Chabbath Parachat Nasso et CHAVOUOT

11-12 juin 2005 – 26-27 Iyar 5765

JérusalemMontréalParis
Allumage des bougies 19 h 0920 h 2421 h 33
Sortie de Chabbath20 h 27 21 h 41 22 h 59

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le Dvar Thora de cette semaine avec lequel nous poursuivons le deuxième chapitre des «Maximes des pères» (Pirké Avoth).

Les commentaires sur le premier chapitre ont fait l’objet d’un livre, le troisième volume de notre série «Dvar Thora».

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde via Internet.

Comme nous vous l’avons déjà annoncé, la YéchivaDaat ‘Haïm est désormais installée dans de nouveaux locaux, situés face au Mont Herzl à l’entrée de Bayit Vegan, 1, Rehov Hapisga, à Jérusalem (bâtiment Yad Harav Herzog où depuis 40 ans se succèdent les prestigieux commentateurs et chercheurs des 28 tomes de l'Encyclopédie Talmudique et de divers commentaires du Talmud)

Nous comptons sur l’aide de tous nos amis pour pouvoir assumer ce nouveau "challenge" qui permettra à la Yéchiva de poursuivre son essor.

Ce Dvar Thora est consacré à la guérison (refoua chelema) du fils de Rav Eliahou Elkaïm, ‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov.

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom et de HAG SAMEAH,

Rav Chalom Bettan


Chabbath Parachat Nasso et CHAVOUOT

11-12 juin 2005 – 26-27 Iyar 5765

L’heure où il faut tout oser

Par le Rav Eliahou Elkaïm

La seconde partie de la maxime d’Hillel critique la timidité, fait étonnant quand on sait qu’elle est louée dans les textes de nos maîtres. Mais l’on découvrira qu’il y a un moment où l’on a un devoir d’audace!

Il avait coutume de dire: ‘L’homme inculte ne craint pas le pêché, l’ignorant ne peut être tout à fait pieux. Le timide n’apprend pas, le coléreux n’enseigne pas, quiconque fait beaucoup de commerce ne devient pas savant. Et là où il n’y a pas d’homme, efforce-toi d’en être un.’»

(Chapitre 2, Michna 4)

D’emblée, Rabbénou Yona fait une précision étonnante: «La vertu (mida) de timidité est l’une des plus indispensables et ce dans tous les domaines de la vie, excepté en ce qui concerne l’étude de la Thora (cf. Chaaré Techouva 1-21 et 3-2).

Et Rabbénou Yona de préciser deux aspects où l’on ne doit pas être timide lorsqu’il s’agit de Thora:

Le premier est illustré par les mots du Roi David:

«Je ferai de tes commandements l’objet de mes discours, en face des rois, sans aucune fausse honte» (Psaumes 119-46)

Ce verset exprime le fait que même en compagnie des rois d’autres nations, David continuait à parler de la Thora et de ses commandements, sans se soucier de leurs railleries à son égard.

Un roi qui se respecte

Nous ajouterons les mots du Ram’hal dans «Le sentier de rectitude»:

«En général, les sujets de conversations des rois concernent des thèmes qui mettent en avant leur grandeur et leur puissance, et ou bien alors qui décrivent les plaisirs de la vie.

David était lui aussi un roi puissant et respecté, et il aurait pu se sentir en décalage en leur compagnie, lui qui ne parlait ni de ses réussites ni de plaisirs, préférant réfléchir à des problèmes d’éthique et à la Thora.

Mais au contraire, il ne ressentait aucune difficulté et aucune gêne de n’avoir pour centre d’intérêt que la Thora, car son cœur n’avait aucune attirance pour d’autres sujets, qu’il trouvait futiles, ayant cerné la vérité. (Sentier de rectitude chap.5)

Cet aspect concerne, on le voit, des hommes qui ont déjà étudié avec leurs maîtres, et qui ne cachent pas, en quelque occasion que ce soit, leur intérêt primordial pour la Thora et sa sagesse. Le deuxième aspect abordé par Rabbénou Yona est celui d’un élève qui est en train d’apprendre avec ses maîtres. Si cet élève hésite, par humilité, à poser ses questions aux maîtres, il n’acquerra jamais la sagesse.

Dans son style très lyrique, le Hazon Ich («Emouna oubita’hon», chp.3-27), ajoute une note personnelle aux mots de Hillel:

«Même ceux qui n’ont pas eu la chance d’étudier la Thora dans leur jeunesse peuvent parfois, au détour de la vie, sentir dans leur cœur une émotion qui suscite en eux l’envie de sortir de leur imperceptible léthargie.

Des pensées envahissent leur univers personnel et les interpellent: «Peut-être est-il encore possible de rattraper le temps perdu, peut-être puis-je encore acquérir, même sur le tard, la sagesse (ho’hma).

Nombreux sont ceux qui sont devenus les piliers du monde, par leur grandeur en Thora, alors qu’ils ont commencé à étudier à un âge déjà avancé.

Moi aussi, je peux mériter de découvrir la Thora et d’acquérir la Thora, si j’investis suffisamment d’assiduité et d’acharnement.

Mais la timidité et la honte vont rendre cette décision difficile, ou parfois même l’empêcher totalement.

Et l’homme va préférer orienter ses pensées vers d’autres projets plus légers et agréables momentanément, pour éviter de se lancer dans la découverte des textes.

Et il peut ainsi rester entravé dans un présent sans avenir.

C’est à ce sujet que le Tana nous dit: «Le timide ne peut apprendre».

Un complice dangereux

Et il est un phénomène étonnant:

Comme nous l’avons vu, la timidité a une place de choix parmi les vertus les plus importantes et les maîtres de l’éthique recommandent, à tous ceux qui veulent s’élever de la cultiver.

Nos maîtres ont d’ailleurs cherché à découvrir toutes les attitudes qui empêchent à cette timidité de s’épanouir en l’homme, l’aidant ainsi à les éviter.

Car la timidité est l’antithèse de l’effronterie et du toupet, qui sont insupportables aux yeux de nos maîtres.

Et pourtant, et c’est là l’étonnant, la timidité, quand elle est utilisée à mauvais escient, peut devenir, (dans les situations que nous a décrit Rabbénou Yona précédemment, ndlr.), la complice du mauvais penchant (yetser hara) qui va le pousser à agir à l’encontre de la volonté divine.

Il faut le savoir, si un mauvais trait de caractère (mida), est considéré comme une véritable maladie de l’âme, il est doublement dangereux d’utiliser une bonne mida à mauvais escient.

Pourquoi? Parce que les maîtres de l’éthique (moussar), nous mettent sans cesse en garde contre les mauvaises midoth et leurs dangers, ils les traquent, les décrivent, y cherchent des remèdes. Lorsqu’il s’agit d’une mida foncièrement bonne, l’erreur est plus facile.

Une bonne mida mal orientée et mal utilisée peut donc être néfaste. Partant d’un sentiment pur d’humilité et de pudeur, on peut parvenir à renoncer à la sagesse!

Un homme doit s’armer d’audace et de toupet lorsqu’il s’agit d’acquérir la connaissance de la Thora.

Lorsque se réveille une sensation d’avoir négligé un élément fondamental de la vie, en ayant délaissé l’étude de la Thora, source vivifiante; lorsque naît la conscience que tant de temps est déjà passé et qu’il sera bientôt trop tard, alors l’heure du panache et du toupet a sonné et l’homme ne doit pas être timide ou poltron.

Il voit en imagination ses proches et ses moins proches s’étonner de le voir se plonger, si tard, dans les textes de la Thora et il en rougit déjà. Il n’a pas la force d’aller au devant de l’épreuve.

Mais avec un peu d’audace, il s’apercevra sans aucun doute, que l’imagination d’un homme provoque des mirages, qui s’évanouissent dans la réalité.

Pourquoi se plier devant cette création de l’imagination et pas devant la réalité que sera la honte éternelle s’il est resté vide de Thora?

L’heure est à la témérité et à l’énergie dans l’étude!»

Chabbath Chalom & Hag Saméah