Chabbath Parachat Vayakhel
4, 5 mars 2005 - 24, 25 adar 1 5765
Jérusalem: Paris
Allumage des bougies : 17 h 04 Allumage des bougies : 18 h 19
Sortie de Chabbath: 18 h 16 Sortie de Chabbath : 19 h 27
Très chers amis,
J'ai le plaisir de vous adresser le Dvar Thora de cette semaine avec lequel nous poursuivons le deuxième chapitre des «Maximes des pères» ( Pirké Avoth ).
Les commentaires sur le premier chapitre ont fait l'objet d'un livre, le troisième volume de notre série «Dvar Thora».
Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde via Internet.
Ce Dvar Thora est consacré à la guérison ( refoua chelema ) du fils de Rav Eliahou Elkaïm, 'Haïm Yéhouda ben Mazaltov .
Ayant la conviction profonde que les joies les plus intenses comme les plus grandes épreuves émanent de la volonté divine, nous sommes heureux de souhaiter un grand mazal tov aux familles :
HALIMI & FISZBEJN ,
pour le mariage de leurs enfantsqui sera célébré le 6 mars 2005
ARIELLE & JEAN-MARC
Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.
Avec notre plus cordial Chabbath Chalom,
Rav Chalom Bettan
***
Très chers amis,
Nous tenons à remercier du fond du cour tous ceux qui s'associent à nous pour prier pour la guérison de notre fils
'Haïm Yéhouda ben Mazaltov
et pour vos témoignages de soutien qui nous touchent tout particulièrement.
Malgré la situation encore très alarmante, une légère amélioration s'annonce et les médecins eux-mêmes nous demandent d'intensifier les prières.
Que Hachem vous accorde à tous la joie et le bonheur.
Rav Eliahou Elkaïm et son épouse
Chabbath Parachat Vayakhel
Le mérite de nos pères
Par le Rav Eliahou Elkaïm
C'est uniquement par le mérite de nos patriarches et de nos ancêtres que nos actions peuvent réellement porter leurs fruits, notamment pour ceux qui s'occupent de la communauté.
רבן גמליאל בנו של רבי יהודה הנשיא אומר : יפה תלמוד תורה עם דרך ארץ,שיגיעת שניהם משכחת עוון.
«Rabban Gamliel, fils de Rabbi Yéhouda le Prince, disait: 'L'étude de la Thora est belle lorsqu'elle est jointe à une occupation professionnelle, car leur double investissement évite la faute. Toute étude qui n'est pas associée au travail finira par s'anéantir et amènera le pêché. Que tous ceux qui s'occupent de la communauté le fassent pour le Nom de D.ieu, car c'est le mérite de leurs pères qui les aide ainsi que leur vertu qui subsiste à jamais; et Moi, Je vous en tiendrai compte en vous récompensant grandement comme si vous l'aviez fait vous-mêmes.»
(Chapitre 2, Michna 2)
Avant d'entrer plus avant dans l'explication de la dernière partie de notre Michna, nous citerons une remarque de Rabbi Yaakov Kaminetski zatsal , dont l'actualité est frappante.
Le premier Sage qui s'adresse dans sa maxime à ceux qui sont en charge de la communauté ( oskim betzorké tzibour ) est donc Rabban Gamliel, le fils de Rabbi Yéhouda Hanassi. Ce n'est pas un hasard.
Pendant les sept générations qui le précédèrent, une seule et même personne cumulait les deux fonctions de dirigeant spirituel du peuple juif et de Nassi- Prince, poste représentatif en relation avec les autorités étrangères, rôle exigeant une implication dans les affaires intérieures et extérieures de la collectivité.
Son père, Rabbi Yéhouda Hanassi fut donc le septième membre de la dynastie de Hillel qui cumula les deux rôles, et après lui, sa fonction sera scindée en deux.
Situation nouvelle
Avant sa mort, il va désigner ses deux successeurs: 'Hama bar Hanina occupera la fonction principale de Yochev beroch (littéralement, qui siège à la tête), c'est-à-dire celle de dirigeant spirituel et le fils de Rabbi Yéhouda Hanassi deviendra Nassi.
Il est à supposer que la baisse de niveau des générations ( yéridat hadorot ) soit à l'origine de cette séparation: Rabbi Yéhouda Hanassi a dû constater qu'il serait dorénavant difficile pour une seule et même personne d'assurer ces deux charges.
Devant cette situation nouvelle, Rabban Gamliel se voit dans l'obligation de faire une mise au point: le Prince doit s'effacer totalement devant la Thora et ses maîtres.
Et Rabban Gamliel l'exprime notamment en rappelant à ceux qui s'occupent des affaires publiques que ce n'est pas leurs capacités ni leurs mérites qui permettent leur réussite, mais uniquement «le mérite de leurs ancêtres et leurs vertus qui subsistent à tout jamais».
Et lui-même s'inclut dans ces propos, lui qui fut investit de cette mission par ses pairs, eux-mêmes tirant leur autorité de leur grandeur en Thora.
Et cette notion garde toute son actualité: s'occuper de la communauté ne pourra jamais être dissocié de l'engagement vis-à-vis de la Thora et des valeurs qu'elle contient, et aucune autre intention, soit-elle la meilleure, ne pourra s'y substituer.
Car le mérite de nos ancêtres et leurs vertus qui subsistent à jamais est la seule garantie pour recevoir l'aide divine.
Ce mérite des pères ( 'car c'est le mérite de leurs pères qui les aide ainsi que leur vertu qui subsiste à jamais' ) est interprété par de nombreux commentateurs comme se référant spécifiquement aux patriarches, Abraham, Its'haq et Yaakov.
Le Maharal, à ce sujet, est éloquent:
«Cette aide dont jouit celui qui s'occupe de la communauté au nom du Ciel ( lechem chamayim ) se manifeste ainsi:
Abraham soutient sa main droite et dirige ses paroles et ses actes; Its'haq repousse et détruit toutes les forces négatives qui sont issues du côté gauche (notion kabbalistique, ndlr.); Yaakov le dirige, lui montre le chemin à suivre et les actions à accomplir.» (Dere'h 'Haïm ibid.)
Voir à long terme
Rabbénou Yona et Rabbénou Ovadia expliquent le lien entre les deux parties de la phrase:
«Que tous ceux qui s'occupent de la communauté le fassent pour le Nom de D.ieu, car c'est le mérite de leurs pères qui les aide ainsi que leur vertu qui subsiste à jamais»
C'est parce que la réussite de ceux qui se consacrent à la collectivité vient du mérite des patriarches qu'il doit agir lechem chamayim .
Et cela est vrai dans les deux sens: pour mériter cette aide de D.ieu, il faut agir seulement lechem chamayim , pour accomplir la volonté du Créateur.
En outre, avoir à l'esprit que cette aide est à l'origine des succès rencontrés incite à agir lechem chamayim .
Il est clair que, dans l'esprit de notre Michna, la notion de réussite ne se limite pas à une conception superficielle.
Bien souvent, ce qui nous paraît être une réussite sur le moment peut s'avérer plus tard être un échec, et inversement.
C'est seulement lorsque l'homme jouit de l'aide divine qu'il peut espérer que ses actions et leurs conséquences soient bénéfiques à long terme.
Venons-en à présent à la dernière partie du message de Rabban Gamliel:
«Et Moi, Je vous en tiendrai compte en vous récompensant grandement comme si vous l'aviez fait vous-mêmes».
Certains commentateurs (Rachi, Ha'hassid Rabbi Yossef Yaavets) expliquent ces mots de la façon suivante:
"Si vous agissez lechem chamayim , et même si votre action n'a pas eu de résultats positifs, vous serez récompensés tout comme si vous aviez réussi."
Cette idée complète ce que nous avons développé plus haut sur la relativité de la notion de réussite: il est très difficile d'évaluer sans erreur les conséquences d'une action, même si elle semble couronnée de succès à court terme.
En revanche, si nous oeuvrons pour accomplir la volonté de D.ieu sans rechercher un autre intérêt, nous méritons une récompense entière.
Rabbi Yossef Yaavetz poursuit:
Lorsqu'un homme agit dans cet esprit ( lechem chamayim ) et qu'il le fait avec une confiance totale en D.ieu, même s'il se lance dans une entreprise vouée à l'échec, il verra ses efforts porter leurs fruits, souvent de façon quasi-miraculeuse.
A cela, Rabban Gamliel ajoute encore une nuance.
Il précise que même si une action, entreprise lechem chamayim , a rencontré un succès uniquement du fait de l'aide divine, celui qui l'a menée dans cet esprit sera récompensé comme s'il avait été lui-même à l'origine de tout.
Cette interprétation rejoint celle de Rabbénou Yona qui liait cette idée de la Michna à celle du mérite des pères.
Même si le mérite des patriarches est à l'origine du succès, celui qui agit lechem chamayim mérite la récompense comme s'il avait agit seul.
Un salaire sans travail?
Maïmonide, pour sa part, interprète ces mots dans un autre sens.
Souvent, celui qui se consacre aux affaires de la communauté, le fait au détriment de ses propres obligations, étant empêché d'accomplir certaines mitsvoth ou d'étudier comme il l'aurait voulu.
Mais notre Michna vient lui garantir qu'il recevra également la récompense de ces mitsvoth qu'il n'a pu accomplir, comme il est dit:
" Celui qui veut en tout sincérité accomplir une mitsva et en a été empêché par un cas de force majeure est considéré comme l'ayant accompli (Talmud Chabbath 63a)"
On le voit, nos maîtres accordent une place très spéciale et très importante à ceux qui se consacrent à la communauté.
Nous conclurons par les mots de Rabbi Eliezer Papou (Pélé Yoets):
«Celui qui est en charge des affaires de la communauté doit agir avec tout son cour et toute son âme, au point même de négliger ses propres affaires, car le Talmud nous enseigne:
Celui qui s'occupe des affaires collectives est considéré comme s'il étudiait la Thora (Talmud de Jérusalem Bera'hot 5-1).
Il faut qu'il soit rapide et efficace car son activité est sacrée.
Il ne doit ni se lasser, ni se fatiguer jusqu'à ce qu'il ait mené à bien son entreprise.
Qu'il ne laisse jamais à demain ce qui peut être fait aujourd'hui; qu'il agisse avec droiture et justice pour accomplir la volonté de D.ieu et le bien des hommes.
S'il ne parvient pas à satisfaire chacun, et que certaines personnes de mauvaise foi critiquent son activité, qu'il ne leur en tienne pas grief.
Même Moïse n'a pas toujours bénéficié du soutien général du peuple juif.
Il doit agir lechem chamayim et ignorer celui qui veut mal le comprendre.
Il ne doit surtout pas remettre en question son action en se disant: 'Pourquoi me mettre dans des problèmes en m'occupant des affaires du groupe?'
Car si tous réfléchissaient de cette façon, le peuple juif resterait comme un troupeau sans berger. Chacun doit garder à l'esprit que le mérite de ceux qui s'occupent de la communauté lechem chamayim est inestimable, car le mérite des patriarches les aide et leur vertu subsiste à jamais.» (Pélé Yoets sur le thème 'Mémouné')