Chabbath Parachat YITRO

18 février 2006 – 20 chevath 5766

Jérusalem Montréal Paris
Allumage des bougies16 h 47 17 h 05 17 h 56
Sortie de Chabbath 18 h 04 18 h 0919 h 02

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le Dvar Thora de cette semaine avec lequel nous poursuivons le deuxième chapitre des «Maximes des pères» (Pirké Avoth).

Les commentaires sur le premier chapitre ont fait l’objet d’un livre, le troisième volume de notre série «Dvar Thora». Le quatrième volume est déjà sous presse et nous espérons vous le faire parvenir ans les meilleurs délais.

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde, via Internet.

Cette année, nous avons accueilli la nouvelle promotion, ce qui porte le nombre des élèves de la Yéchiva à 140. Le corps enseignant compte dorénavant 16 membres.

Nous comptons sur l’aide de tous nos amis pour pouvoir assumer ce nouveau "challenge" qui permettra à la Yéchiva de poursuivre son essor.

Ce Dvar Thora est écrit pour la guérison (refoua chelema) du fils de

Rav Eliahou Elkaïm,

‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov

qui célèbre sa bar-mitsva le 25 chevat 5766

et à qui nous souhaitons un grand mazal tov

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom,

Rav Chalom Bettan


Chabbath Parachat YITRO

18 février 2006 – 20 chevath 5766

L’honneur et le bonheur

Par le Rav Eliahou Elkaïm

Trouver l’équilibre, même dans la perception que l’on a de soi-même, est une chose capitale. Entre fierté et dévalorisation, on doit trouver le juste milieu. Nos maîtres nous montrent le chemin pour y parvenir.

«Chacun d’eux a dit trois paroles. Rabbi Eliezer disait: ‘Que l’honneur de ton prochain te soit aussi précieux que le tien; ne sois pas prompt à te mettre en colère; repens-toi un jour avant ta mort; réchauffe-toi au feu des sages mais attention à leur braises, pour ne pas te brûler! Car leur morsure est une morsure de renard, leur piqûre est celle du scorpion, leur sifflement celui du serpent venimeux et toutes leurs paroles sont comme des braises ardentes’ »

(Chapitre 2, Michna 10)

Le commentateurs posent d’emblée une question:

Dans la première Michna du premier chapitre, dans laquelle la même forme (‘ils ont dit trois choses’) est employée, les maximes rapportées sont communes à tous les membres de la Grande Assemblée: on peut donc comprendre qu’elles se limitent à un chiffre de trois.

Mais dans notre Michna, il est précisé que chacun des disciples de Rabban Yo’hanan a émis trois sentences, ce qui laisse entendre qu’ils n’en ont dit que trois, constituant l’ensemble de leur enseignement.

Or, il semble étonnant que des maîtres de cette envergure, souvent cités dans le Talmud et la Michna, ne nous aient transmis que trois vérités.

Dans une première interprétation, Rabbénou Ovadia explique que ces maîtres ont émis seulement trois maximes dans le domaine de l’éthique et du perfectionnement du caractère. Mais leur enseignement concernait également d’autres domaines, notamment celui de la loi (hala’ha) où ils ont exprimé leur avis à de nombreuses occasions.

Dans une deuxième interprétation, il suggère que les maîtres répétaient leurs trois sentences respectives à chaque occasion, car elles étaient l’essence de leur enseignement. D’après Rabbénou Yona, c’était quotidiennement que ces points étaient traités, répétés et transmis par les élèves de Rabban Yo’hanan, tant on les considérait avec importance.

Entrons maintenant dans le vif du sujet en abordant les trois maximes de Rabbi Eliezer.

Aussi précieux que l’honneur

A la première lecture, sa pensée semble être composée de quatre et non de trois volets.

D’après Rachi et Rabbénou Ovadia, les deux premières maximes n’en forment qu’une seule, dans la mesure où la deuxième permet la mise en pratique de la première.

En effet, parvenir à ne pas se mettre en colère facilement est le meilleur moyen d’être attentif et de respecter l’honneur de son prochain.

Pour sa part, Rabbénou Yona remarque qu’il y a une différence entre les trois premières sentences et la dernière, qui concerne notre relation avec les maîtres en Thora.

Les trois premières étaient, comme on l’a dit, répétées chaque jour aux vues de leur portée universelle, alors que la dernière ne concernait que ceux qui côtoyaient les maîtres en Thora.

Penchons nous à présent sur la première maxime: ‘Que l’honneur de ton prochain te soit aussi précieux que le tien

Comment en saisir le sens véritable? Et ces mots doivent-ils être pris à la lettre?

En effet, doit-on comprendre qu’une personne qui serait totalement indifférente aux honneurs devra également négliger l’honneur des autres?

Le Tossafot Yom Tov remarque que Rabbi Eliezer ajoute ici le qualificatif ‘aussi précieux’, et ne se contente pas de dire ‘que l’honneur de ton prochain soit comme le tien’.

S’il a trouvé nécessaire de s’exprimer ainsi, c’est pour nous faire comprendre que, même si nous sommes personnellement indifférent aux honneurs, nous avons le devoir de rester attentif à ceux des autres.

On comprendra d’ailleurs de la même façon la maxime de Rabbi Yossi dans la Michna 12 quand il dit: ‘Que la fortune de ton prochain te soit aussi chère que la tienne’.

Or, il est évident que si nous disposons du droit de distribuer notre argent de la manière dont nous le souhaitons, quitte à le dilapider, nous ne pouvons pas gaspiller l’argent de l’autre.

Fuir la honte

Rabbi Yaacov Emdine (dit le Yaavets, XVIIIème siècle), dans ‘Le’hem chamayim’, son commentaire sur les ‘Maxime des Pères’, ajoute une idée très intéressante.

«La forme employée par le Tana: ‘aussi précieux que le tien’ comporte un double enseignement.

D’une part, on l’a compris, il faut être attentif à l’honneur de son prochain.

Mais on peut également y voir une autre dimension: le conseil donné à l’homme d’être sensible à son propre honneur, dans la mesure où il a été créé à l’image de D.ieu.

C’est d’ailleurs pour cette raison que l’homme a été créé avec une sensation innée et forte de toute forme de honte.

Pourtant, l’humilité est une très bonne vertu (midda), car elle est indispensable pour combattre son mauvais penchant (yetser hara), et ne jamais oublier quelle est l’issue de la vie.

Il faut utiliser l’humilitépour ne pas se venger de ceux qui portent atteinte à notre honneur.

Pour autant, l’homme ne doit pas être indifférent à l’affront qui lui est fait, surtout si c’est un savant en Thora (talmid ha’ham).

Il lui est même permis, le cas échéant, de punir ou de mettre en anathème celui qui porte atteinte à son honneur.

Dans cette optique, on constate que même le Roi David, symbole d’humilité, se plaint:

«Jusqu’à quand mon honneur sera-t-il avili?» (Psaume 4-7)

(…) Le chemin du milieu (dere’h haemtsaït) que l’on doit rechercher dans tous les domaines, est d’être sensible à son propre honneur, sans pour autant le poursuivre.

C’est l’attitude de l’homme qui a trouvé l’équilibre et la plénitude du caractère, lui qui s’efforcera de fuir les affronts.

C’est la même idée que celle qui est développée quand on dit au sujet des justes (tsadikim) qu’ils aiment leur argent. Cela signifie qu’ils n’aiment pas le gâcher et font attention de l’utiliser le plus utilement possible.

Il faut donc parvenir à un équilibre qui consiste à se considérer comme peu méritant, ayant peur de n’avoir pas suffisamment agit dans le Bien et de n’avoir pas atteint les vraies vertus.

Etre conscient de ses défauts empêche l’homme de s’enorgueillir, mais il faut néanmoins garder une sensation d’honneur à l’égard de sa propre personne.

Ainsi, il jouira de bonheur et d’honneur.

Nous retrouvons une idée similaire dans un texte de Rabbi Haïm Chmoulevitz zatsal.

Le Roi des honneurs

Il développe l’idée de ni’hbadout: la sensation profonde de sa propre importance. Il explique que c’est un élément de la personnalité indispensable à l’élévation morale.

La remise en question, à laquelle chaque homme doit se soumettre, n’est pas à éviter pour autant.

Ben Zoma nous dit dans la Michna (Avoth 4-1): «Qui est digne de respect? Celui qui respecte son prochain».

Il nous donne ici la clef pour atteindre la ni’hbadout authentique, sans entrer dans le piège que représente la recherche des honneurs.

En effet, Ben Zoma ne dit pas que le juste ou la savant en Thora est respectable (mé’houbad), mais que c’est celui qui respecteles autres.

C’est en s’investissant pour respecter l’autre que l’on développe en soi la ni’hbadout, cette dignité authentique qui permet à l’homme d’accéder à l’élévation morale, et le fera fuir toute forme de comportement incompatible avec son statut.

Au sujet de D.ieu Lui-même, le Midrach (Bamidbar rabba 15-13) nous enseigne:

Pourquoi D.ieu est-il appelé le Roi des honneurs (mele’h hakavod)? Parce qu’Il concède de son honneur à ceux qui le craignent.

(Si’hot Moussar année 5732, p.51-54)

On rapporte au nom de Rabbi Haïm de Volozhine une interprétation originale de la première maxime de Rabbi Eliezer.

Nos Maîtres nous ont enseigné que l’homme doit s’habituer à rester indifférent aux honneurs, et quoiqu’il en soit ne pas en jouir.

Rabbi Haïm en arrivait parfois à pleurer de contrariété devant les marques d’honneur qu’on lui manifestait.

Et il expliquait les mots de Rabbi Eliezer ainsi: de même qu’un homme trouverait ridicule de se dire à lui-même des compliments et de se rendre des marques d’estime, il devrait considérer déplacé les honneurs que d’autres lui font.

C’est là le sens des mots de Rabbi Eliezer: «l’honneur de ton prochain».

Il faut donc les comprendre ainsi: «Considère de la même façon les honneurs que ton ami te fait et ceux que tu te ferais à toi-même.»

Il ajoutait que les honneurs et l’orgueil appartiennent à une famille de plaisirs qui appartiennent au monde futur. En en jouissant dans notre monde ici-bas, nous «dépensons notre crédit» de jouissances dans l’au-delà (Sefer Ha’hassidim, Rabbi Yéhouda Ha’hassid).

On raconte que leHafets Haïm, en visite à Varsovie, recevait de grandes marques d’estime et d’honneurs. Mais il y était très réticent et semblait très gêné de cette situation.

Devant l’étonnement d’un notable de la ville, qui trouvait tout naturel que l’on témoigne ces marques de respect à un si grand homme, le Hafets Haïm lui posa les questions suivantes:

« - Ton épouse prépare-elle des mets particuliers pour Chabbath?

  • Bien sûr
  • Et si tu demandais qu’elle te serve de ces mets particuliers avant Chabbath, le ferait-elle?
  • Non, elle n’accepterait certainement pas
  • Saches que recevoir des honneurs est un plaisir de l’au-delà. En profiter ici-bas serait exactement comme vouloir jouir des plats de Chabat avant son arrivée.»

Chabbath Chalom


Commentaire sur Parachat YITRO

Un lien plus fort que l’amour

Par le Rav Eliahou Elkaïm

La révélation du Mont Sinaï comporte un élément très particulier, par lequel le peuple juif a été obligé, sous la menace, d’accepter la Thora. Pourtant, n’avons-nous pas dit, comme un seul cœur, le célèbre « naassé venichma », « nous ferons et nous comprendrons », proclamation enthousiaste de notre amour pour D.ieu et de notre acceptation des mitsvoth ?

« Moïse fit sortir le peuple du camp au devant de la Divinité, et ils s’arrêtèrent au pied de la montagne. » (Exode 19 ; 17)

Rachi rapporte (ad hoc), au nom du Talmud (Chabat p.88) que le mot « Ta’htit » traduit littéralement ne signifie pas « au pied » de la montagne, mais « sous » la montagne, ce qui veut donc dire que le peuple juif fut placé sous le mont Sinaï.

Nos maîtres expliquent que D.ieu lui-même a soulevé la montagne au-dessus du peuple juif rassemblé, et leur a adressé les paroles suivantes :

«Si vous acceptez la Thora, tout ira bien. Sinon, cette montagne sera votre tombe.»

Quelle était la nécessité de cette menace, contrainte brutale émise par D.ieu, alors que le peuple juif s’était engagé face à D.ieu de façon entière et totale, par le célèbre « naassé ve nichma », « nous ferons et nous comprendrons », que Moïse avait transmis à l’Eternel :

« Moïse, de retour, convoqua les anciens du peuple, et leur transmit toutes ces paroles comme le Seigneur le lui avait prescrit. Le peuple entier répondit d’une voix unanime : « Tout ce qu’a dit l’Eternel, nous le ferons ! » Et Moïse rapporta les paroles du peuple au Seigneur. » (Exode 19 ; 7, 8)

L’étude approfondie d’un passage du Talmud (Avoda Zara p.2), va nous permettre de découvrir un texte aussi surprenant que plein d’enseignements. Ce texte décrit le débat qui aura lieu à la fin des temps entre D.ieu et les Nations non juives.

Aussi curieux que cela puisse paraître, ce texte va nous guider pour comprendre pourquoi la contrainte de D.ieu changea notre statut dans le monde…

Un dialogue surprenant

« A la fin des temps, D.ieu siégera, un Séfer Thora dans les bras, et appellera chaque personne qui aura œuvré pour la Thora afin qu’il reçoive sa rétribution.

Les Nations viennent alors se présenter devant le Créateur afin de faire valoir leurs droits. L’empire romain est le premier à revendiquer sa part.

Quelle a été votre activité dans le monde ? demande D.ieu.

Maître du monde, répondent les Romains, nous avons construit de très nombreuses places publiques, de nombreux thermes, nous avons rassemblé beaucoup d’argent et d’or. Et tout ce que nous avons réalisé, c’est uniquement pour que le peuple d’Israël puisse étudier la Thora.

Sottises ! s’exclame D.ieu. tout ce que vous avez fait, c’est dans votre propre intérêt. Les places publiques ont été conçues pour s’y prostituer, les thermes pour assouvir votre volupté et en ce qui concerne l’or et l’argent, c’est à moi qu’il appartient. La Thora, existe-t-elle chez vous ? »

Au terme de cette discussion pour le moins animée et étonnante, les Romains sortent, déconfits.

Avant de nous pencher sur notre problème initial, à savoir la raison pour laquelle D.ieu a obligé les Juifs à accepter les mitsvoth, il est intéressant de comprendre l’attitude des Romains qui pleins de toupet, osent prétendre devant le Créateur du monde que les réalisations de Rome avaient été conçues pour aider les Juifs à étudier la Thora !

D’autant que la fin des temps sera une époque où le Mal et le mensonge seront abolis. Seule une Vérité absolue aura droit de citer, et chacun la verra comme le soleil en plein jour.

Le mensonge ne peut donc pas expliquer l’attitude romaine.

En réalité, à la fin des temps, l’humanité toute entière va découvrir que le Mal et le mensonge ont aussi participé de façon indirecte au but de la création : dévoiler l’unité de D.ieu. Car pour avoir la possibilité de choisir le bien, il fallait que le mal et la tentation existent. Et c’est dans cette optique que les Nations vont pouvoir revendiquer une part dans le plan divin.

Malheureusement pour elles, ces mêmes nations n’ont pas pris en compte que pour D.ieu, l’intention est capitale. Si réellement, les Nations avaient voulu adhérer au plan divin pour que l’Unité de D.ieu soit dévoilée, alors sans doute, auraient-elles eu un vrai droit de réponse. Dans leur cas, l’intention était toute autre. Mais cela ne les effraie pas outre mesure. Et le Talmud poursuit, en expliquant que les Nations reviennent devant le Créateur :

Maître du monde, nous as-tu placées sous la montagne, en nous menaçant de nous enterrer sous elle si nous n’acceptions pas Tes mitsvoth ? Nous as-tu obligé à accepter la Thora comme tu l’as fait pour le peuple d’Israël ?

Et qu’est-il advenu, répond D.ieu, des sept commandements que vous avez reçus (les sept lois adressées aux descendants de Noé, les Nations non juives Ndlr) ? Les avez-vous appliquées ? Bien au contraire, le prophète ‘Habakouk, avait « abrogé » en Mon Nom ces lois.

Cette réponse semble, à première vue, faible, car les Nations pourraient dire : « Si tu nous avais forcé à accepter ces sept lois, nous les aurions accomplies, comme ce fut le cas pour les Juifs. »

La récompense du fauteur

Le Talmud s’interroge alors sur le sens de cette abrogation annoncée par le prophète. Signifie-t-elle que ces lois sont annulées, (« Puisque vous ne voulez pas respecter mon ordre, je l’abroge, vous n’êtes plus coupable »), ce qui signifierait en quelque sorte que l’on récompenserait le fauteur ? Certainement pas.

Doit-on comprendre que cette abrogation concerne la récompense de ces mitsvoth, et que les Nations ne peuvent plus recevoir de récompense pour le respect des Lois qui leur sont adressées ? Impossible encore, car Rabbi Meïr affirme que le non juif qui étudie la Thora peut atteindre le même niveau que le Grand Prêtre au Temple.

Le Talmud en arrive donc à la conclusion que les non juifs, bien qu’assignés à respecter ces lois seront désormais considérés comme s’ils agissaient de leur propre gré, et non par la force d’un ordre divin.

De gré ou de force ?

Le Talmud cite le principe énoncé par Rabbi Hanina : « Celui qui agit sous la force d’un ordre divin a plus de mérite que celui qui accomplit une mitsva sans y être obligé.»

A première vue, ce principe semble illogique : celui qui agit de son propre gré le fait par amour et son mérite devrait être plus grand que celui qui est forcé d’obéir.

L’explication classique est de considérer au contraire la soumission comme le plus grand acte d’amour possible. Celui qui se soumet accepte de s’effacer totalement devant la volonté divine. Là est sa grandeur.

Mais dans notre problématique, cette explication ne nous est d’aucune aide, car les Nations, étant tenues de respecter les sept lois de Noé, font, elles aussi, acte de soumission.

Il nous faut appréhender une toute autre approche, celle développée par le Ram’hal (Le Rav Moché ‘Haïm Luzzato), dans « Daat Tevounoth » pour comprendre le principe de Rabbi ‘Hanina et en quoi D.ieu nous a élevé à un niveau tout à fait spécial en nous obligeant à accepter Ses lois.

Qu’il ait été fait de gré ou par la force de l’ordre de D.ieu, ne change pas la valeur de l’acte, mais sa dimension, son impact.

L’acte imposé par le Créateur possède une nouvelle dimension, en possédant la caractéristique d’agir sur toute la création.

En acceptant la Thora de plein gré et sans retenue, le peuple juif a mérité d’être obligé. Ainsi, son lien avec D.ieu devient indélébile, éternel, ne dépendant d’aucune circonstance extérieure, d’aucun revirement intellectuel ou sentimental.

Le peuple juif accède à partir de cet instant, instant où la montagne est au dessus de lui, à une responsabilité que l’humanité n’a jamais atteinte.

S’il trébuche, s’il échoue dans sa mission, il entraîne le néant, le vide, dans la mesure où la rupture avec son Créateur n’est plus possible. Car les Juifs ont été investis d’une mission et d’une responsabilité, celle de diriger à travers leurs actes tout l’équilibre de la création. S’il réussit, il accède à une perfection jamais atteinte. Par cette dimension tout à fait spéciale que D.ieu a bien voulu accorder au peuple juif, ce dernier agit sur le fonctionnement même de la Création, de notre monde visible jusqu'aux sphères célestes.

La contrainte et la menace sont là pour faire comprendre au peuple juif que sa mission et son lien avec la Thora ne sont plus révocables.

Le texte d’Avoda Zara est limpide. Les Nations, qui n’ont pas respecté les sept lois de Noé, prouvent qu’elles ne peuvent mériter la contrainte, et l’élévation qu’elle entraîne. Leur amour pour le Créateur n’étant pas suffisamment fort pour passer le premier barrage, chercher une relation plus forte et plus conséquente n’a aucun sens.

Accepter les Lois de D.ieu par amour n’était qu’une introduction pour le peuple juif à une autre dimension de ses actes. Cette dimension-là fut atteinte au Mont Sinaï par toutes les âmes juives, car toutes étaient présentes à ce moment-là. Malgré les défaillances et les égarements de l’exil, ce lien entre les âmes juives et D.ieu est éternel, jusqu’à la fin des temps.