Chabbath Parachat Vayikra

31 mars, 1 er avril 2006 – 2, 3 Nissan 5766

Jérusalem Montréal Paris
Allumage des bougies 18 h 22 19 h 53 19 h 54
Sortie de Chabbath 19 h 35 21 h 00 21h 07

Œuvre de Madame Brigitte TEMAN

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser le Dvar Thora de cette semaine avec lequel nous poursuivons le deuxième chapitre des «Maximes des pères» (Pirké Avoth) en l'honneur du mariage de

Laurent Moché GHRENASSIA & Olivia Hanna LEVY

Les commentaires sur le premier chapitre ont fait l’objet d’un livre, le troisième volume de notre série «Dvar Thora». Le quatrième volume est déjà sous presse et nous espérons vous le faire parvenir dans les meilleurs délais.

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde, via Internet.

Cette année, nous avons accueilli la nouvelle promotion, ce qui porte le nombre des élèves de la Yéchiva à 140. Le corps enseignant compte dorénavant 16 membres.

Nous comptons sur l’aide de tous nos amis pour pouvoir assumer ce nouveau "challenge" qui permettra à la Yéchiva de poursuivre son essor.

Ce Dvar Thora est écrit pour la guérison (refoua chelema) du fils de Rav Eliahou Elkaïm,

‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov

Ces paroles de Thora sont également dédiées à la mémoire de

Messod ben Esther Harar

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Avec notre plus cordial Chabbath Chalom et Hodech Tov,

Rav Chalom Bettan


Chabbath Parachat Vayikra

31 mars, 1 er avril 2006 – 2, 3 Nissan 5766

Un regard destructeur

(Troisième partie)

Par le Rav Eliahou Elkaïm

Porter un regard malveillant sur les autres ( ayin hara ) a des conséquences sur son prochain mais aussi sur soi-même. Le Talmud va nous permettre de comprendre que cette notion est loin d’être une superstition…

«Rabbi Yéochoua disait: ‘Le mauvais œil, le mauvais penchant et la haine des créatures expulsent l’homme du monde’».

(Chapitre 2, Michna 11)

La semaine dernière, nous avons cité le Rav Dessler qui expliquait qu’un regard malveillant (ayin hara) est l’expression d’une force cachée qui réside en l’homme.

La volonté de D.ieu est déjà une réalité, une existence.

Dans la mesure où l’homme a été créé à l’image de D.ieu, il peut, dans certaines circonstances, et lorsqu’il concentre sa volonté de nuire, produire un effet destructeur sans même agir concrètement, par le simple biais d’un regard.

Cette semaine, nous allons découvrir la conclusion du Maharal et le développement du Hazon Ich, dans son style si personnel.

A la fin du texte que nous avons rapporté la semaine dernière, le Maharal concluait:

«L’homme doit être très vigilant pour protéger sa propre personne et ses biens du mauvais œil.

  • Sa propre personne: c’est exprimé dans le Midrach qui relate que Jacob a mis en garde ses fils lorsqu’ils se sont rendus en Egypte. Il leur a recommandé de ne pas entrer ensemble par le même portail, de peur de subir les effets du ayin hara (Yalkouth Mikets 42)
  • Ses biens: le Talmud nous enseigne à ce sujet: ‘Celui qui fait le commerce des joncs et des cruches ne jouira jamais de prospérité. Le volume de ces marchandises étant important, elles subiront les effets du regard malveillant (Pessa’him 50b).

C’est la raison pour laquelle nos maîtres nous ont enseigné que la bénédiction peut se poser uniquement sur ce qui reste à l’abri des regards, car on évite alors le risque du mauvais œil (Netivot Olam, Netiv Ayin tov fin du chapitre 1).

Un coupable punit un coupable

Toutefois, une question se pose.

On le sait, et c’est l’un des fondements de la foi (émouna), aucune créature ne peut causer de préjudice à qui que ce soit, si D.ieu n’a pas décrété que la ‘victime’ mérite ce châtiment.

Il n’empêche que celui qui a fait souffrir son prochain subira un châtiment divin pour ses actes.

Cet apparent paradoxe est expliqué par nos maîtres:

Un homme meurt ou subit un dégât matériel ou physique: c’est sans conteste la volonté de D.ieu.

Mais l’assassin ou le voleur reste pour autant un mécréant (racha) car il n’a pas cherché, par ses actes, à accomplir la volonté divine.

L’assassin ou le voleur, qui contreviennent aux lois de la Thora, sont donc pleinement responsables de leurs actes

Quoiqu’il en soit, D.ieu n’a pas besoin de lui pour mettre sa volonté en action. Le créateur ‘utilise’ le libre-arbitre de ce mécréant pour exécuter Sa sentence.

C’est ce que nos maîtres expriment en disant: «C’est par le biais d’un coupable que sera puni un autre coupable».

Dans ces conditions, pourquoi chercher à se protéger de l’œil malveillant?

S’il a été décrété qu’un homme doive subir un dommage, il le subira quoiqu’il arrive, par le biais de l’ayin hara ou par un quelconque autre moyen.

Si un homme n’a pas été jugé coupable dans les sphères célestes, rien ni personne ne pourra l’atteindre, aucun regard ni aucune volonté.

C’est à cette problématique que le Hazon Ich s’attelle dans son développement. Il interprète le texte du Talmud (Baba Batra 14a), qui relate le fait suivant:

«Il existe une loi qui demande, lors de l’écriture d’un Sefer Thora, de faire tous les efforts pour que le diamètre du rouleau corresponde exactement à la largeur du parchemin.

Rav Houna, qui écrivit soixante-dix Sifré Thora, n’y parvint qu’une seule fois.

Rav A’ha bar Yaacov, pour sa part, est parvenu dès la première tentative à obtenir le résultat escompté. Les Sages (‘ha’hamim) ont eu un regard malveillant à son égard, par jalousie, et il en est mort.»

Une seule pensée

Le Hazon Ich écrit:

«Sache que l’un des secrets de la création est que l’homme, par sa seule pensée, met en action des forces cachées qui se concrétisent dans le monde matériel.

Une banale pensée négative peut parfois provoquer la destruction d’éléments tangibles.

Nous trouvons de nombreux exemples dans le Talmud qui illustrent cette réalité.

C’est notamment le cas lorsque l’admiration des hommes se focalise sur une réussite éclatante. Ils peuvent alors mettre en danger cette réussite.

Bien évidemment, tout est décidé par D.ieu (bidé chamayim), et s’Il ne l’a pas décrété, une chose ne peut être détruite.

C’est seulement lorsque D.ieu l’a décidé, qu’un homme ou une chose pourront être détruits, parfois par le biais d’un regard malveillant.

C’est le sens de l’affirmation de Rav, dans le traité de Baba Metsia (107a), selon laquelle 99% des gens quittent ce monde parce qu’ils ont été frappés par le mauvais œil.

Cela signifie qu’après le jugement de Kippour, s’il a été décrété qu’une personne mourra dans le courrant de l’année, elle rencontrera, dans la majorité des cas, un regard malveillant qui causera sa mort.

C’est ainsi que l’on doit comprendre plusieurs texte du Talmud, notamment dans Bera’hot (58b), où l’on nous décrit l’émerveillement des Maîtres devant la sagesse de Rav Hanina fils de Rav Ika. Ils ont posé leurs yeux sur lui et il est mort.

Il devait de toute façon quitter ce monde, et cela est survenu par le biais de l’émerveillement des Maîtres.

Il est à supposer que tout homme d’exception (c’est le cas des maîtres de cette époque, Ndlr.) possède des aptitudes supérieures qui font que son regard est plus puissant que celui d’un autre.

C’est le sens de la phrase: ‘Ils ont posé leurs yeux sur lui et il est mort.’

Il nous reste cependant un texte dans Baba Metsia (84b) à expliquer:

« Rabban Chimon ben Gamliel (le père de Rabbénou Hakadoch, dit Rabbi) et Rabbi Yeochoua ben Kor’ha, qui étaient les grands de leur génération, étaient assis sur des bancs dans la maison d’étude. C’était la place que l’on réservait aux maîtres.

Rabbi Eléazar (fils de Rabbi Chimon bar Yo’haï) et Rabbénou Hakadoch, qui étaient encore jeune, étaient assis par terre, devant eux, pour discuter des sujets étudiés.

Les autres maîtres dirent alors: ‘Nous buvons les paroles de Rabbi Eléazar et Rabbénou Hakadoch, et ils sont assis par terre!

On leur fit préparer des bancs mais Rabban Chimon s’y opposa en leur disant:

‘J’ai un petit oiseau, Rabbi, mon fils, parmi vous, et vous voulez me le perdre?’

Et Rachi de commenter: «Car il risque d’être frappé par le mauvais œil s’il est,à son âge, déjà assis sur un banc.»

On fit donc redescendre Rabbi et on l’installa à nouveau par terre.»

Quel était donc le souci de Rabban Chimon, si le mauvais œil ne peut atteindre une personne que le Ciel n’a pas jugée ‘coupable’, et devant mourir?

C’est que, lorsque l’homme se trouve en situation de danger, le Satan se présente en accusateur devant D.ieu.

L’homme en question va alors devoir passer au crible du jugement divin. Sans cette accusation particulière, le jugement aurait pu être en sa faveur, mais lorsque l’on éveille une rigueur singulière, les données changent, et le jugement est plus tranchant.

Se mettre en situation où l’on peut être l’objet d’un regard malveillant signifie se mettre en danger, et provoquer le Satan. Cela peut donc changer les données du jugement divin.

C’est ce que Rabban Chimon ben Gamliel voulait éviter à son fils.»

(Hazon Ich, Baba Batra, Likoutim chap.21)

On le voit, un regard malveillant peut provoquer des situations et des conséquences qui échappent à celui qui le portent, et à celui qui en est l’objet.

Mais ce que nous percevons tous, c’est le bienfait particulier qu’il y a de vivre en toute discrétion. «Pour vivre heureux, vivons cachés», dit le dicton.

Chabbath Chalom


Commentaires sur la Parachat Vayikra

L’offrande merveilleuse

Par le Rav Eliahou Elkaïm

La première partie du Lévitique est consacrée presque exclusivement aux lois concernant les offrandes apportées au Temple. Face à cet acte sacrificiel que nous ne connaissons malheureusement plus, nous sommes parfois déroutés. C’est pourtant l’occasion d’un accès direct aux sphères les plus spirituelles…

Dans son commentaire (Vayikra 1-9), Na’hmanide perçoit dans l’expression de la Thora « une combustion d’une odeur agréable au Seigneur », le sens caché et profond des sacrifices. Il cite ensuite Maïmonide, qui donne une nouvelle approche du sujet dans « Le Guide des égarés », approche que conteste Na’hmanide avec beaucoup de véhémence !

D’après Maïmonide, les offrandes représentent un moyen de lutter contre l’influence dangereuse des peuplades voisines du peuple juif, les Chaldéens et les Egyptiens. Ces derniers considéraient les animaux, notamment les agneaux et les brebis, comme l’incarnation d’une divinité, liée aux signes du Zodiac. Ainsi, ces animaux « divins » étaient protégés par ces peuplades.

D’autres civilisations, dont il reste encore aujourd’hui des représentants, voyaient dans la vache un « être divin ».

Pour Maïmonide, le sacrifice de ces bêtes en offrande au Créateur, permet d’écarter ces croyances du cœur des Juifs. Ayant consolidé sa foi en un D.ieu unique, le peuple d’Israël pourra mériter le pardon divin.

Fausses croyances

Contre cette théorie, Na’hmanide émet de très fortes objections.

D’abord, comment concevoir que ce qui est décrit comme « pain divin, d’une odeur agréable au Seigneur », ne soit qu’un moyen didactique pour une prise de conscience de la futilité des croyances païennes ?

En outre, le principe des offrandes ne date pas de cette époque et remonte bien avant les Chaldéens et les Egyptiens. Abel, puis Noé, offraient déjà des présents au Créateur. D’après nos maîtres, Adam lui-même a sacrifié en l’honneur de D.ieu. Si ce n’est pas dans l’optique d’une lutte contre des coutumes païennes, quel était donc le but de ces sacrifices ?

Plus encore, sacrifier ces animaux sur l’autel divin aurait pu entraîner l’effet inverse : renforcer le caractère supérieur de ces bêtes. Pour lutter contre les fausses croyances, et dissiper le prétendu pouvoir surnaturel de ces animaux, mieux aurait valu inciter à la consommation de leur viande.

En fonction de ces arguments, Na’hmanide propose une autre explication.

L’acte humain est composé de trois éléments : « Maassé, Dibour, Mahachava ». L’acte, la parole et la pensée.

Si l’on veut réparer les mauvais actes des hommes, il faut agir sur ces trois pôles. Et les différents stades du déroulement du sacrifice sont en rapport avec ces éléments.

Il faut d’abord appuyer ses mains sur la tête de l’animal, ce qui représente l’acte. Ensuite, il faut confesser sa faute, ce qui est lié à la parole. Les organes internes de la bêtes qui sont consumés sur l’autel sont en rapport avec les organes liés à la pensée et la convoitise.

On retrouve ensuite le symbole de l’âme elle-même dans le sang versé sur l’autel, et celui de l’action proprement dite avec les pattes de l’animal.

Ce cérémonial très réglementé, a pour but d’éveiller en l’homme la sensation profonde que sa faute aurait du entraîner qu’il subisse le sort de cette bête. Car les trois éléments qui constituent son acte ont été touchés et salis par cette faute.

En « s’identifiant » à la bête au moment du sacrifice, l’homme ressent profondément sa faute et peut ainsi accéder au pardon de D.ieu.

Na’hmanide ajoute que cette explication est la plus proche de notre perception.

La Kabbale, elle, nous dévoile un sens plus profond du sacrifice.

Il est important de préciser que, dans la mesure où le but ultime de toute créature est de se rapprocher de son Créateur, le fait d’être sacrifiée sur l’autel divin est une élévation et un mérite pour la bête elle-même, qui remplit ainsi son rôle de façon absolue.

Se rapprocher de son Créateur

En réalité, l’explication de Maïmonide n’exclue en rien d’autres sens, plus profonds, du sacrifice. Ce dernier, dans un autre texte (Yad ha’hazaka, Lois de Meïla, chap. 8-8) apporte un nouvel éclairage au sujet.

« L’homme a le devoir d’approfondir sa compréhension du sens des lois de la Thora et de trouver des explications selon ses moyens. Cependant, s’il ne trouve pas de raisons à ces lois, il ne doit pas réagir avec légèreté et utiliser sa réflexion comme pour un sujet profane. »

La Thora nous enjoint : « Vous observerez tous Mes décrets et toutes Mes règles ».

Les règles (Michpatim) sont les lois dont la raison est rationnelle et claire, comme par exemple l’interdiction de voler ou de tuer, ou l’obligation de respecter ses parents.

Les décrets (’Houkim) sont des lois dont le sens est plus caché, comme par exemple les lois concernant les aliments, et la vache rousse. La Thora nous enjoint à ne pas nous poser des questions sur ces lois et à ne pas hésiter à les accomplir.

C’est seulement en accomplissant les lois et les décrets que l’on peut prétendre au monde futur.

Toutes les lois des offrandes (Korbanoth), ajoute Maïmonide, font partie de la catégorie des décrets. C’est ce que nos maîtres nous ont enseigné dans la Michna de Pirké Avoth (1 ; 2) : le monde existe et subsiste grâce au service divin que sont les offrandes.

Maïmonide développe ici un principe fondamental : il faut s’efforcer, autant qu’on le peut, de comprendre le sens des décrets, sans que cette approche nous fasse perde de vue le but primordial des mitsvoth: l’effacement total devant l’aspect transcendant de ces lois.

Ajoutons à cela un élément linguistique. «Sens» en hébreu se dit « taam », qui possède une deuxième acception : « goût ». Il faut chercher à trouver du goût dans l’accomplissement des mitsvoth sans les soumettre totalement à notre esprit cartésien. Ce serait les vider de leur substance : s’effacer devant la volonté divine.

Nous comprenons mieux à présent la conception du sacrifice de Maïmonide dans le « Guide des égarés. » La réaction aux théories païennes est l’explication la plus appréhendable par l’esprit humain. Mais cette explication n’exclue en rien d’autres raisons, bien plus cachées.

Le premier pilier du monde

Maimonide a cité la Michna dans Pirké Avoth (1 ; 2) : « Le monde repose sur trois piliers : la Thora, le service divin, et la bienfaisance. »

Le commentaire de Rabbi ‘Haïm de Volozhine « Rouah ‘Haïm » sur cette Michna permet d’accéder à une compréhension plus profonde des sacrifices.

Rabbi ‘Haïm de Volozhine explique que cet axiome est le véritable « mode d’emploi » de la création toute entière.

D’après nos maîtres, le monde matériel dans lequel nous vivons ne fonctionne que grâce à l’abondance (chefa) qui provient des sphères célestes, et qui est retransmise à notre univers. Mais cette abondance ne peut être produite que par une seule chose : l’étude de la Thora.

C’est ainsi que nous pouvons comprendre nos maîtres quand ils affirment que si un seul instant, à tous les points du globe, l’étude de la Thora s’arrêtait, le monde cesserait d’exister.

Grâce à l’étude de la Thora, se créé, dans les sphères célestes, le carburant qui fait fonctionner l’humanité. La Thora est donc le premier pilier du monde.

Le deuxième pilier, le service divin, remplit un autre rôle, celui de rattacher le monde matériel aux sphères célestes, permettant ainsi à l’abondance de parvenir à l’humanité.

Le service divin remplit une fonction qui complète l’étude de la Thora, même si elle fonctionne dans un sens inverse : l’étude des textes saints agit directement dans le monde de l’esprit alors que le service divin élève le monde matériel et le rattache à la divinité.

C’est la raison pour laquelle les offrandes sont constituées de tous les éléments qui forment notre univers. Le monde inerte est représenté par le sel.

Le monde végétal par les farines, l’huile, le vin et les encens, le monde animal par les bêtes sacrifiées sur l’autel. Ces éléments, déposés et brûlés sur l’autel de D.ieu, peuvent ainsi être rattachés aux sphères célestes et créer de cette façon le lien entre le monde matériel et le monde supérieur.

C’est une véritable science que devait maîtriser les prêtres. C’est ce qu’explique le Ram’hal (Rabbi Moché ‘Haïm Luzzato) dans son ouvrage « Daat Tevounoth ». Les prêtres devaient posséder la Connaissance qui leur permettait, à travers leurs intentions au moments du service divin, (Kavanoth), de relier chaque élément de la création à son Créateur.

C’est à ce propos que le prophète Mala’hi (2 ; 7) déclare : « C’est que les lèvres du Pontife doivent conserver la science ».

Depuis la destruction du Temple, le monde n’a plus mérité de posséder ce moyen de faire fonctionner la Création.

D’après nos maîtres, le rôle extraordinaire rempli par les prêtres à travers le service divin a été remplacé par les prières du peuple d’Israël.

Les secrets de la Création

C’est pour cela que chacune de nos prières quotidiennes est liée à l’une des offrandes journalières.

Cha’hrit correspond à l’offrande du matin (Korban hatamid chel cha’har).

Min’ha à l’offrande de l’après-midi (Korban hatamid chel ben ha’arbanïm).

Arvit aux parties des offrandes qui étaient brûlées sur l’autel durant la nuit.

Moussaf correspond aux offrandes spéciales sacrifiées le chabbat, Roch ‘Hodech et les fêtes.

Rabbi ‘Haïm de Volozhine ajoute que ce n’est pas sans raison que les textes de nos prières ont été composés par les membres de la Grande Assemblée, dont plusieurs étaient prophètes. Car il fallait créer un texte, qui par son sens caché, aurait le même effet que le service divin accompli par les prêtres, ces derniers ayant accès aux subtilités de la Kabbale et aux secrets de la Création.

Le prières du peuple juif possèdent donc une amplitude d’action tout à fait extraordinaire. Le bon fonctionnement de toute la création étant lié directement à la qualité de ces prières.

Grâce à cet éclairage, les mots de notre prière quotidienne (Amida du chmoné essré) trouvent un sens tout particulier :

Agrée, Eternel, notre D.ieu, Ton peuple et sa prière. Rétablis le service dans le parvis de Ta maison. Les offrandes d’Israël et sa prière, accepte-les avec amour et bienveillance. Que le service de Ton peuple Israël Te soit toujours agréable.

Chabat Chalom