Chabbath Parachat Michpatim

25 février 2006 – 27 chevath 5766

Jérusalem Montréal Paris
Allumage des bougies16 h 58 17 h 15 18 h 07
Sortie de Chabbath 18 h 10 18 h 19 19 h 12

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le Dvar Thora de cette semaine avec lequel nous poursuivons le deuxième chapitre des «Maximes des pères» (Pirké Avoth).

Les commentaires sur le premier chapitre ont fait l’objet d’un livre, le troisième volume de notre série «Dvar Thora». Le quatrième volume est déjà sous presse et nous espérons vous le faire parvenir ans les meilleurs délais.

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde, via Internet.

Cette année, nous avons accueilli la nouvelle promotion, ce qui porte le nombre des élèves de la Yéchiva à 140. Le corps enseignant compte dorénavant 16 membres.

Nous comptons sur l’aide de tous nos amis pour pouvoir assumer ce nouveau "challenge" qui permettra à la Yéchiva de poursuivre son essor.

Ce Dvar Thora est écrit pour la guérison (refoua chelema) du fils de

Rav Eliahou Elkaïm,

‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov

qui célèbre sa bar-mitsva le 25 chevat 5766

et à qui nous souhaitons un grand mazal tov

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Avec notre plus cordial Chabat Chalom et Hodech Tov,

Rav Chalom Bettan


La colère maîtrisée

Par le Rav Eliahou Elkaïm

Comme tout ce qui existe en l’homme, la colère peut être utile et efficace. Encore faut-il savoir la maîtriser et la canaliser par notre intellect…

«Chacun d’eux a dit trois paroles. Rabbi Eliezer disait: ‘Que l’honneur de ton prochain te soit aussi précieux que le tien; ne sois pas prompt à te mettre en colère; repens-toi un jour avant ta mort; réchauffe-toi au feu des sages mais attention à leur braises, pour ne pas te brûler! Car leur morsure est une morsure de renard, leur piqûre est celle du scorpion, leur sifflement celui du serpent venimeux et toutes leurs paroles sont comme des braises ardentes’ »

(Chapitre 2, Michna 10)

La semaine dernière, nous avons cité le commentaire de Rachi, selon lequel les deux premières maximes de Rabbi Eliezer sont en réalité deux aspects d’une même réalité:

- Que l’honneur de ton prochain te soit aussi précieux que le tien

- Ne sois pas prompt à te mettre en colère

En effet, c’est en évitant de se mettre en colère que l’on parviendra à apprécier la valeur de son prochain et à véritablement le respecter.

En revanche, d’autres commentateurs voient dans cette maxime sur la colère une recommandation spécifique, et nous citerons parmi eux Rabbénou Yona:

«La colère (kaas) est un trait de caractère (midda) très néfaste. C’est une chose connue, et pourtant, l’homme à une tendance naturelle qui le pousse à la colère.

C’est la raison pour laquelle Rabbi Eliezer nous met en garde

‘Même s’il t’arrive de t’emporter, efforce-toi de ne pas tomber dans ce piège facilement.

Si tu sens que la colère l’emporte, analyse d’abord par ton intellect les motifs que tu as de t’énerver, et s’ils sont suffisants.

Si tu trouve un argument, même faible, pour atténuer ta colère, utilise-le et chasse la colère de ton cœur.’

Incapable de se contrôler

En revanche, il existe des situations qui nécessitent d’utiliser la colère, mais il faut se limiter à ces seules situations pour y avoir recours.

C’est ce que le Roi Salomon a exprimé en disant:

«Ne cède pas trop vite à ton humeur irascible, car la colère est à demeure au sein des fous» (Ecclésiaste 7-9)

Ces mots signifient que l’homme doit contrôler sa colère, agissant avec pondération, et n’ayant recours de la colère qu’en cas de grande nécessité.

Il ne doit pas agir comme le sot qui se fâche facilement: la colère se trouve en permanence en lui, et il est donc incapable de se maîtriser, même s’il n’y a pas lieu de s’énerver, et même s’il est convaincu que sa colère ne fera que détériorer la situation.

Mais il est incapable de se contrôler.

Il est comme le serpent venimeux qui, selon certains de nos maîtres (Sanhédrin 78a) a le venin dans ses dents: lorsqu’il mord, il n’a pas besoin de faire un effort pour l’inoculer.

Ainsi, la colère du sot est en lui en permanence, et se déclare instantanément.»

(Rabbénou Yona ibid.)

A la lecture de Rabbénou Yona, il semblerait que la colère, s’il est elle contrôlée et réfléchie, soit admise dans certaines situations.

Toutefois, un texte dans ‘Avoth de Rabbi Nathan’ reprend la maxime de Rabbi Eliezer et développe une approche différente. Apparemment, ce dernier semble penser qu’il n’existe pas de situations qui justifient de se mettre en colère.

«Comment appliquer l’adage de Rabbi Eliezer? C’est qu’il faut être humble comme Hillel et non irascible comme Chamaï»

Le texte poursuit en citant tous les exemples de la patience infinie de Hillel et de l’irascibilité de Chamaï, notamment l’histoire très célèbre de deux hommes qui firent un pari: celui qui parviendrait à courroucer Hillel recevrait quatre cent zouz.

L’un des deux vint trouver Hillel dans les dernières minutes précédant Chabbath. Ce denier était en train de se laver les cheveux et se pressait pour ne pas être en retard.

Nos compère vint le trouver pour lui poser une multitude de question stupides et énervantes, le harcelant, l’obligeant à s’interrompre sans cesse dans son action.

Mais Hillel, loin de s’impatienter, répond à chaque question avec douceur et application.

Finalement, se lassant, l’homme lui déclare:

«- Es-tu bien Hillel que l’on appelle le prince d’Israël?

  • Oui
  • Eh bien, que les gens comme toi ne se multiplient pas en Israël!
  • Pourquoi mon fils?
  • Parce que je viens de perdre quatre cent zouz à case de toi, par ce que je n’ai pas réussi à te mettre en colère.
  • Prend garde à ton esprit! Il vaut mieux perdre quatre cent zouz, même à deux reprises, plutôt que Hillel ne se mette en colère…»

(Avoth de Rabbi Nathan 15-2)

Il semblerait donc, à la lecture de ce texte, qu’il n’existe aucune situation qui permette de se mettre en colère.

Le Ram’hal va nous faire découvrir que la maxime de Rabbi Eliezer s’applique à deux niveaux, différents et pour autant vrais, qui sont décrits par Rabbénou Yona et Avoth de Rabbi Nathan.

Le «Moi»

On pourra d’ailleurs observer la même réalité, dans la Michna 11 du chapitre 5.

«Il y a quatre types de caractères parmi les hommes. Celui qui est prompt à se mettre en colère et prompt à se calmer: il rachète son défaut par sa qualité. Celui qui est lent à la colère, mais qui est également lent à se calmer: il détruit sa qualité par son défaut. Celui qui est lent à se mettre en colère et prompt à se calmer: c’est un ‘hassid. Celui qui est prompt à s’irriter et lent à se calmer: un mécréant (racha).»

L’auteur du Tossafot Yom Tov cite le Midrach Chmouel, qui remarque qu’on ne mentionne pas, dans cette Michna, un type de caractère qui n’est pas concerné par la colère.

Il ajoute même que même Moïse s’est mis en colère à certaines occasions (Nombres 31).

Rabbi Yaacov Emdine (Le’hem Chamayim ibid.), explique qu’il s’agit seulement d’une colère entraînée par une réaction contre des comportements contraires à la volonté divine. Ou encore dans des situations pédagogiques où la colère est un outil pour l’éducation de ses élèves ou des ses enfants. Dans ce cas, c’est une colère qui reste extérieure (kaas hapanim).

La bile (mara) est un organe dont la fonction est de déclencher le processus physiologique de la colère.

Si D.ieu l’a créé, c’est donc qu’il doit servir dans certaines situations.

Mais cela ne doit jamais être le résultat d’une blessure d’orgueil, quand le «Moi» a été touché: «Je n’ai pas été écouté», «on a dévalorisé un aspect de ma personnalité», …

Ce trait de caractère (midda) doit donc être utilisé, comme tous les autres, avec mesure. On notera d’ailleurs que midda signifie littéralement ‘mesure’ en hébreu.

Quand la colère est utilisée dans les limites exactes de la raison, elle devient alors positive.

Le Ram’hal fait la part des choses:

«Parlons à présent de la colère: il y a d’abord l’irascible au sujet duquel nos maîtres nous ont dit: ‘Celui qui s’emporte est comme celui qui s’adonne à l’idolâtrie.

Il s’irrite pour chaque petite chose qui va à l’encontre de sa volonté et s’emplit de courroux au point de perdre tout jugement. Un tel homme serait capable, s’il en avait les moyens, de détruire le monde, car l’intellect n’a plus aucune prise sur lui.

Il devient une véritable bête féroce. (…)

Il peut facilement commettre tous les pêchés si sa colère l’y mène. (…)

Il y a aussi celui qui s’emporte difficilement et dont la colère n’est pas destructrice.

Elle est de courte durée: du moment où la nature éveille son courroux jusqu’à celui où son intellect se met en marche pour le stopper.

C’est ce que nos maîtres appellent ‘lent à s’irriter et prompt à s’apaiser’ (Avoth 5-12).

Ce sont les hommes de qualité qui appartiennent à cette catégorie, car la nature humaine a tendance à la colère.

Il est donc tout à fait remarquable de surmonter cette tendance au point de savoir limiter sa colère à un mécontentement qui ne sera pas destructeur, et qui sera limité dans le temps.

Celui qui agit ainsi est digne de louanges.

(…) La patience de Hillel dépassait encore ce niveau. Il ne se formalisait de rien et il n’existait pas en lui la plus subtile irritation.

Celui qui atteint ce niveau est absolument dénué de colère.» (Sentier de rectitude chapitre 11).

Rabbi Eliezer nous offre donc, par sa maxime, un nuancier qui regroupe toutes les tonalités de la colère. Il est de notre devoir de nous rapprocher du niveau ultime de Hillel, qui a réussi à éradiquer totalement ce trait de caractère.

Chemin faisant, dans nos efforts constants pour maîtriser notre nature, il faut avoir conscience que cette tendance existe en l’homme est qu’elle doit être utilisée exclusivement quand elle est contrôlée et canalisée pour réagir devant les atteintes à la volonté divine et la dépréciation du Nom divin (‘hiloul Hachem).

Chabbath Chalom


Commentaires sur Parachat MICHPATIM

Prêter, une mitsva révolutionnaire

Par le Rav Eliahou Elkaïm

L’une des mitsvoth dont parle la paracha de cette semaine attire notre attention sur l’action de prêter de l’argent au nécessiteux. Un acte bien plus important qu’on ne l’imagine…

«Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple, au pauvre qui est avec toi, ne sois point à son égard comme un créancier, n’exige pas de lui des intérêts.» (Exode 22; 24).

Le premier mot de ce verset en hébreu est «IM», et Rachi dans son commentaire explique, au nom de nos maîtres, que ce mot, qui se traduit généralement par «si», suggère un acte facultatif. Néanmoins, concernant trois mitsvoth de la Thora, le vocable «si» entraîne d’autres concepts. Et notre verset concerne l’une de ces trois situations…

En effet, le mot «IM» doit être compris dans ce cas comme «lorsque» et entraîne une obligation. Nos maîtres prouvent le caractère obligatoire de cette action grâce à un autre verset dans le Deutéronome.

«S’il y a chez toi un indigent parmi tes frères, dans l’une de tes villes, dans le pays que l’Eternel ton D.ieu te destine, tu n’endurciras point ton cœur, ni ne fermeras ta main à ton frère nécessiteux. Ouvre-lui plutôt ta main! Prêtes-lui en fonction de ses besoins, prêtes-lui ce qui peut lui manquer!» (Deutéronome 15; 7, 8)

Un sens profond

Maimonide (Lois des prêts, chapitre 1 p.1) et le Choul’han Arou’h (‘Hochen Michpath chap. 97 p.1) fixent précisément les règles de cette mitsva.

«L’une des lois positives de la Thora est celle qui nous enjoint de prêter de l’argent à nos frères dans le besoin. Cette mitsva est plus importante que celle de la Tsedaka (aumône), car le pauvre qui sollicite un prêt subira moins de honte que celui qui demande la charité. En outre, grâce à un prêt, celui qui l’a sollicité pourra parfois sortir de sa mauvaise situation financière et ne pas arriver au stade de demander l’aumône.

Il est aussi une mitsva de prêter au riche, s’il en a besoin. Mais le pauvre garde la priorité, même s’il est plus tentant de prêter au riche qui pourra plus facilement rembourser et qui pourra, par la suite, nous manifester sa reconnaissance.» (‘Ahavath ‘Hessed’ chap.1)

Une étude attentive des textes va nous permettre de comprendre le sens profond de cet acte, demandé par la Thora.

Agir avec son cœur

La première question qui vient à l’esprit est de se demander pourquoi la Thora a-t-elle choisi un langage ambigu, qui peut être interprété dans un sens facultatif, laissant à nos maîtres le soin de découvrir qu’il s’agit en réalité d’une obligation.

N’aurait-il pas été plus simple d’utiliser un langage clair, en disant par exemple:

«Tu as le devoir de prêter au pauvre»? Ainsi, aucune équivoque n’aurait été possible.

Le Maharal (Gour Arié Chemoth 20, 22) décèle dans cette ambiguïté une intention très spéciale de la Thora.

Dans l’accomplissement des mitsvoth, c’est l’acte proprement dit qui compte. Même si celui qui agit le fait avec une sensation de contrainte, la mitsva a été accomplie.

Agir par amour pour son Créateur élève l’acte à un niveau supérieur, mais ce niveau n’est pas indispensable dans l’accomplissement des mitsvoth.

La mitsva de Tsedaka, et plus particulièrement celle de prêter de l’argent au pauvre, diffère en cela des autres mitsvoth.

Agir avec son cœur fait partie intrinsèque de cette mitsva.

C’est la raison pour laquelle la Thora emploie un langage qui sous-entend un caractère facultatif, nous laissant libre de notre décision. Même si, en réalité, la Thora nous ordonne de prêter au pauvre, il faut accomplir cet acte de façon volontaire, comme entraîné par une décision personnelle, sans avoir besoin de l’ordre divin.

Notre cœur et nos sentiments doivent nous y amener. Sinon, cette mitsva est vidée de son sens, de sa substance.

Le Maharal poursuit dans un autre texte (Netiv Hatsedaka chap. 6):

«Pourquoi la Thora nous demande-t-elle de prêter au riche, alors qu’il aurait sans doute d’autres moyens pour se sortir d’affaire? C’est que le peuple juif est Un et que ses membres sont appelés des frères. Or, cette unité n’est réelle que s’il existe une interaction entre chacune de ses partie: chaque juif doit recevoir ou donner à un autre.

On pourrait comparer cette situation aux différents membres d’un même corps, qui dépendent les uns des autres de façon vitale. En fait, la priorité du pauvre sur le riche pour recevoir un prêt ne s’explique que par la situation extrême dans lequel ce pauvre serait acculé sans ce prêt, perdant tout moyen de subsistance. Mais pour réaliser l’Unité du peuple Juif, le riche doit également pouvoir recevoir un prêt.

On le voit, l’intention de la Thora dépasse le simple souci social et technique de subvenir aux besoins des pauvres. L’unité au sein du peuple juif, recherchée par le biais de cette mitsva, ne pourra être atteinte que si cette mitsva est accomplie dans le plaisir et dictée par le cœur.

Un dépôt de D.ieu

Rabbi ‘Haïm Ben Attar dans son commentaire le Or Ha’haïm hakadoch, apporte une nouvelle dimension à cette mitsva. Pourquoi, se demande-t-il, certains sont-ils gratifiés d’une richesse et d’une opulence sans commune mesure avec leurs véritables besoins, alors que d’autres ne peuvent même pas subvenir aux premières nécessités.

Quel intérêt le Créateur a-t-il trouvé dans ce partage des biens de ce monde? N’y a-t-il pas assez de richesse pour chacun?

D.ieu, pour des raisons qui nous dépassent, décide que certains n’obtiendront pas leurs moyens de subsistance dans la facilité. Le monde contient suffisamment de ressources pour répondre à tous les manques. Mais D.ieu a choisi de déposer la part de certains chez d’autres, la part des pauvres chez les riches.

Deux buts sont ainsi atteints:

  • Le pauvre, qui aurait de toute façon dû traverser des épreuves, va trouver les moyens de sa subsistance par la difficulté et la honte de solliciter le riche.
  • Le riche trouvera par le prêt ou le don l’occasion d’acquérir un mérite supplémentaire.

Les mots de notre verset prennent alors un sens presque révolutionnaire:

«Si tu as de l’argent plus que tes besoins ne l’exigent, sache que c’est en fait l’argent du pauvre qui est en dépôt chez toi. Tu dois le lui transmettre en le lui prêtant.»

Le langage ambigu choisi par la Thora cache donc une idée fondamentale. La mitsva de Tsedaka et de Gmilouth ‘Hassadim (prêt au nécessiteux) n’a rien à faire avec la pitié ou la compassion, mais avec la simple justice.

Les économies qui rapportent

Le ‘Hafets ‘Haïm, dans son ouvrage Ahavath ’Hessed, développe l’importance extraordinaire du prêt sans intérêt (Guemilouth ‘Hassadim, Gma’h). Plus encore, il conseille à chaque personne de mettre de côté une somme d’argent disponible à tout instant, et réservée uniquement à cette mitsva.

Cette habitude facilite techniquement la possibilité du prêt, et freine le yetser hara (mauvais penchant), qui peut nous empêcher de réaliser cette mitsva, pour de prétendues raisons de liquidités.

Dans une biographie du ‘Hafetz ‘Haïm, on raconte qu’un cocher qui accompagnait le grand Rav dans ses déplacements, lui demanda un jour comment un homme comme lui, pouvait acquérir de nouveaux mérites.

Le Maître lui conseilla de créer une caisse de prêts sans intérêt. Le cocher pensa que le Rav se moquait de lui, car comment un cocher, qui avait du mal à subvenir à ses besoins les plus élémentaires, pouvait créer une caisse de prêt?

Le ’Hafets ‘Haïm lui répondit que cette caisse n’avait pas besoin d’être énorme, et qu’il pouvait mettre chaque semaine quelques centimes de côté pour ainsi pouvoir aider un ami à faire ses achats du Chabat.

Ce cocher raconta des années plus tard, qu’il avait réussi avec le temps à créer une caisse tout à fait honorable, et que des dizaines de personnes purent en bénéficier.

Les sentiments les plus purs

La suite du commentaire de Rachi sur une partie de notre verset: «…de mon peuple, au pauvre…», nous éclaire sur un autre aspect de l’accomplissement de cette mitsva.

Il explique: «Ne lui manifeste pas ton dédain car il est un membre de mon peuple.» Et Rachi de poursuivre sur un autre passage du verset: «… au pauvre (qui est) avec toi…»: « Observe toi comme si tu étais toi-même le pauvre.» Deux aspects de la mitsva son ici abordés, concernant l’esprit dans lequel nous devons agir: sans dédain et comme s’il s’agissait de nous-mêmes.

Le Rav Sim’ha Zissel de Kelm, zal (le fameux Sabba de Kelm) expliquait à ce sujet: la Thora exige que nous ressentions profondément les sentiments de celui qui nous sollicite, que nous prenions conscience de sa situation.

Pour cela, la Thora nous propose une méthode un peu spéciale, mais incontournable:il faut faire vivre dans notre imagination notre propre image, et nous voir comme si nous étions nous-mêmes dans cette situation.

Avoir pitié ne suffit pas, la Thora nous demande de ressentir ce que l’autre ressent, lui qui est dans le besoin. Ce sont nos sens et pas seulement notre intellect, qui doivent participer à cet effort. Il faut s’identifier à celui qui nous sollicite à tel point que l’on puisse «s’observer» dans cette situation délicate. C’est seulement quand les sens, notamment la vue, sont mis en action, que les sentiments les plus purs et les plus profonds sont éveillés.