CHABAT TEROUMA

24 FEVRIER 2007 – 6 ADAR 5767

Jérusalem Paris Miami/Montreal
Allumage des bougies16.5218.0517.14
Sortie de Chabbath18.0918.1218.08

Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser deux Dvar Thora sur la paracha de la semaine consacrés à la mémoire de Monsieur

Moche ben itshak koskas.

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde, via Internet.

Cette année, notre Institution a emménagé dans un nouveau bâtiment, qui porte dorénavant le nom de BEIT YEHOUDA VEHANA au nom de la famille qui a contribué au financement de cette acquisition ; notre reconnaissance est infinie tant pour cette famille que pour tous nos généreux donateurs et amis.

Le bâtiment est situé face au Mont HERZL et nous serons toujours heureux de pouvoir vous y accueillir avec les 18 enseignants, les 10 avrehim et les 153 étudiants.

Pour visualiser les photos et le film d'inauguration du bâtiment à Jérusalem vous pouvez cliquer sur le lien suivant :

http://www.daathaim.org/evenement/index.php

Ce Dvar Thora est écrit pour la guérison (refoua chelema) du fils de

Rav Eliahou Elkaïm,

‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Avec notre plus cordial Chabbat Chalom,

Rav Chalom Bettan


L’amour, sans aucun calcul

Par le Rav Eliahou Elkaïm

Faire don de pierres précieuses d’une valeur inestimable peut paraître le summum de la générosité. La Thora va nous faire découvrir d’autres aspects, cachés et subtils, de cette vertu. Et la valeur financière n’y occupe pas la place la plus importante…

La paracha de cette semaine commence par l’ordre divin qui invite les membres de la communauté d’Israël à apporter leurs offrandes pour la construction du sanctuaire.

La Thora énumère, dans un ordre spécifique, les différents éléments requis pour la fabrication du sanctuaire.

« Et voici l’offrande que vous recevrez d’eux : or, argent et airain ; de l’azur, de la pourpre, de l’écarlate, du lin et du duvet de chèvre ; des peaux de béliers teintes en rouge, des peaux de tahach et des bois de chitim ; de l’huile pour le luminaire, des aromates pour l’huile d’onction et pour la combustion des parfums, des pierres de choham et des pierres à enchâsser, pour l’éphod et pour le Hochen» (Exode 25 ; 3-7).

On le voit, ces éléments sont cités dans un ordre qui correspond à celui de leur valeur financière : l’or y figure en première place, suivi par l’argent et l’airain, précédant ainsi l’azur, le pourpre…

Pourtant, les pierres de choham et les pierres à enchâsser se trouvent en fin de liste, alors que, d’après les enseignements de nos maîtres, la valeur de ces pierres précieuses dépassait de très loin celles des autres offrandes.

Le Talmud rapporte (Kiddouchin 31a) que les maîtres d’Israël ont payé la somme fabuleuse de 800 000 pièces d’or à Dama ben Nétina en échange des pierres à enchâsser dans le Ephod.

[D’après le Talmud de Jérusalem (Péa 3a), c’est une seule des pierres, celle de Benjamin le Jaspe, qui a été perdue et qu’il fallait remplacer.]

Comment comprendre, dans ces conditions, leur position en fin de liste dans l’énumération des offrandes ?

' La manne et les perles

Rabbi ‘Haïm ben Attar (le Or Ha’haïm hakadoch) soulève la question dans son commentaire et propose deux réponses qui vont nous permettre de découvrir la subtilité avec laquelle la Thora analyse les actions humaines.

Dans la paracha Vayakhel, l’écriture précise que ce sont les phylarques, les princes de la communauté (Nessiim) qui offrirent ces pierres.

« Quant aux phylarques (Nessiim), ils apportèrent les pierres de choham et les pierres à enchâsser, pour l’Ephod et le pectoral » (Exode 35 ; 27)

Nos maîtres (Talmud Yoma 75a) précisent également la provenance de ces pierres, en utilisant un deuxième sens du mot Nessiim. Car Nessiim en hébreu peut également être compris comme « nuages » (cf. Proverbes 25 ; 14)

Cela exprime le fait que des nuages répandent en même temps que la manne, des pierres précieuses et des perles.

Les princes trouvèrent ces pierres avec la manne qui leur était réservée (voir également Chemoth Rabba 33 ; 8)

A partir de ces éléments, le Or Ha Haïm explique la raison pour laquelle ces pierres sont citées en dernier dans l’ordre des offrandes.

Les princes n’ont pas eu à fournir de grands efforts pour se procurer ces pierres.

C’est pourquoi, même si la valeur marchande de ces pierres est bien plus élevée que celle des autres offrandes, le don (nédava) des princes ne peut atteindre la même valeur intrinsèque que celui des autres membres de la communauté d’Israël, qui offrirent des biens acquis par leurs efforts personnels.

'« Maître du monde, est-ce que les Juifs en sont capables ? »

Pourtant, une objection semble inévitable :

Ce n’est pas un hasard si ce sont les princes, et eux seuls, qui ont mérité de trouver dans la manne ces pierres précieuses d’une valeur inestimable.

C’est D.ieu Lui-même qui les leur a accordées, et ce miracle ne peut être expliqué que par leur très haut niveau moral et leur aspiration profonde et sincère. C’est seulement cette aspiration, qui habitait tout leur cœur, d’être à même d’offrir ces pierres, qui leur fit mériter cette réponse divine.

C’est ce que le Midrach (ibid.) exprime :

« Lorsque D.ieu a présenté à Moïse le plan du Tabernacle, ce dernier s’est étonné :

‘Maître du monde, est-ce que les Juifs seront capables de le fabriquer ?’

D.ieu lui répondit :

‘Même un seul Juif peut en être capable’ »

Ainsi l’exprime le verset : « De tout homme qui sera porté par son cœur » (Exode 25 ; 2)

Les ‘hahamim disent : la preuve que tout homme est capable potentiellement de construire le sanctuaire, c’est que la manne était accompagnée de pierres précieuses et de perles, ce qui prouve que lorsqu’un homme désire de tout son cœur réaliser une bonne action, D.ieu lui envoie les moyens pour ce faire. (Chemoth Rabba 33 ; 8)

Ce que D.ieu demande aux êtres humains, c’est de vouloir de façon sincère et profonde.

Car le résultat reste, quoiqu’il en soit, l’apanage de D.ieu.

« Je crie vers le D.ieu suprême, vers le TOUT-PUISSANT qui termine la tâche pour moi (lakel gommer alaï) » (Psaumes 57 ; 3)

C’est cet enseignement que D.ieu a voulu nous transmettre en prodiguant des pierres précieuses aux princes.

D.ieu n’avait pas besoin des princes pour que Moïse dispose des richesses nécessaires à l’édification du tabernacle. D.ieu aurait pu les envoyer directement à Moïse.

Mais les princes, par leur volonté et leur aspiration extraordinaire à vouloir participer à cette construction à la gloire du Créateur, vont déclencher cette aide divine et mériter d’être ceux qui vont offrir ces pierres (cf. Or Guedaliahou ibid. et Chem Michmouel année 5674).

' Une partie de soi-même

Et pourtant… il n’en reste pas moins que ces pierres d’une valeur inestimable figurent en fin de liste !

Malgré leurs aspirations élevées, qui leur ont fait mériter de recevoir ces joyaux, il manquait aux princes l’élément de l’effort.

Rabbi ‘Haïm Chmoulevitz (Sihoth Moussar volume 2 p. 77) va nous éclairer plus encore.

L’effort crée un lien puissant entre l’homme et le résultat de son action.

Ce qu’il a obtenu en peinant devient véritablement une partie de lui-même.

Offrir le résultat de ses efforts permet à l’homme d’exprimer une nouvelle dimension de sa générosité de cœur (nedivout lev) envers D.ieu.

Ce geste sublime élève le don à un niveau que même les pierres précieuses des princes n’ont pas atteint.

Rabbi Haïm Schmouelevitz va plus loin encore : C’est D.ieu qui a voulu que la nature humaine lie d’une façon si forte l’homme au fruit de son labeur, à la différence des autres créatures.

Pourquoi une telle décision ? Pour que l’homme puisse exprimer avec éclat, sa générosité de cœur, quand il se sépare du fruit de ses efforts, donc d’une partie de lui-même, pour une cause sacrée.

C’est là le secret de la Présence divine, qui va reposer sur des éléments matériels dans le Temple, chose à priori inconcevable, et rendue possible par le caractère spirituel donné au matériel par le biais de la générosité de cœur des Juifs (nedivout lev)

On comprend à présent le rôle fondamental de cette nedivout lev et que dans une certaine mesure, son niveau était moindre chez les princes.

Le Or Ha’haïm apporte une deuxième explication pour répondre à la question de l’ordre des offrandes.

Une grande noblesse

Rachi (Nombres 35 ; 27) rapporte les paroles de nos maîtres sur ce verset :

« Rabbi Nathan demande : ‘Pourquoi les phylarques apportèrent-ils leur offrande pour la fabrication du sanctuaire en dernier lieu, comme il ressort du texte de la Thora à ce sujet (Parachat Vayakhel), alors qu’ils seront les premiers à venir apporter leurs offrandes lors de l’inauguration du Sanctuaire (Nombres 7) ?

C’est qu’ils se disaient : « Que la communauté offre ce qu’elle a à offrir et nous compléterons ce qui manquera »

Or, quand le peuple eut apporté ses dons, il ne manqua que les pierres de choham et les princes ne purent rien apporter d’autre.

Ils furent blâmés pour ce manque d’empressement, et c’est ce qui explique que le mot nessiim est écrit sans la lettre Youd, pour suggérer que leur don ait été diminué.

C’est pour cette même raison, poursuit le Or Ha’haïm, que les pierres sont citées en dernier, leur don par les Nessiim ne parviendra pas à la même valeur absolue que celle des autres membres de la communauté, qui s’empresseront pour leur part d’apporter leur participation.

Rabbi ‘Haïm Chmoulevitz développe, à nouveau, le sens caché des paroles de nos maîtres.

' Une mitsva sublime

A première vue, la proposition des Nessiim paraît témoigner d’une grande noblesse.

Proposer de combler, quelque que soit son ampleur, ce qui ne sera pas couvert par les offrandes, semble provenir d’une générosité et d’une grandeur d’âme inégalée.

Et effectivement, ce sont les Nessiim qui vont apporter ce qu’aucun membre de la communauté ne pourra fournir : les pierres précieuses.

Mais la Thora connaît les secrets les plus subtils de l’âme et elle nous révèle que se cache dans cette attitude une très légère trace d’un manque d’entrain, de paresse (atslouth)

Nous retrouvons cette idée dans le texte du Chema Israël, et cela nous aidera à mieux comprendre ce qui est reproché au Nessiim.

La mitsva de kidouch Hachem (sanctification du Nom divin), mitsva qui veut que l’on choisisse la mort plutôt que de renier le Nom divin est exprimée par le verset :

« Tu aimeras l’Eternel ton D.ieu de tout ton cœur » (Deutéronome)

Pourquoi avoir choisi cette formulation ? En quoi l’ordre d’aimer D.ieu inclut-il la mitsva de kidouch Hachem ?

Celui qui aime ne fait aucun calcul, il ne réagit pas forcément en fonction de la logique.

C’est en aimant véritablement D.ieu de tout son cœur, que l’on sera porter à accomplir cette mitsva sublime.

Si les princes avaient parfaitement possédé cette caractéristique de générosité de cœur, ils n’auraient pas fait le moindre calcul.

Ils auraient souhaité être les premiers à participer à l’offrande pour le sanctuaire.

Malgré le niveau extraordinaire des nessiim, niveau qui leur a fait mériter le miracle des pierres dans la manne, ils sont passés à côté d’un point fondamental : la Thora nous apprend que l’homme doit être sans cesse sur le qui-vive, prêt à agir quand il faut faire une mitsva.

Il doit, en permanence, se méfier de lui-même. Et quand un calcul, le plus logique et le plus sérieux du monde, lui fait penser qu’il devrait repousser l’accomplissement d’une mitsva, il lui faut immédiatement prendre conscience qu’il y a peut-être, à l’origine de sa décision, un soupçon de paresse, de manque d’entrain.

L’enseignement que nous a livré l’ordre des offrandes nous concerne tous, aujourd’hui plus que jamais…


Le sanctuaire du cœur

Par le Rav Eliahou Elkaïm

La paracha de cette semaine décrit en détail les consignes données par D.ieu à Moïse, concernant la fabrication du tabernacle. Par delà les descriptions techniques, c’est le principe de la Présence divine qui nous est dévoilé.

Dès le début, l’objectif est clair :

« Et ils me construiront un sanctuaire, pour que Je réside au milieu d’eux. » (Exode 25 ; 8).

Le dernier mot de ce verset « beto’ham », se traduit littéralement « en leur intérieur » A priori, « en son intérieur », aurait été plus adéquat, en référence à l’intérieur du sanctuaire.

De cet étonnant pluriel, nos Maîtres déduisent que ce verset possède un double sens : ce n’est pas seulement dans le sanctuaire que D.ieu va résider, mais aussi à l’intérieur de chaque Juif, plus précisément dans le cœur de chacun. C’est ce que nos Maîtres appellent Hachraat Hache’hina : la proximité divine.

Toutefois, une question est soulevée : pourquoi avoir lié la présence de D.ieu dans le cœur des Juifs avec la construction du sanctuaire ?

Et Moïse fit quelques pas en arrière…

Plus encore, l’idée même de limiter la Chehina à l’enceinte du tabernacle paraît contredire le principe fondamental d’omniprésence contenu dans la prière que nous répétons trois fois par jour, en prononçant la Kedoucha :

« Saint, saint, saint est l’Eternel Cebaoth, la terre est pleine de sa gloire.»(Isaïe, 6 ; 3).

Moïse lui-même fut frappé par cette apparente contradiction (Midrach Yalkouth Chimoni chap. 365) :

« A trois reprises, Moïse a été effrayé par les paroles de D.ieu, au point de faire plusieurs pas en arrière. Lorsque D.ieu lui adressa l’ordre de construire un sanctuaire pour résider parmi eux, Moïse a répondu : « Maître du monde, il est écrit : « Le ciel et tous les cieux ne pourraient Te contenir » (Rois 1 ; 8, 27) et Tu ordonnes de construire un sanctuaire ?

D.ieu répondit à Moïse : « Ce n’est pas comme tu le penses, vingt poteaux, du côté Nord, vingt du côté Sud et huit à l’Ouest et Je descendrai et limiterai la Chehina ici-bas comme il est écrit : « C’est là que Je te donnerai rendez-vous » (Exode 25 ; 22) ».

Si la question de Moïse semble claire, la réponse de D.ieu est moins évidente.

Deux autres textes vont éclaircir notre compréhension du concept de la proximité de D.ieu.

Le septième ciel

« Semblable à tout ce que je t’indiquerai, c’est-à-dire au plan du tabernacle et de toutes ses pièces, et vous l’exécuterez ainsi » (Exode 25 ; 9). Rabbi Ovadia Sforno (XVème siècle) explique : « Tout ceci pour que je puisse résider parmi vous, pour te parler (à Moïse), et recevoir les prières et les offrandes d’Israël. » Cette situation sera différente de celle qui a précédé la faute du veau d’or. Car alors, la Chehina se trouvait partout, comme il est écrit : « En quelque lieu que je fasse évoquer Mon Nom, je viendrai à toi pour te bénir. » (Exode 20 ; 21).

Le Midrach (19 ; 13) précise : « Après la création, la Chehina se trouvait dans le monde ici-bas. Après la faute d’Adam, elle est retirée dans le premier ciel ; après la faute de Caïn, dans le deuxième ; Après la génération d’Enoche, dans le troisième, après la génération du déluge, dans le quatrième ; après la génération de la tour de Babel, dans le cinquième ; Après Sodome au sixième, et à l’époque de l’Egypte, du temps d’Avraham, dans le septième ciel. »

Contre ces fautes qui font « fuir » la Chehina, sept hommes justes la font revenir. Il s’agit d’Avraham, qui l’a fait redescendre au sixième ciel, Isaac au cinquième, Jacob au quatrième, Lévy au troisième, Kehat au deuxième, Amram au premier et Moïse qui l’a fait redescendre sur terre, comme il est écrit : « Le Seigneur est descendu sur le mont Sinaï » (Exode 19 ; 20). »

Comme le Sforno l’a indiqué, après la faute du veau d’or, la Chehina a quitté notre monde pour retourner dans les cieux.

Mais quelle est la signification véritable de la présence de la Chehina ? Un texte de la Hagada de Pessa’h nous aidera peut-être à comprendre le sens de ce concept de la Chehina.

« Et Il nous fit sortir de l’Egypte avec une main puissante et un bras étendu, en imprimant la terreur, en opérant signes et prodiges. » (Deutéronome 26 ; 8).

« Bemora gadol se traduit en général par « en imprimant la terreur ». Pourtant, la Hagada rapporte une explication différente de nos maîtres : « Bemora gadol » : c’est l’apparition de la Chehina.

Quel rapport y a-t-il entre la terreur et la Chehina ? Et pourquoi D.ieu a-t-il dévoilé sa Présence au moment de la sortie d’Egypte ?

La lumière divine

Le Sefat Emeth explique que voir la Chehina signifie percevoir dans son cœur de façon claire et sans équivoque la main de D.ieu qui dirige notre monde. Cette perception parfaite eut lieu au moment de la sortie d’Egypte, lorsque D.ieu s’est dévoilé de façon éclatante. La conséquence automatique de cette perception est la crainte profonde du Créateur qui s’installe dans les cœurs. Ce n’est pas par hasard que le mot « YIREA » (crainte) comporte exactement les mêmes lettres que « REYIA » (vue). Voir la main de D.ieu permet au cœur de ressentir la crainte véritable de D.ieu.

En réalité, toute la création est décrite par nos maîtres comme une réduction de la lumière divine qui cache, derrière l’opacité de la matière et des lois naturelles, le caractère absolu de la Divinité.

Au départ, cette opacité laissait passer une lueur claire, la Che’hina. Celui qui le souhaitait pouvait percevoir la main de D.ieu. C’est la dégradation du niveau spirituel et moral du monde depuis la faute d’Adam jusqu’à la perversion de l’Egypte, qui a atténué, petit à petit et par étape, cette lueur. C’est ainsi que l’on peut comprendre le phénomène de la Chehina qui se réfugie dans les cieux.

Les patriarches ont permis au monde de retrouver une proximité plus grande avec la Chehina. Et c’est seulement lors de la révélation au mont Sinaï que le monde a pu revenir à son état initial. La réalité divine est devenue éclatante, et parallèlement, la crainte profonde du créateur a pu s’installer dans les cœurs des Juifs.

C’est ce que Moïse a expliqué après la révélation sinaïtique : « Moïse répondit au peuple : Soyez sans crainte ! C’est pour vous mettre à l’épreuve que le Seigneur est intervenu, c’est pour que Sa crainte soit toujours présente en vous, afin que vous ne péchiez point. » (Exode 20 ; 17).

Evidemment, le libre-arbitre a continué d’exister, comme il le fut pour Adam, mais dans un contexte où D.ieu était beaucoup plus présent.

Malheureusement, cette situation idéale n’a pas perduré. La faute du veau d’or a fait régresser toute l’humanité et même le repentir du peuple d’Israël n’a pas suffit à faire revenir la Présence de la Chehina dans notre monde.

Le monde ne méritera plus de voir la Chehina de façon éclatante.

C’est alors qu’une nouvelle formule est proposée par D.ieu.

La lumière devint lueur

Le principe fondamental du « Tsimtsoum » (réduction de la lumière divine), dont nous avons parlé plus haut et qui permet à notre monde d’exister, va être utilisé pour « réduire », pour limiter la Présence divine à un espace matériel déterminé, celui du sanctuaire.

Dans cette enceinte, on pourra percevoir clairement la main de D.ieu qui dirige ce monde, et de ce fait, renforcer sa crainte du Ciel.

Ainsi, la Chehina pourra rayonner dans le cœur de tous ceux qui s’y prépareront.

On comprend à présent le lien entre le sanctuaire et la Présence divine dans les cœurs.

Posséder la Chehina en soi (dans son intérieur), signifie que le cœur perçoit la main divine, permettant de ressentir une crainte permanente du Maître de ce monde. Le but fondamental de la résidence de D.ieu dans notre monde est atteint.

Depuis la destruction du Temple, nous n’avons malheureusement plus mérité d’avoir la Chehina parmi nous. Cette perception visuelle, si limitée qu’elle fut, ayant disparue.

Nos maîtres nous enseignent que la Chehina est toujours présente. Moins claire, moins éclatante, elle existe tout de même, dans les lieux de prières et d’étude. A condition toutefois de respecter la sainteté de ces « petits sanctuaires ».

A travers l’étude, la réflexion et la prière, soutenues par une volonté forte, il nous est toujours donné de percevoir la main de D.ieu qui dirige le monde, parvenant ainsi à réaliser le but ultime de la création.

« C’est pour que sa crainte soit toujours présente en vous, afin que vous ne pêchiez point. »