:

Il commentait l’expression‘les anciens qui fréquentaient la Yéchiva’, qui désignait les patriarches, en disant: ‘cela signifie que la présence divine (che’hina) était parmi eux.’

Mais sur quelle base fait-il une telle affirmation? Un texte du Talmud (Bera’hot), va nous aider à le découvrir:

«Rabbi ‘Hisda commente le verset:

«L’Eternel aime les portes de Sion (chaarei Tzion), mieux que toutes les demeures de Jacob» (Psaumes 87-2)

L’Eternel aime les enceintes où se réunissent les groupes qui étudient la hala' ha (chearim hametsouyianim bahala’ha), mieux que les synagogues.

Cela correspond à ce que Rabbi ‘Hiya bar ami dit au nom de Oula: «Depuis la destruction du Temple, D.ieu ne réside dans ce monde que dans les quatre coudées de la hala' ha.» (Talmud Bera’hot 8a)

Rabbénou Yona (ibid.) précise: «Il s’agit des lieux où l’on étudie ensemble avec assiduité, de façon fixe et permanente.»

Et le Maharcha de préciser: «Cette préférence de D.ieu va vers les lieux d’étude où l’on apprend non seulement les Ecritures et la Michna, mais également où l’on parvient à discerner la hala’ha à travers l’approfondissement et l’analyse des textes.

Lorsque le Temple existait, c’est en son sein que se trouvait le siège du Sanhédrin (lichkat hagazit), où l’on résolvait les problèmes de hala' ha.

La présence divine s’y trouvait.

Depuis la destruction du temple, ces quatre coudées de la hala’ha, qui représentent le lieu où se rassemblent ceux qui étudient le Talmud, jouissant ainsi de la che’hina à l’image du Sanhédrin, ces quatre coudées circonscrivent aujourd’hui l’enceinte de la Yéchiva.

On comprend mieux à présent les mots de Rabbi Hananaël. C’est cette étude en commun, cette volonté de débattre ensemble et de confronter sa réflexion qui permet la présence de D.ieu.

L’idée de Hillel apparaît donc dans toute sa globalité: «Multiplier la Yéchiva, c’est multiplier la sagesse».

Chabbath Chalom