Chabbath Parachat Yitro

29 janvier 2005 - 19 chevat 5765

Jérusalem: Paris

Allumage des bougies : 16 h 35 Allumage des bougies : 17 h 22

Sortie de Chabbath: 17 h 48 Sortie de Chabbath : 18 h 34

Très chers amis,

J' ai le plaisir de vous adresser LeDvar Thora

de cette semaine avec lequel nous

oursuivons le deuxième chapitre des «Maximes des pères» (Pirké Avoth)

Les commentaires sur le premier chapitre ont fait l' objet d' un livre, le troisième volume de notre série «Dvar Thora».

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde via internet.

Comme nous vous l' avons déjà annoncé, la Yéchiva

Daat ‘Haïm est désormais installée dans de nouveaux locaux, situés face au Mont Herzl à l' entrée de Bayit Vegan,1, Rehov Hapisga, à Jérusalem(bâtiment Yad Harav Herzog où depuis 40 ans se succèdent les prestigieux commentateurs et chercheurs des 28 tomes de 'Encyclopédie Talmudique et de divers commentaires du Talmud)

Nous comptons sur l' aide de tous nos amis pour pouvoir assumer ce nouveau "challenge" qui permettra à la Yéchiva de poursuivre son essor.

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom,

Rav Chalom Bettan

MERCI DE NOTER QUE NOUS INTRONISERONS UN

SEPHER THORA

OFFERT PAR MME NINETTE SITRUK

A LA MEMOIRE DE SON EPOUX

MONSIEUR ABRAHAM SITRUK

AU COURS DE L

A

SOIREE DE GALA ANNUEL DE NOTRE ASSOCIATION DANS LES SALONS HOCHE A PARIS

LE MERCREDI 9 FEVRIER 2005 - 30 CHEVAT 5765 (RESERVATIONS 0607421604 ou sur DAAT.HAIM@PIXIMEL.COM)

Au nom du saint et vénéré Rabbi Haïm Cohen zt' l

1 Hapisga, Bayit Vegan, Jérusalem Tel : 00 972 2 643 07 20 Fax : 00 972 2 643 07 19

12, rue Notre Dame des Victoires 75002 Paris Tel: 01 42 27 21 11 Fax: 01 42 27 54 91

Email : daat.haim@piximel.com


Chabbath Parachat Yitro

29 janvier 2005 - 19 chevat 5765

La voie de l'exception

Par le Rav Eliahou Elkaïm

Le travail est une notion indispensable à la vie, c' est ce qui ressort de notre Michna. Mais pour des êtres d' exception, une autre voie est ouverte: celle de l' absolu…

רבן גמליאל בנו של רבי יהודה הנשיא אומר : יפה תלמוד תורה עם דרך ארץ,שיגיעת שניהם משכחת עוון.

«Rabban Gamliel, fils de Rabbi Yéhouda le Prince, disait: ‘L' étude de la Thora est belle lorsqu' elle est jointe à une occupation professionnelle, car leur double investissement évite la faute. Toute étude qui n' est pas associée au travail finira par s' anéantir et amènera le pêché.»

(Chapitre 2, Michna 2)

La semaine dernière, nous avons abordé le commentaire de Maïmonide et Rabbénou Yona qui comprennent le terme de dere' h eretz, utilisé dans notre maxime, dans le sens d' une activité professionnelle.

Nous avons également vu que la notion de labeur,

Chabbath Parachat Yitro

29 janvier 2005 - 19 chevat 5765

yéguia, utilisée par Rabban Gamliel dans notre Michna n' est pas fortuite: c' est seulement lorsque l' étude et l' activité professionnelle impliquent le labeur que le résultat sera acquis: l' homme est ainsi préservé de la faute, toutes ses forces ayant été accaparées par l' effort.

Enfin, les commentateurs précisent que l' étude de la Thora doit rester l' occupation principale de l' homme, comme nous l' avait déjà appris Chamaï (Avoth 1-15), le travail devant rester au second plan, et dans l' unique but de subvenir à ses besoins matériels (cf. Tossafoth Yéchanim Yoma 85b et Tossafoth Yom Tov sur notre Michna).

La suite de la maxime semble au premier regard une répétition de ce qui a déjà été exprimé:

« Toute étude qui n' est pas associée au travail finira par s' anéantir et amènera le pêché»

Rabbénou Yona, ainsi que Maïmonide, précisent que cette phrase vient ajouter un autre aspect au problème:

«Si l' homme n' exerce aucune activité qui lui permettent d' assurer sa subsistance, il en viendra à s' appauvrir, et à finalement vivre aux dépends des autres.

Il devra s' abaisser à devenir un courtisan pour jouir de leurs faveurs, et agira ainsi, même avec les mécréants (réchayim), ce qui est une chose répréhensible.

Il pourra même se trouver dans des situations extrêmes, où il sombrera dans la malhonnêteté, et toutes les dérives seront alors possibles…»

Investissement total

Nous citerons une remarque intéressante du ‘Hafets ‘Haïm sur notre Michna:

«Si Rabban Gamliel appréhende à ce point le résultat de la Thora sans activité professionnelle, il est évident que le travail sans Thora comporte un danger infiniment plus grand pour la stature morale de l' homme!

Combien grande est la faute du père qui se soucie seulement de la formation professionnelle de son fils, sans prendre soin de lui apprendre la Thora. Les risques que cet enfant va encourir sont immenses!» (‘Hafetz ‘Haïm «‘Hayav oupaolo» vol.3 p.113).

Toutefois, une question se pose à la lecture de cette Michna. Cette maxime est-elle universelle et s' adresse-t-elle à tous les composants d' une société?

N' y a-t-il pas une place au sein du peuple juif pour des hommes se consacrant exclusivement à l' étude de la Thora?

Dans le Dvar Thora de la semaine dernière, nous avons rapporté un texte du Talmud où figure une discussion entre Rabbi Yichmaël et Rabbi Chimon bar Yo' haï.

Le premier pense qu' il faut agir pour assurer sa subsistance, le second étant d' avis que l' étude de la Thora exige un investissement total et exclusif.

D' après lui, celui qui agit de cette façon jouit d' une bénédiction divine qui le met à l' abri de tout problème matériel, la Providence mettant en place des circonstances particulières qui lui permettent d' éviter ce genre de soucis.

Ce même texte du Talmud contenait la conclusion d' Abbayé:

«Nombreux sont ceux qui ont choisit de suivre la formule de Rabbi Yichmaël et ils ont réussi, alors que le mode de vie prôné par Rabbi Chimon Bar Yo' haï n' a pas eu le même résultat.» (Talmud Bera' hoth 35b).

Cœur élevé

A première vue, lorsqu' on lit le Gaon de Vilna, il semblerait qu' il considère qu' Abbayé prend ici position et fixe la loi (hala' ha) selon l' avis de Rabbi Yichmaël.

Mais un deuxième texte du Gaon, citépar Rav Its' haq Zeev Solovetchiq

zatsal(le Rav de Brisk) semble contredire cette vision.

Il se rapporte aux mots de Maïmonide (Yad ha' hazaka Hil' hoth Chemita veyovel 13; 12-13):

«Pourquoi la tribu de Lévy n' a-t-elle pas eu droit à un territoire en terre d' Israël? (…) C' est parce qu' elle a été choisie et investie de la mission d' accomplir le service divin et d' enseigner les voies de D.ieu à toute la communauté d' Israël.

Comme le dit le verset:

« Ils enseignent Tes lois à Jacob et ta doctrine à Israël» (Deutéronome 33-10)

Ils sont l' armée de D.ieu, comme il est écrit:

«Bénis, Seigneur, ses troupes(de Lévy)»(Deutéronome. 33-11)

Et Lui, béni soit-Il, leur accorde leur subsistance.

Mais ces mots ne concernent pas seulement la tribu de Lévy.

Tout être humain, dont le cœur est élevé, qui a pleinement conscience qu' il doit aspirer à se différencier de la majorité pour se tenir devant D.ieu, Le servir et faire connaître Ses voies, et qui décide d' aller dans le chemin de la droiture et faire fi de toute considération matérielle, sera imprégné d' une sainteté particulière.

D.ieu sera son patrimoine à tout jamais et Il lui accordera sa subsistance dans ce monde tout comme Il le fait pour les prêtres (Cohanim) et les Lévites.

C' est ce que le Roi David exprime en disant:

«L' Eternel est la portion de mon sort, mon calice; c'est Toi Seigneur qui consolides mon lot» (Psaumes 16-5)»

Sur quelles sources Maïmonide s' appuie-t-il pour développer sa thèse?

Le Gaon de Vilna explique que Maïmonide interprète la phrase d' Abbayé, non pas comme fixant la hala' ha, mais comme affirmant que les deux approches sont vraies et se complètent.

L' une, celle de Rabbi Yichmaël concerne la majorité du peuple juif; l' autre, celle de Rabbi Chimon bar Yo' haï, concerne une minorité qui ne cherche qu' un seul objectif: s' élever dans le chemin de D.ieu.

On comprend dès lors la formulation légèrement énigmatique d' Abbayé, formulation que l' on ne trouve jamais pour trancher la hala' ha.

C' est également d' après cette compréhension des choses que l' on peut expliquer que Maïmonide cite l' opinion de Rabbi Yichmaël comme faisant force de loi dans Hil' hoth Talmud Thora (3-10), alors qu' il semble dire l' inverse dans Hil' hoth Chemita véyovel.

n Les ‘nombreux' et les autres

Rabbi ‘Haïm de Volozhine, l' élève de prédilection du Gaon, développe une approche similaire, dans «Néfech Ha' haïm».

«Le texte du Talmud où il est dit que: ‘Nombreux sont ceux qui ont opté pour la formule de Rabbi Yichmaël et ils ont réussi' , précise d' emblée que l' on parle des nombreux (rabbim).

Ces ‘nombreux' représentent la majorité, qui se trouve effectivement dans l'impossibilité de se consacrer totalement à l' étude et au service divin, sans se soucier des contingences matérielles.

C' est à leur propos que la Michna dans Avoth dit: «Toute étude qui n' est pas associée au travail finira par s' anéantir.»

Mais celui qui se sent capable de s' investir totalement dans la Thora et le service de D.ieu, a l' obligation morale de ne pas tenir compte de ses besoins matériels, comme l' encourage Rabbi Chimon Bar Yo' haï.»

(Néfech Ha' haïm1-8)

La semaine prochaine, nous découvrirons l' opinion des grands décisionnaires sur cette question, et de quelle façon ils conçoivent la notion de majorité et de minorité, notion utilisée par Rabbi ‘Haïm de Volozhine.

Chabbath Chalom