Chabbath Parachat Toldoth

12, 13 novembre 2004 – 28, 29 ‘Hechvan 5765

Jérusalem : Paris

Allumage des bougies : 16 h 11 Allumage des bougies : 16 h 55

Sortie de Chabbath : 17 h 23 Sortie de Chabbath : 17 h 57

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le dvar Thora de cette semaine avec lequel nous poursuivons le deuxième chapitre des « Maximes des pères » (Pirké Avoth).

Les commentaires sur le premier chapitre ont fait l’objet d’un livre, le troisième volume de notre série « Dvar Thora ».

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde via Internet.

Comme nous vous l’avons déjà annoncé, la Yéchiva Daat ‘Haïm est désormais installée dans de nouveaux locaux, situés face au Mont Herzl à l’entrée de Bayit Vegan, 1, Rehov Hapisga, à Jérusalem (bâtiment Yad Harav Herzog où depuis 40 ans se succèdent les prestigieux commentateurs et chercheurs des 28 tomes de l'Encyclopédie Talmudique et de divers commentaires du Talmud)

Nous comptons sur l’aide de tous nos amis pour pouvoir assumer ce nouveau "challenge" qui permettra à la Yéchiva de poursuivre son essor.

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et le Chalom.

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom,

Rav Chalom Bettan

P.S – MERCI DE NOTER QUE LE RAV SERA PRESENT A PARIS CHABAT PROCHAIN ( 20.11.2004 ) COMME INVITÉ DE LA COMMUNAUTÉ DE LA RUE GARNIER

À NEUILLY SUR SEINE – 25, RUE GARNIER


Qui sommes-nous ?

À nous de le décider

Par le Rav Eliahou Elkaïm

Grâce à la maxime de Rabbi, nous allons découvrir, en concentré, l’approche de Maimonide sur l’aspect comportemental de l’homme. L’occasion de prendre connaissance que notre caractère peut être orienté en fonction de nos choix intellectuels…

«Rabbi disait : Quel est le droit chemin que l’homme doit choisir ? Tout chemin dont peut s’honorer celui qui le prend, et pour lequel il est honoré par les autres hommes. »

(Chapitre 2, Michna 1)

Après avoir tenté de pénétrer le contexte historique de Rabbi Yéhouda Hanassi, et de saisir la place très particulière qu’il occupe dans la transmission de la Thora, nous allons chercher à comprendre sa maxime.

Son message très concis contient en réalité un condensé de la pensée de Maimonide développée dans les premiers chapitres de Hil’hoth Déoth.

Cette philosophie concerne les lois liées au comportement (midoth).

Dans son commentaire sur notre Michna, Maïmonide renvoie à son introduction aux Pirké Avoth, intitulée « Les huit chapitres du Rambam ».

Dans cette introduction, il développe principalement sa conception de l’approche prônée par la Thora concernant le travail sur le caractère :

« Il est clair que le termedere’h yechara(droit chemin) dont parle Rabbi, signifie le chemin à suivre pour parvenir à appliquer les directives comportementales de la Thora, comme nous les avons expliquées dans le quatrième des huit chapitres.

En parvenant à cette maîtrise, l’homme adoptera un comportement digne de respect et développera des relations positives avec son entourage.

C’est ce qu’exprime Rabbi quand il dit :

‘Tout chemin dont peut s’honorer celui qui le prend, et pour lequel il est honoré par les autres hommes

’ »

(Maimonide, commentaire sur le Michna, ibid.)

Mais quel est concrètement ce chemin ?

Pour parvenir à le discerner, nous allons nous reporter à son texte dans Yad Ha’hazaka, où il a réunit les conclusions des développements qu’il faisait dans son introduction aux Pirké Avoth.

Le caractère ? Un choix motivé par l’intellect

Ce texte se trouve dans les deux premiers chapitre de Hil’hot Déoth.

On remarquera que, plutôt que d’intituler ces lois

Hil’hoth Midoth(les lois du caractère),Maïmonide

a préféré les appeler

Hil’hoth Déoth(les lois de la pensée).

Déa(singulier de déoth) signifie en hébreu une pensée, une théorie, une approche de réflexion.

D’ailleurs, tout au long de son commentaire sur ces lois qui s’appliquent au caractère, il emploie systématiquement le mot déoth, plutôt que midoth(traits de caractère.

Pourquoi ce choix ?

Il est clair que Maimonide a voulu nous apprendre un principe : même si ce qui constitue notre personnalité et notre caractère est défini par plusieurs paramètres, cela est toujours indissociable de l’intellect.

« Certaines caractéristiques de la personnalité (midoth) sont liées à la nature même de l’homme et existent en lui dès sa naissance. D’autres ne sont pas encore fixées en lui au départ, mais sa nature le pousse, plus qu’un autre, à les développer.

D’autres encore ne lui viennent pas de sa nature mais de l’influence de son entourage ou de sa réflexion personnelle.

Il peut par exemple, s’il a entendu que tel comportement est conseillé, s’y attacher jusqu’à ce qu’il soit fixé dans son cœur. » (Hil’hoth Déoth 1-2)

On comprend maintenant pourquoi Maimonide considère que le caractère est indissociablement lié à sa pensée.

Le plus téméraire des hommes n’introduirait pas sa main dans le feu pour la simple et bonne raison qu’il sait qu’il va se brûler. De la même façon, si son intellect comprenait, avec le même degré d’intensité, qu’un comportement donné est à bannir, il serait capable, quel que soit sa nature, de s’en éloigner définitivement.

Le comportement est donc toujours lié à la pensée d’un homme, à ses

déoth.

Orgueil sans limite ou effacement total ?

Poursuivons la découverte du texte de Maimonide :

« Chaque être humain a en lui de nombreux traits de caractères spécifiques. Ces caractéristiques sont parfois, d’une personne à une autre, diamétralement opposées.

L’un sera irascible et se mettra en colère pour un détail, alors qu’un autre sera calme et posé, ne perdant jamais sa sérénité, même dans des situations extrêmes.

L’un sera d’un orgueil sans limites alors qu’un autre sera totalement effacé.

L’un ne sera jamais satisfait de ses acquis et poursuivra perpétuellement sa course vers les plaisirs matériels, un autre aura le cœur si pur qu’il n’éprouvera aucun besoin d’ordre physique.

L’un sera avide et tout l’or du monde ne lui suffirait pas, un autre se contentera du minimum vital.

L’un s’affame pour pouvoir économiser son argent et souffre mille morts s’il doit dépenser un seul sou, un autre distribuera volontiers tous ses biens.

Dans toutes les autres pensées (déoth, comprendre donc

midoth, ndlr.), on observe le même phénomène, que ce soit dans l’écart qui sépare l’exubérant du timide, le cruel de celui qui a pitié, le peureux du courageux.

Les positions extrêmes, dans tous domaines du comportement, ne sont pas la juste voie à suivre et il est donc déconseillé de s’y engager.

Si un homme découvre chez lui une tendance naturelle qui le pousse vers l’un des points extrêmes, ou s’il a pris, sans en avoir conscience, une habitude qui l’y renvoie, il doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour changer, et prendre la voie des justes, celle du chemin du milieu.

Cette voie est équidistante aux deux points extrêmes, elle ne doit être ni plus proche de l’un, ni plus proche de l’autre : c’est le point de la conduite intermédiaire.

C’est pour trouver cet équilibre que les maîtres d’Israël nous exhortent à mesurer, peser et soupeser nos différents traits de caractère, pour parvenir à les régler afin qu’ils soient au point intermédiaire.

C’est ainsi que l’homme conservera son intégrité physique et morale.

C’est ce que l’on nomme la voie du milieu (dere’h emtsaït).

(…) Dans la pratique, cela se traduit par une attitude de modération : ne pas être irascible ni se mettre en colère à tout instant, sans pour autant n’avoir aucune réaction comme un corps sans vie.

La voie du milieu est de ne se fâcher que dans des cas graves, quand cela évite qu’une personne agisse à contre sens de la morale et de la justice.

Il ne faut rechercher que ce dont le corps a réellement besoin et qui lui est vital.

(…) La Thora nous ordonne de suivre des voies modérées car ce sont les chemins droits et justes.

Cette approche est clairement exprimée dans la Thora écrite par le commandement de ‘vehala’hta bidra’hav

’ :

« Tu suivras les voies de l’Eternel »(Deutéronome 8-6)

L’interprétation de ce commandement par nos maîtres est la suivante :

« D.ieu est clément, sois-le-toi aussi. D.ieu est plein de bienveillance, sois-le-toi aussi. D.ieu est saint, sois comme Lui. »

Ces attributs, employés par les prophètes, pour désigner le Créateur viennent nous montrer le chemin droit et juste auquel l’homme a le devoir de s’attacher de toutes ses forces.

(…) Comment établir cette façon d’agir, ces traits de caractère, au point qu’ils deviennent une véritable nature ? En agissant selon ces attributs divins de façon répétée, jusqu’au moment où ils s’ancreront en soi profondément.

Ces attributs sont utilisés comme noms du Créateur car ils représentent la voie du milieu que nous devons suivre et qui s’appelle la voie de D.ieu (dere’h Hachem). » (Hil’hot Déoth

1 ; 1 -7)

La semaine prochaine, nous tenterons d’approfondir les mots de Maïmonide pour en dégager les conclusions qui nous concernent tous, à chaque instant.

Chabbath Chalom