Chabbath Parachat Pékoudé

11, 12 mars 2005 - 30 adar1, 1er adar2 5765

Jérusalem: Paris

Allumage des bougies : 17 h 09 Allumage des bougies : 18 h 30

Sortie de Chabbath: 18 h 21 Sortie de Chabbath : 19 h 37

Très chers amis,

J'ai le plaisir de vous adresser le Dvar Thora de cette semaine avec lequel nous poursuivons le deuxième chapitre des «Maximes des pères» ( Pirké Avoth ).

Les commentaires sur le premier chapitre ont fait l'objet d'un livre, le troisième volume de notre série «Dvar Thora».

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde via Internet.

Ce Dvar Thora est consacré à la guérison ( refoua chelema ) du fils de Rav Eliahou Elkaïm,

'Haïm Yéhouda ben Mazaltov

Comme nous vous l'avons déjà annoncé, la Yéchiva Daat 'Haïm est désormais installée dans de nouveaux locaux, situés face au Mont Herzl à l'entrée de Bayit Vegan, 1, Rehov Hapisga, à Jérusalem (bâtiment Yad Harav Herzog où depuis 40 ans se succèdent les prestigieux commentateurs et chercheurs des 28 tomes de l'Encyclopédie Talmudique et de divers commentaires du Talmud)

Nous comptons sur l'aide de tous nos amis pour pouvoir assumer ce nouveau "challenge" qui permettra à la Yéchiva de poursuivre son essor.

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom,

Rav Chalom Bettan

***

Très chers amis,

Nous tenons à remercier du fond du cour tous ceux qui s'associent à nous pour prier pour la guérison de notre fils

'Haïm Yéhouda ben Mazaltov

et pour leurs marques de sympathie très touchantes.

Malgré la situation encore alarmante, une amélioration s'annonce mais les médecins eux-mêmes nous demandent d'intensifier les prières.

Que Hachem vous accorde à tous la joie et le bonheur.

Rav et Madame Eliahou Elkaïm


Chabbath Parachat Pékoudé

Les faux amis

Par le Rav Eliahou Elkaïm

Rabban Gamliel nous livre des secrets qui peuvent nous permettre de vivre en bonne intelligence avec ceux qui nous dominent. Des notions qui ont été utiles à toutes les époques de notre histoire.

רבן גמליאל בנו של רבי יהודה הנשיא אומר : יפה תלמוד תורה עם דרך ארץ,שיגיעת שניהם משכחת עוון.

Soyez prudents avec les hommes de Pouvoir car ils ne se rapprochent que de celui dont ils ont besoin; ils se montrent amicaux tant qu'ils y ont intérêt mais n'apportent pas leur soutien au temps de la détresse.

(Chapitre 2, Michna 3)

A la lecture de cette maxime, vient évidemment à l'esprit celle de Chemaya (chapitre 1, Michna 10).

Chemaya disait:«Ne te fais pas connaître du Pouvoir» ( al titvada larachout ).

On remarquera que Rabban Gamliel, dans notre Michna emploie un autre terme: «Soyez prudents avec les hommes du Pouvoir» ( hévou zéhirim barachout ).

Rabbénou Ovadia explique cette différence en faisant le lien avec la Michna précédente, qui s'adressait à tous ceux qui sont en charge des affairescollectives:

«Vous qui êtes occupés aux affaires de la communauté, même si vous êtes dans l'obligation d'entretenir des contacts avec les autorités pour protéger les intérêts du groupe, soyez prudents dans la manière dont ces contacts sont entretenus.»

Amitiés prestigieuses

Le Rachbats (cité par le Midrach Chmouel) précise encore : «La maxime de Chemaya ne concerne pas ceux qui sont préposés aux affaires de la collectivité: pour eux, c'est une mitsva d'entretenir le contact avec les autorités, et cela pour le bien de la communauté.

Mardoché et Rabbénou Hakadoch sont deux exemples qui prouvent la nécessité de ces relations: Mardoché avec Assuérus et Rabbénou Hakadoch avec Antonin.»

On comprend mieux maintenant la différence des termes employés.

Contrairement à Chemaya, qui conseille d'éviter ces contacts, Rabban Gamliel vient seulement préciser leur nature.

En fait, l'auteur du Midrach Chmouel voit, dans les trois parties de la maxime de Rabban Gamliel (Michna 2 et 3), le développement de la maxime de Chemaya:

• «L'étude de la Thora est belle lorsqu'elle est jointe à une occupation professionnelle» complète les mots de Chemaya: «Aime le travail»;

• «Que tous ceux qui s'occupent de la communauté le fassent pour le Nom de D.ieu» est en rapport avec «hais les honneurs», car les responsabilités communautaires peuvent amener l'homme à devenir trop autoritaire par simple amour des honneurs.

• «Soyez prudents avec les hommes de pouvoir» vient préciser «Ne te fais pas connaître du Pouvoir», en entrant dans le détail des dangers que ces relations comportent.

Même si nous avons déjà décelé ces dangers dans l'un de nos Dvar Thora (année 5764 p.205, 206), nous allons ajouter quelques points supplémentaires.

Le pouvoir ( réchout ) dont parle la Michna est, d'après de nombreux commentateurs, la cour royale, c'est-à-dire un pouvoir monarchique et tout- puissant.

Rabbi Yossef Ibn Chouchane fait une remarque personnelle à ce sujet:

«J'ai pu moi-même remarquer que la majorité de ceux qui ont côtoyé dans leur jeunesse les futurs dirigeants n'ont pas connu une fin heureuse.

Ayant partagé une amitié avec eux dans leur enfance, ils se sentent familiers et n'ont pas conscience qu'ils doivent être imprégnés de crainte lorsque leurs anciens amis accèdent au pouvoir, car

« Le cour des rois est insondable » (Proverbes 25; 3)

Le Midrach Chmouel poursuit:

La nécessité de s'attirer la bienveillance des autorités par des dons ou des cadeaux, ne doit pas faire oublier que les bienfaits ainsi obtenus n'expriment en aucun cas une véritable amitié.

Il faut garder en permanence à l'esprit que le but n'est pas d'attirer leur clémence à titre personnel, mais il est de préserver les intérêts du groupe.

Dons et cadeaux

Il faut également avoir en tête que ces dons et cadeaux ont un effet ponctuel et à court terme; dans le cas où ils seraient financés par la caisse publique, il faut être sûr de leur utilité.

Il conclut par l'avis de Rabbi Moché Elmozino, qui considère les marques d'amitié du Pouvoir comme toujours feintes.

C'est ce qui explique la forme employée par Rabban Gamliel: keohavim , (comme des amis); les dirigeants peuvent être comme nos amis, mais non nos véritables amis.

Nous citerons un texte du fils du 'Hafets 'Haïm, où il décrit l'approche de son père quant aux relations avec les autorités qui persécutent le peuple juif.

«Durant la première guerre mondiale, mon père dû transférer sa Yéchiva en Russie, et pendant une certaine période, ils ont séjourné dans la ville de Smilovitz.

Un gouverneur russe fit tout son possible pour nuire à la Yéchiva.

Devant cet état de fait, le 'Hafets 'Haïm envoya des émissaires pour lui offrir une somme d'argent importante afin d'acheter sa sympathie.

Il refusa catégoriquement et menaça d'intensifier ses persécutions et de dénoncer ceux qui lui avaient fait cette offre.

Le 'Hafets 'Haïm, loin d'être déstabilisé par ce piteux résultat, demanda à ces émissaires s'ils avaient insisté lorsque le gouverneur avait refusé leur offre.

Ils répondirent qu'ils n'avaient pas insisté. Le grand maître les envoya à nouveau devant le dirigeant russe et effectivement, après insistance, ce dernier accepta l'argent, pour devenir par la suite l'un des protecteurs de la Yéchiva.

Le 'Hafets 'Haïm expliqua ensuite que la Thora raconte que, lors de la rencontre entre Jacob et Essav, Essav refusa dans un premier temps les cadeaux de son frère.

Jacob revint à la charge et «devant son insistance», Essav accepta: « Vayiftsar bo vayika'h » (Genèse 33-11).

A partir de ce moment clef, cette règle devint une réalité incontournable et éternelle en ce qui concerne les relations entre le peuple juif et ses oppresseurs.

Et le 'Hafets 'Haïm était à ce point convaincu de cette vérité qu'il n'eut aucune hésitation, même s'il y avait un risque de provoquer les foudres du Gouverneur, à renvoyer ses émissaires pour insister, suivant ainsi le chemin indiqué par la Thora.»

Un obstacle devant l'aveugle

Le fils du 'Hafets 'Haïm ajoute au nom de son père une précision importante:

«Cette approche, qui consiste à acheter la bienveillance des autorités ne se justifie que lorsque ce pouvoir agit par pure inimitié et antipathie gratuite, essayant d'empêcher les Juifs de vivre selon leurs convictions.

Toutefois, si le pouvoir agit de façon juste et équitable, la Thora elle-même nous interdit de faire de telles démarches pour favoriser la communauté juive.

Pour respecter les 7 mitsvoth attribuées aux descendants de Noé, les non-Juifs sont tenus, entre autres, d'instituer un système législatif et judiciaire équitable.

En les incitant à favoriser la communauté juive ou qui que ce soit d'autre, on transgresse un interdit grave de la Thora: celui qui consiste à induire une personne en erreur en l'incitant à transgresser une interdiction de la Thora.

Cet interdit se formule ainsi:

«Ne place pas d'obstacle sur le chemin de l'aveugle» (Lévitique 19-14)

Cet interdit concerne également les non-Juifs pour tout ce qui est des sept interdictions qui les touchent.» (Méïr Ené Israël vol 6 p. 475)

Avant de terminer notre étude sur cette Michna, nous citerons une deuxième interprétation du Midrach Chmouel (idem Sefat Emet), qui permet de découvrir un sens tout à fait différent aux mots de Rabban Gamliel.

D'après cette interprétation, le terme ' réchout ' doit être compris dans le sens de ' rechout ' (ce qui est permis).

Selon cette compréhension, Rabban Gamliel vient mettre l'homme en garde: il ne suffit pas de s'acquitter de ses devoirs envers D.ieu en se pliant aux commandements de la Thora.

A chaque instant, il faut garder à l'esprit que même ce qui est permis ( rechout ) dans le domaine des plaisirs doit être utilisé avec mesure et circonspection.

Joie de vivre

La satisfaction qu'ils procurent, et qui donne la fausse impression qu'ils sont nos 'amis', est une illusion. A l'heure de la misère, c'est-à-dire au moment où la tentation nous poussera vers les choses interdites, ces plaisirs changent de visage et nous poussent vers l'interdit.

Celui qui était habitué à jouir et à profiter de tout, même s'il est toujours resté dans le domaine des plaisirs permis, sera impuissant, incapable de résister à l'interdit, car il ne sait pas contrôler ses envies.

Pour se prémunir devant les dangers, il faut apprendre à maîtriser ses pulsions, même celle qui paraissent saines.

Le Sefat Emeth ajoute que le mauvais penchant ( yetser hara ) se présente souvent comme un «ami», et qu'il nous dit: 'Il faut satisfaire toutes les envies, surtout si cela est permis, si on veut garder sa joie de vivre'.

Il pousse ainsi l'homme à vouloir profiter de la vie de façon incontrôlée, sans que ces plaisirs soient un outil pour accomplir sa mission sur terre.

Les intentions du mauvais penchant sont évidemment d'amener l'homme vers des tentations interdites, qui le mèneront finalement vers une détresse profonde.

Comme nous l'enseigne Rabban Gamliel, il vaut mieux rester prudent, d'autant que la satisfaction de contrôler ses plaisirs est en soi, un immense plaisir.

Chabbath Chalom

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde via Internet.

Comme nous vous l'avons déjà annoncé, la Yéchiva Daat 'Haïm est désormais installée dans de nouveaux locaux, situés face au Mont Herzl à l'entrée de Bayit Vegan, 1, Rehov Hapisga, à Jérusalem (bâtiment Yad Harav Herzog où depuis 40 ans se succèdent les prestigieux commentateurs et chercheurs des 28 tomes de l'Encyclopédie Talmudique et de divers commentaires du Talmud)

Nous comptons sur l'aide de tous nos amis pour pouvoir assumer ce nouveau "challenge" qui permettra à la Yéchiva de poursuivre son essor.

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom,

Rav Chalom Bettan

Merci à tous ceux qui nous ont activement aidé lors de notre Gala annuel, le 9 février dernier. Il contribuent ainsi à la transmission de la Thora, nous leur dédions le Dvar Thora de cette semaine.