Chabat Parachat KI TAVO

9 Septembre 2006 – 16 Eloul 5766

Jérusalem Paris Montréal
Allumage des bougiesde 17.16 à 18.16de 18.58 à 20:02de 18.00 à 19.02
Sortie de Chabbath19:3121:0220:03

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser un Dvar Thora sur PARACHAT KI TAVO consacré en l'honneur de la Bar Mitsva de ELIAHOU-RAPHAEL ASSOULY.

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde, via Internet.

Cette année, notre Institution a emménagé dans un nouveau bâtiment, qui porte dorénavant le nom de BEIT YEHOUDA VEHANA au nom de la famille qui a contribué au financement de cette acquisition ; notre reconnaissance est infinie tant pour cette famille que pour tous nos généreux donateurs et amis.

Le bâtiment est situé face au Mont HERZL et nous serons toujours heureux de pouvoir vous y accueillir avec les 18 enseignants, les 10 avrehim et les 153 étudiants.

Durant les vacances scolaires, nous avons mis le bâtiment à la disposition des familles du nord du pays qui recherchent un peu de répit.

Pour visualiser les photos et le film d'inauguration du bâtiment à Jérusalem vous pouvez cliquer sur le lien suivant :

http://www.daathaim.org/evenement/index.php

Ce Dvar Thora est écrit pour la guérison (refoua chelema) du fils de

Rav Eliahou Elkaïm,

‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Avec notre plus cordial Chabbat Chalom,

Rav Chalom Bettan


Acquérir la crainte et devenir serein

Par le Rav Eliahou Elkaïm

On connaît tous le terme de ‘harédim, (craignants D.ieu), qui désigne les Juifs orthodoxes. La paracha de cette semaine nous permet de comprendre comment, grâce à leur crainte du Ciel, ces hommes et ces femmes atteignent une sérénité à nulle autre pareille…

La deuxième partie de notre paracha décrit les sanctions attribuées à la communauté d’Israël si elle s’écarte de son attachement à la Thora et à l’accomplissement des mitsvoth.

« Mais si tu n’écoutes pas la voix de l’Eternel ton D.ieu, si tu n’as pas soin d’observer tous Ses préceptes et Ses lois que je te recommande en ce jour, toutes ces malédictions se réaliseront contre toi et seront ton partage » (Deutéronome 28 ; 15).

Suit une énumération de ces malédictions et nos maîtres en ont compté quatre-vingt dix-huit.

Cet avertissement vient compléter la mise en garde dans la paracha de Behoukotaï (Lévitique 26 ; 14-46), dans le cas où le peuple de suit pas les lois de la Thora. Ce passage contient quarante-neuf sanctions.

Dans son commentaire (Deutéronome 28 ; 42), Na’hmanide retrouve, dans l’histoire d’Israël jusqu’à nos jours, notamment durant la destruction des deux temples, la réalisation effective de ces châtiments, avec leurs phases et leurs déroulements.

Le Malbim cite d’ailleurs l’un de ses livres (inédit), qui contient la vérification historique de la concrétisation systématique des paroles divines.

C’est dans le sens de cette concrétisation que l’on doit comprendre le verset :

« Elles seront un signe et un prodige, sur toi et ta postérité, à jamais » (Deutéronome 28 ; 46).

La lumière après la nuit

Bien sûr, la conduite du peuple juif et la réaction de D.ieu ne sont pas toujours synchronisées, car l’éternité Lui appartient.

En outre, D.ieu tient compte de tous les facteurs et les circonstances atténuantes pour rendre Son jugement.

C’est l’attribut de D.ieu que l’on appelle ereh apaïm, « tardif à la colère » (Nombres 34 ; 6), qui permet un ajournement de la sanction, un délai supplémentaire.

C’est ce qui explique certaines périodes d’accalmie, alors même que le peuple juif s’était affaibli dans son attachement à D.ieu et à Sa Thora.

Mais malheureusement, à plusieurs époques de notre histoire, « le vase a débordé », et l’attribut de la rigueur divine a dû entrer en action, et c’est ce qui a entraîné, à plusieurs reprises, l’application des châtiments cités dans notre paracha.

Mais au delà de l’observation du système mis en place par D.ieu, il nous faut comprendre le but véritable de cette mise en garde si effrayante.

Et Rachi (au début de la paracha de Nitsavim), qui cite le Midrach Tan’houma, va nous ouvrir de nouveaux horizons…

« Vous voici, aujourd’hui, tous debout devant le Seigneur votre D.ieu (…) » (Deutéronome 29 ; 9).

Pourquoi ce verset est-il juxtaposé au texte des malédictions ?

C’est qu’Israël, après avoir entendu les quarante-neuf premières menaces, venait de prendre connaissance de quatre-vingt dix-huit supplémentaires !

Ils furent pris d’une terrible frayeur et s’écrièrent : « Qui pourra supporter tout cela ? »

Moïse les apaisa en leur disant : « Vous êtes debout aujourd’hui devant D.ieu, et cela malgré les maintes circonstances où vous l’avez irrité. Pourtant, Il ne vous a pas exterminé.

De la même façon que le jour est une réalité permanente, et qu’avec le jour vient la lumière qui éclaire le monde après la nuit, D.ieu vous a éclairé et vous éclairera dans le futur.

Les souffrances et les sanctions sont là pour vous affermir devant D.ieu.»

Moïse a-t-il voulu dire que ces menaces ne sont que didactiques ? Cela semblerait contredire le déroulement même de l’histoire…

Un cheval paresseux ?

Une remarque intéressante du Sabba de Kelm nous permettra peut-être de mieux comprendre cette réponse.

Le dernier verset du passage des sanctions annoncées est : « Voilà les paroles de l’Alliance que le Seigneur prescrivit à Moïse pour conclure avec les enfants d’Israël dans le pays de Moab (…) » (Deutéronome 28 ; 69)

Il aurait été plus normal, remarque le Sabba de Kelm, de conclure cette paracha en disant : « Voilà les paroles de menace que le Seigneur prescrivit… »

Ce que la Thora veut nous faire comprendre, c’est que les menaces de D.ieu ne sont pas à prendre dans le sens de malédictions et de châtiment.

Pour reprendre l’expression du Sabba de Kelm, il s’agit d’un fouet, que l’on utilise pour réveiller un cheval paresseux.

C’était le moyen pour parvenir à une nécessité absolue : faire prendre conscience à la communauté d’Israël de son rôle primordial dans le monde.

Pour appuyer son propos, il cite les paroles du Midrach (Yalkouth Chimoni) : « Un amora (maître du Talmud), alors qu’il était avec un autre amora, lisait la paracha de Ki-Tavo en bégayant de frayeur.

L’autre lui dit : ‘Pourquoi bégaies-tu ? Ce ne sont pas des malédictions, ce ne sont que des remontrances !’ »

Pour bien comprendre la profondeur et les conséquences de ces paroles, il faut que le rôle de l’homme, rôle principal, soit précisé.

Le Talmud (Chabbat 31 ; 6) va nous y aider.

Voilà la sagesse

Rabbi Yohanan dit au nom de Rabbi Eléazar : l’élément le plus important pour D.ieu est la Yrath chamaïm, la crainte du Ciel, qui se trouve dans le cœur des hommes, comme il est écrit :

« Et maintenant Israël, ce que l’Eternel ton D.ieu te demande uniquement, c’est de craindre l’Eternel ton D.ieu (…) » (Deutéronome 10 ; 12)

Il est également écrit :

« Ah, la crainte du Seigneur, voilà la sagesse » (Job 28; 28).

Le mot hèn, traduit par « Ah ! » dans cette phrase, signifie en grec : UN.

Cela vient nous apprendre que la crainte de D.ieu est la couronne de la sagesse qui existe dans le monde : le summum que peut atteindre l’homme.

Pour que l’homme puisse atteindre cet objectif ambitieux, il a fallu que la parole divine lui en fasse prendre conscience, le mette sur la voie et le prédispose à cette tâche.

« D.ieu a fait (des situations pour) qu’on Le craigne. » (Ecclésiaste 3 ; 14).

Le Talmud (Yébamoth 63a) ajoute un élément :

« Rabbi Eléazar ben Avina dit : ‘Toutes les catastrophes qui frappent ce monde ont pour but d’éveiller la conscience d’Israël (et, ajoute Rachi, d’insuffler dans le cœur de chacun la crainte pour qu’ils se repentent) comme il est écrit :

« J’ai anéanti des nations, leurs tours fortifiées sont en ruines, j’ai dévasté leurs campagnes (…) Je disais : ‘Si seulement tu me craignais et en prenais la leçon » (Cephania 3 ; 6-7).

Le Maharal (Hidouché Agadoth ad hoc) explique : « Il est impossible de concevoir que ces catastrophes arrivent dans le seul but de détruire des nations.

Car le mal ne peut être issu de D.ieu, qui est le Bien par excellence.

Penser qu’elles arrivent dans le but d’entraîner une prise de conscience de ces nations est également inconcevable, car la réaction de ces nations est de s’enfoncer plus encore dans le mal.

Le seul et unique but des catastrophes et des fléaux est d’éveiller la conscience des enfants d’Israël et de mettre la crainte du Ciel dans leur cœur (…) »

De cette crainte en découle une autre : celle d’enfreindre la volonté divine.

Et ces deux craintes ont une caractéristique commune : elles ne créent pas chez l’homme de sentiment d’insécurité.

Au contraire, elles lui apportent un sentiment de plénitude.

La peur constructive

Conscient de la réalité des paroles de D.ieu dans notre paracha, l’homme qui craint D.ieu touche réellement au but de la création, par un retour sur soi, qui va lui permettre de s’améliorer, de réparer ses fautes et de sentir la proximité divine.

C’est donc ainsi qu’il faut comprendre la réponse de Moïse.

Rabbi ‘Haïm Kanievski (l’un des géants en Thora de notre génération), dans son ouvrage Orhoth Yocher (chapitre 23), illustre de façon parfaite les notions que nous avons développées, et nous interpelle d’autant plus dans la période que nous vivons actuellement.

« Certaines personnes vivent dans la peur constante de toutes sortes de catastrophes, que ce soit des maladies, des guerres, des mauvaises rencontres.

Leur vie est pleine de soucis et de crainte de ce qui pourrait leur arriver. Certains en viennent même à ne plus voyager, se déplacer, ni même sortir de chez eux.

Cette façon d’agir est en tous points négative.

Le Talmud (Berahoth 60a), raconte l’histoire d’un élève qui accompagnait Rabbi Ychmaël ben Yossi.

Ce dernier s’aperçut que son élève était effrayé et lui en fit la remarque : « Tu es un fauteur, car il est écrit : ‘La peur était dans les cœurs des fauteurs de Sion.’ (Isaïe, 33 ; 14)

L’élève répliqua : Il est écrit également : ‘Heureux est l’homme qui a toujours peur’ (Proverbes 28 ; 14).

  1. Il s’agit ici d’une autre crainte, répondit Rabbi Ychmaël. Dans ce verset, il est question de la peur d’oublier ses connaissances en Thora. De ce fait, il s’obligera constamment à les réviser… »

Une joie irradiante

Ce que Rabbi Ychmaël voulait dire à son élève, c’est qu’il existe deux sentiments de crainte qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre.

Vivre dans l’angoisse n’a aucun rapport avec la véritable crainte que D.ieu veut de nous.

Le souci permanent nuit à la santé et amène de nombreuses maladies, comme le précise le Talmud (Sanhédrin 100b) :

« N’installe pas les frayeurs dans ton cœur, cela a achevé le plus solide des hommes. »

Car cette crainte des événements extérieurs trouve son origine dans un manque de confiance en D.ieu (manque de émouna).

Celui qui est conscient que tout est dirigé par la volonté divine n’a pas de peur dans son cœur.

Pourquoi ? Parce que s’il a été décrété qu’il doit souffrir, aucune prévention ne sera efficace. Si ce n’est pas le cas, il n’a rien à craindre.

Quoiqu’il arrive, nous sommes entre les mains de D.ieu, que ce soit dans une période de paix ou une période de guerre.

D.ieu dispose de moyens infinis pour que sa volonté s’accomplisse. Notre rôle est de craindre D.ieu et craindre de transgresser Sa volonté.

En dehors de cela, l’homme ne doit pas vivre dans la peur. C’est seulement dans le cas d’un danger précis qu’il devient nécessaire de faire hichtadlouth (action concrète), notamment en s’éloignant de l’endroit où ce danger est présent.

Il faut prier D.ieu pour que le Bien s’installe et que nos vies soient paisibles.

Il ne faut en aucun cas développer des angoisses générales. C’est d’ailleurs dans ce sens que va le Talmud (Taanit 22a) qui fait l’éloge de ceux qui sont toujours joyeux et qui imprègnent de leur joie tous ceux qui les côtoient.

A ceux qui parviennent à communiquer leur joie de vivre, le Talmud donne le titre de bné Olam Haba, textuellement les fils du monde futur. »

Chabat Chalom