Chabbath Parachat Béréchit

29 octobre 2005 – 26 Tichri 5766

Jérusalem Montréal Paris
Allumage des bougies16 h 13 17 h 29 18 h 18
Sortie de Chabbath17 h 29 18 h 3219 h 21

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le Dvar Thora de cette semaine avec lequel nous poursuivons le deuxième chapitre des «Maximes des pères» (Pirké Avoth).

Les commentaires sur le premier chapitre ont fait l’objet d’un livre, le troisième volume de notre série «Dvar Thora». Et le quatrième volume est déjà sous presse, nous espérons vous le faire parvenir ans les meilleurs délais.

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde, via Internet.

En cette époque de rentrée, nous venons d’accueillir la nouvelle promotion, ce qui accroît le nombre des élèves de la Yéchiva à 140. De ce fait, nous avons augmenté le personnel, qui compte dorénavant 16 membres.

Nous comptons sur l’aide de tous nos amis pour pouvoir assumer ce nouveau "challenge" qui permettra à la Yéchiva de poursuivre son essor.

C’est avec un grand plaisir que nous invitons tous ceux qui sont de passage à Jérusalem à venir nous rendre visite.

Ce Dvar Thora est consacré à la guérison (refoua chelema) du fils de Rav Eliahou Elkaïm, ‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov.

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Avec notre plus cordial Chabat Chalom,

Rav Chalom Bettan


Chabbath Parachat Béréchit

29 octobre 2005 – 26 Tichri 5766

Gagner la vie

Par le Rav Eliahou Elkaïm

Un choix lexical de Hillel à la fin de sa maxime nous permet de découvrir un fondement de notre foi, qui permet à chacun de trouver la vraie vie…

«Il disait: ‘Multiplier la chair, c’est multiplier les vers; multiplier les richesses, c’est multiplier les soucis; multiplier les femmes, c’est multiplier la sorcellerie; multiplier les servantes, c’est multiplier la débauche; multiplier les esclaves, c’est multiplier les vols. Multiplier la Thora, c’est multiplier la vie; multiplier l’audience, c’est multiplier la sagesse; multiplier les conseils, c’est multiplier l’intelligence; multiplier la charité, c’est multiplier la paix. Acquérir un bon renom, c’est acquérir pour soi-même; acquérir la connaissance de la Thora, c’est acquérir la vie du Monde futur.’»

(Chapitre 2, Michna 4)

Nous tenterons de déchiffrer les deux dernières affirmationsde cette maxime:

«Acquérir un bon renom (Chem-Tov) , c’est acquérir pour soi-même; acquérir la connaissance de la Thora, c’est acquérir la vie du Monde futur.’»

Commençons par citer le Meïri, et sa perception du concept de Chem-Tov, un bon renom:

«Celui qui a acquis un bon renom est celui qui est parvenu à grandir et à perfectionner ses traits de caractère (midoth).

‘C’est acquérir pour soi-même ’ signifie que cette acquisition d’un bon renom va lui être d’une grande utilité.

Car le travail sur ses propres caractéristiques caractérielles est la meilleure préparation pour acquérir la Thora et la sagesse (‘ho’hma).

Se faire une réputation

Cette interprétation du Meïri rejoint celle de Rabbénou Ovadia sur l’une des maximes suivantes(4-13):

«Rabbi Simon disait: ‘Il y a trois couronnes: celle de la Thora, celle de la prêtrise et celle de la royauté. Mais la couronne de la bonne renommée ( keter-Chem Tov) surpasse toutes les autres.’»

Rabbénou Ovadia nous explique:

«Mériter une couronne signifie mériter des égards particuliers, comme c’est le cas pour celui qui a acquis la Thora, pour la royauté ou la prêtrise.

Mais il n’est écrit nulle part dans la Thora que celui qui accomplit des mitsvoth et a acquis une bonne renommée mérite une couronne.

Rabbi Shimon nous enseigne ici que les trois couronnes décrites dans la maxime exigent un complément indispensable: la bonne renommée.

Car un homme, même s’il a des connaissances en Thora mais une mauvaise réputation ne mérite aucun honneur. C’est tout aussi vrai pour le Grand Prêtre et même pour le Roi.

L’obligation d’honorer un homme tient seulement à son respect des lois de la Thora.»

(Ibid)

On le voit, sans un travail sur le caractère et l’acquisition d’un bon renom, l’étude et la connaissance ne peuvent devenir une acquisition profonde de l’âme.

Rabbénou Its'haq ajoute un nouvel élément:

«Celui qui acquiert la richesse a fait une acquisition partielle, car en réalité, sa famille en profitera tout autant que lui. Et après sa mort, il leur laissera tous ses biens.

En revanche, celui qui a acquit un bon renom en jouit totalement et c’est la meilleure des acquisitions, comme nous l’apprend le verset:

«Un nom estimé est préférable à la grande richesse» (Proverbes 22-1)

Nos maîtres nous ont également enseigné: «En écoutant l’oraison funèbre (hesped) prononcée pour un défunt, on peut savoir s’il a une part au monde futur ou non» (Talmud Chabat 153a)

Et Rachi de préciser: «S’il était un homme de bien, toute l’assistance pleure sa disparition et raconte ses louanges».

Le Tiféreth Israël, quand à lui, fait le parallèle entre: « Acquérir un bon renom, c’est acquérir pour soi-même » et « multiplier les esclaves, c’est multiplier les vols » .

Alors que le maître de nombreux esclaves est contraint à un contrôle de chaque instant quant à ses biens, celui qui s’est fait une bonne réputation n’a pas à craindre que quiconque la lui vole.

Rayonnement

Venons-en à présent à la dernière affirmation: «Acquérir la connaissance de la Thora, c’est acquérir la vie du Monde futur».

Rabbénou Its'haq explique: l’acquisition de la Thora est la meilleure qui puisse exister, elle dépasse même celle de la bonne renommée.

Cela ne vient pas contredire ce qu’il disait un peu plus haut, quand il disait qu’une bonne réputation est la meilleure des acquisitions. Car il parlait des acquisitions matérielles et de ce qu’elles peuvent apporter à un homme comme satisfaction dans notre monde.

Mais l’acquisition de la Thora est d’un autre ordre puisqu’elle est exclusivement spirituelle. A cet égard, elle dépasse la bonne renommée.

Le terme utilisé par Hillel pour cette dernière partie de sa maxime est ‘kana lo ‘hayé haolam haba’: il a acquis la vie du monde futur .

Mais il aurait été plus approprié de dire: ‘hou yiské’: il méritera la vie du monde futur puisqu’il s’agit d’une rémunération de D.ieu dans l’au-delà.

Derrière ce choix lexical de Hillel se cache une idée profonde.

Le monde futur (Olam haba) n’est pas un monde matériel et Maïmonide le précise bien à la fin de Hil’hot Techouva»:

«Les justes y siègent avec leurs couronnes et jouissent du rayonnement de la Présence divine (che’hina

D’après nos maîtres, cette félicité émane de la spiritualité de la Thora; y goûter implique d’en avoir acquis la connaissance dans ce monde: sans cela, l’homme le plus méritant, ne saura comment en jouir.

L’acquisition de la connaissance en Thora ne fait pas seulement mériter le monde futur: elle en est l’essence même. Le terme ‘acquisition’ exprime cette notion.

Rabbi Yossef Yaavetz soulève la même question lexicale, avec une petite nuance:

«Pourquoi Hillel a-t-il choisi le terme ‘acquérir’, alors qu’il aurait pu employer l’expression ‘étudier avec assiduité’ (la Thora, ndlr.)?

Nous avons déjà cité un texte du ‘Hafets ‘Haïm dans l’un de nos Dvar Thora concernant la rémunération de ceux qui soutiennent l’étude de la Thora :

«Sache que les livres sacrés sont sans ambiguïté sur ce point: celui qui soutient financièrement ceux qui étudient, même s’il est ignorant en Thora dans ce monde, méritera d’accéder à la Connaissance dans le monde futur.

Ceci est une évidence dans la mesure où, s’il partage la rémunération divine pour cette étude sacrée, il faut qu’il puisse en jouir.

Or, il est clair que la félicité de l’au-delà émane de la spiritualité de la Thora. Comment pourrait-il donc y goûter s’il n’en possède pas la connaissance?»

(Chemirat halachone-Chaar hatechouva chap.6)

Acquérir au sens propre

Fort de cette vérité, Rabbi Yossef Yaavetz explique que le mot ‘acquérir’ doit être également pris au sens propre du terme et par là contenir une autre idée:

Même celui qui n’a pas eu le privilège d'apprendre la Thora mais qui a soutenu financièrement ceux qui l’étudient, fait une acquisition d’ordre spirituel: par cette action il prépare son âme et permettra à son esprit de s’ouvrir lorsqu’il quittera ce monde.

Ainsi, il pourra jouir de la félicité de l’au-delà tout comme celui qui a étudié!

Les paroles de Hillel, et les commentaires de nos Sages sont l’occasion pour nous de saluer ici tous ceux qui soutiennent l’étude de la Thora dans notre Yéchiva. Ils le font avec générosité et avec cœur, ils y participent ainsi de façon active et acquièrent donc la véritable félicité.

Chabat Chalom