Chabbath Parachat Ki-Tetsé

17 septembre 2005 – 13 eloul 5765

Jérusalem Montréal Paris
Allumage des bougies 18 h 08 18 h 45 19 h 43
Sortie de Chabbath19 h 19 19 h 47 20 h 48

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le Dvar Thora de cette semaine avec lequel nous poursuivons le deuxième chapitre des «Maximes des pères» (Pirké Avoth).

Les commentaires sur le premier chapitre ont fait l’objet d’un livre, le troisième volume de notre série «Dvar Thora» et nous espérons bientôt éditer un nouveau volume reprenant les «Dvar Thora» de l'année 5765.

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde, via Internet.

Pour cette 9ème rentrée scolaire, nous venons d’accueillir la nouvelle promotion qui comprend 140 étudiants en internat. De ce fait, nous avons augmenté le personnel, qui compte dorénavant 15 membres.

Nous comptons sur l’aide de tous nos amis pour pouvoir assumer ce nouveau "challenge" qui permettra à la Yéchiva de poursuivre son essor.


Chabbath Parachat Ki-Tetsé

17 septembre 2005 – 13 eloul 5765

Tirer le meilleur parti des conseils

Par le Rav Eliahou Elkaïm

(2 ème partie)

Les conseilleurs ne sont pas les payeurs, dit-on. C’est vrai, mais si l’on sait profiter de la diversité des opinions sans se laisser étouffer, on peut parvenir aux meilleurs choix…

«Il disait: ‘Multiplier la chair, c’est multiplier les vers; multiplier les richesses, c’est multiplier les soucis; multiplier les femmes, c’est multiplier la sorcellerie; multiplier les servantes, c’est multiplier la débauche; multiplier les esclaves, c’est multiplier les vols. Multiplier la Thora, c’est multiplier la vie; multiplier l’audience, c’est multiplier la sagesse; multiplier les conseils, c’est multiplier l’intelligence; multiplier la charité, c’est multiplier la paix. Acquérir un bon renom, c’est acquérir pour soi-même; acquérir la connaissance de la Thora, c’est acquérir la vie du Monde futur.’»

(Chapitre 2, Michna 4)

La semaine dernière, nous avions quasiment tiré les dernières conclusions sur les mots de Hillel: ‘multiplier l’audience (marbé yéchiva), c’est multiplier la sagesse’, qui recouvraient le concept de la Yéchiva.

Il ne nous manque plus qu’un épilogue sur ce sujet.

L’expression ‘marbé yéchiva‘multiplier l’audience peut être comprise dans le sens de multiplier les années passées en Yéchiva.

En augmentant cet investissement personnel, cette étude en Yéchiva, on augmente la sagesse, c’est-à-dire la perception profonde des textes du Talmud, et de fait on parvient aux conclusions halachiques.

C’est ainsi que cette expression est comprise par Rabbi Abraham Peritsol (16 ème siècle) et le Tiféreth Israël.

Ce dernier ajoute que la sagesse dont parle Hillel se réfère également aux problèmes de la vie de tous les jours.

Affiner l’intelligence

Et cela va à l’encontre des lieux communs qui disent que le ben-yéchiva (celui qui consacre sa vie à l’étude du Talmud), est ignorant dans les domaines profanes, comme la finance notamment.

Mais la réalité est tout à fait différente, comme l’exprime le verset:

«Je suis la sagesse, en pleine possession de la réflexion; j’atteins la science des habiles conceptions» (Proverbes 8-12)

Le système de pensée talmudique affine l’esprit de telle sorte qu’il permet de résoudre de la meilleure façon possible tous les problèmes, dans n’importe quel domaine.

Si les aléas de la vie contraignent un ben-yéchiva à devoir entreprendre une carrière commerciale, ou quelque autre activité professionnelle, il sera à même de la gérer parfaitement, et même de conseiller des tiers.

Il y a dans cette interprétation une réponse supplémentaire aux mots précédents de Hillel «multiplier les richesses, c’est multiplier les soucis».

En effet, celui qui multiplie la sagesse en Thora, grâce au discernement et à l’intelligence acquis par l’étude, aura une arme supplémentaire pour affronter, s’il le faut, les problèmes matériels.

Rabbénou Ovadia interprète différemment ce mot ‘multiplier’. Il ne le voit pas comme se référant à une unité de temps, mais à un nombre d’élèves.

Hillel s’adresserait donc aux Maîtres qui transmettent leur enseignement, en leur conseillant d’élargir l’audience de leur Yéchiva. Ainsi, ils augmenteront leur propre sagesse, car les élèves, par leurs questions et leur exigence intellectuelle, sont un stimulant.

Rabbénou Yona poursuit dans le même sens que Rabbénou Ovadia, en expliquant que Hillel s’adresse aux futurs maîtres de Thora.

Plus un étudiant s’investit dans l’étude du Talmud, l’approfondissement des textes de hala’ha, l’acquisition de la sagesseet de la logique, plus le nombre de ses futurs élèves augmente en potentiel.

Cet élève assidu, devenu maître, jouira donc de la rétribution divine pour son étude personnelle, mais également pour l’étude de ses élèves, en étant l’origine.

Rabbénou Yona utilise le même raisonnement fait par Hillel quand il dit: ‘augmenter les servantes, c’est augmenter la débauche’.

On s’en souvient (Dvar Thora «Les femmes et la magie»), un homme est responsable des mauvais agissements qui ont lieu dans l’enceinte de sa maison, car on considère qu’il aurait pu les empêcher.

On peut faire le même raisonnement dans le positif: un maître, qui a de nombreux élèves, peut compter à son actif tous les mérites réunis par leur étude, dont il est à l’origine.

‘Augmenter l’audience, c’est augmenter la sagesse’ est donc la réplique de augmenter les servantes, c’est augmenter la débauche’.

Diversité des points de vue

«Multiplier les conseils, c’est multiplier l’intelligence» (marbé etsa, marbé tevouna) est l’affirmation suivante de Hillel.

On remarquera d’emblée que Hillel ne dit pas: «Multiplier les conseils, c’est augmenter ses chances de réussite».

Rabbi ‘Haïm de Volozhine explique:

«Le dicton populaire dit: ‘Prends conseil, mais agis selon ton intuition’.

Comment se servir de façon optimale des conseils que l’on peut recevoir?

Rares sont les hommes qui peuvent cerner toutes les faces d’un problème qui n’est pas le leur. N’étant pas directement impliqués, une grande partie des éléments leur échappe.

Il est clair par ailleurs que seule la personne concernée peut véritablement vivre son problème dans tous ses aspects profonds et cachés. Mais ce qui lui manque, outre le recul, c’est l’apport de l’intelligence des autres et la diversité des points de vue sur un seul et même problème.

En écoutant des conseils, et en sachant les utiliser à bon escient, un homme pourra prendre la bonne décision. C’est lui, et lui seul, qui décidera, mais avec l’assise des réflexions extérieures, des conseils alliés.

Ces conseils vont donc améliorer finalement sa perception des choses, c’est en cela que les conseils augmentent l’intelligence, comme le dit Hillel.

La même idée est exprimée par le Roi Salomon quand il dit:

«Le salut réside dans la multitude de conseillers» (Proverbes 11-14)

(Roua’h ‘Haïm ibid.)

Le Tiféreth Israël nous montre également en quoi cette pensée répond à l’idée de Hillel lorsqu’il disait: ‘ multiplier les femmes, c’est multiplier la sorcellerie’.

En effet, lorsqu’un homme a plusieurs épouses, il peut être tiraillé entre leurs différents avis et conseils, chargé d’un poids affectif qui brouille la situation et l’esprit.

En revanche, multiplier les conseils extérieurs accentuera sa perception juste et objective.

La semaine prochaine, nous verrons en quoi l’affirmation de Hillel ‘multiplier la charité, c’est multiplier la paix’ complète celle que nous avons étudiée cette semaine sur les conseils, et l’interprétation du Maharal de Prague à ce sujet.

Chabbath Chalom