CHABAT VAYICHLAH

24 NOVEMBRE 2007 – 14 KISLEV 5768

Jérusalem Paris New York
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Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser un Dvar Thora sur la paracha consacré au mariage de Michael MESSAS & Rebecca BAROUCH.

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde, via Internet.

Notre Institution a emménagé dans un nouveau bâtiment situé face au Mont HERZL où nous serons toujours heureux de vous accueillir ; ce bâtiment porte dorénavant le nom de BEIT YEHOUDA VEHANA au nom de la famille qui a contribué au financement de cette acquisition ; notre reconnaissance est infinie tant pour cette famille que pour tous nos généreux donateurs et amis.

Nous avons démarré depuis Roch Hodech Hechvan la nouvelle session d'études et y avons accueilli 44 nouveaux élèves sélectionnés parmi des centaines de candidats. Nous aurons donc 180 élèves internes à la Yéchiva et 210 personnes au Beth Hamidrach, avec les enseignants et étudiants externes. Nous grandissons grâce à votre aide : il y a neuf ans,nous étions9 !

Ce Dvar Thora est diffusé pour la guérison (refoua chelema) du fils de

Rav Eliahou Elkaïm,

Haïm Yéhouda ben Mazaltov

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Chabat Chalom.

Rav Chalom Bettan


Une rencontre pour l’éternité

Par le Rav Chalom Bettan

Yaacov quitte son terrible beau-père Lavan et se dirige vers la terre d’Israël. Pour lui annoncer son retour, il envoie des messagers à son frère Essav, qui réside à Séïr. Cette rencontre sera véritablement historique, car elle va marquer et fixer nos relations avec les autres Nations pour le reste de l’éternité…

Quand Essav reçoit la visite des messagers de son frère, il n’est pas dans de très bonnes dispositions. En fait, il est plein de haine pour son frère Yaacov, qu’il considère comme celui qui lui a usurpé son droit d’aînesse et qui lui a volé les bénédictions de son père, Isaac.

Il décide donc de lever une troupe armée et se dirige vers Yaacov pour le tuer.

Cette rencontre, dans tous ses détails, y compris l’attitude de chacun des protagonistes, va fixer pour toujours le type de relations que le peuple juif entretiendra avec le reste des Nations. La compréhension de cette situation particulière donne une perspective globale des équilibres en jeu.

« L’action des pères est un signe pour leurs enfants », commentent nos sages Dans le mot « signe », il faut comprendre « l’acte qui fixe le niveau » de toutes les nations pour toujours. L’action des pères marque le niveau spirituel de leurs enfants. Car il faut savoir que le niveau des peuples, du peuple juif comme celui des autres, est en fait leur niveau spirituel.

Un antagonisme permanent

Nos Sages de mémoire bénie, font état de soixante-dix nations, et de deux chefs de files, que sont Essav et Ismaël. Leur rivalité est constante et incontournable. Actuellement, nous assistons à la résurgence de cette lutte qui opposent ceux qui veulent imposer au monde les valeurs tronquées qu’ils représentent.

D’un côté, nous avons Ismaël, fils d’Avraham, mais qui n’est que le fils de la servante. Et quoiqu’il arrive, il se comporte comme un usurpateur.

Dans la Thora, Ismaël ne possède pas de rois, seulement des chefs de peuplades, ce qui montre qu’Ismaël n’accédera jamais à un statut de dirigeant. « Tels sont les fils d’Ismaël et tels sont leurs noms, chacun dans la bourgade et dans son domaine : douze chefs de peuplades distinctes. » (‘Hayé Sara, 25 ; 16)

Quant à Essav, on voit dans la Parachat Toldoth, qu’il n’est pas à la hauteur de sa mission. Izt’hak aurait souhaité que les deux frères, Yaacov et Essav, soient associés dans la mission qu’Hachem a confié au peuple juif : Essav pour la réalisation matérielle, Yaacov pour les orientations spirituelles.

Or, Rivka constate qu’Essav n’est pas au niveau des espérances de son père : il n’a pas la carrure ni la droiture requise. Malgré tout, Essav parviendra à obtenir une bénédiction de son père : quand Yaacov baissera de niveau, Essav prendra le dessus. Ainsi, Yaacov n’a pas le droit à l’erreur ; s’il faute, s’il ne tient plus son rôle, c’est Essav qui dirige le monde.

Depuis la destruction du Temple, le peuple juif a perdu son indépendance spirituelle et a dû laisser Essav, l’Occident, prendre le pouvoir. Quand elle parle d’Essav, la Thora, dans notre paracha, le désigne sous le terme de Roi : « Ce sont ici les Rois qui régnèrent dans le pays d’Edom, avant qu’un roi régnât sur les enfants d’Israël. » (Vayichla’h, 36 ; 31).

Cette différence de statut, entre Ismaël et Essav, soulignée par la Thora, apparaît dans les contrastes qui existent entre l’Orient et l’Occident.

Nos Sages expliquent que cette lutte est gigantesque, et que ses enjeux sont fondamentaux.

Mais la Thora ne se contente pas de constater, elle nous indique également la conduite à suivre pour éviter les embûches de l’exil.

Yaakov représente justement le Juif de l’exil. La plus grande partie de sa vie, il fut contraint à vivre en dehors d’Eretz Israël.

La paracha de cette semaine est appelée la paracha de l’exil par le Midrach (cf. Nahmanide 33 ; 15), car elle nous indique justement comment se comporter dans l’obscurité de l’exil. Il est intéressant de savoir que nos Sages, à chaque fois qu’ils devaient se présenter à Rome relisaient et réétudiaient cette paracha.

Penchons-nous donc quelques instants sur l’attitude de notre père Yaacov dans ses rapports avec son frère Essav.

A mon seigneur Essav…

Yaacov décide tout d’abord de prévenir son frère de son arrivée, ce à quoi il n’était pas obligé. Il charge des émissaires de transmettre ce message : « Vous direz ainsi à mon seigneur, à Essav : Ainsi parle ton serviteur Yaacov » (32 ; 5), et plus loin : « A mon seigneur, Essav, pour obtenir faveur à ses yeux. » (32 ; 7) On le voit, Yaacov se fait petit devant son frère Essav.

De cette attitude découlera comme une sorte de décret pour le peuple juif : il ne pourra pas se battre ouvertement contre Essav, et ce jusqu’à la fin des temps. Et on a pu le constater, tout au long de l’histoire, le peuple juif a dû chercher des compromis pour vivre avec les autres peuples. Nous sommes contraint de rechercher à tout prix les équilibres dans cet antagonisme.

Un enjeu extraordinaire

Car c’est bien ici que se trouve l’enjeu exposé par la Thora. Les patriarches ont atteint un niveau spirituel individuel fixant ainsi la dimension de la nation juive. On peut d’ailleurs voir, toujours dans la paracha de cette semaine, que ce qui touche les patriarches concerne tous les Juifs, pour toujours.

Après la bataille avec l’ange, Yaacov est blessé au nerf sciatique : « C’est pourquoi les enfants d’Israël ne mangent point, aujourd’hui encore, le nerf sciatique, qui tient à la cavité de la cuisse. » (32 ; 33).

Le peuple juif dans son ensemble doit faire un travail de perfection, pour d’abord « concrétiser » collectivement ce à quoi sont parvenus nos patriarches individuellement. Et ensuite poursuivre l’œuvre de perfection humaine afin que le peuple juif mérite d’être les représentants de la divinité.

User de diplomatie

Mais l’on peut se demander pourquoi Yaacov a-t-il choisi d’adopter cette attitude. C’est d’ailleurs le sens du Midrach raba dans notre paracha, qui émet une critique vis à vis de notre patriarche :

Pourquoi provoquer Essav alors que rien n'obligeait Yaacov à le prévenir de son arrivée ? La raison est qu’il n’a pas voulu se battre contre son frère par peur de tuer ou de se faire tuer. Il a donc préféré user de diplomatie pour obtenir la paix.

Un peu plus loin, le Midrach semble au contraire respecter la décision de Yaacov puisqu’il relate l’anecdote suivante…

Rabbi Yehouda Hanassi dicta à son secrétaire une missive destinée à Antonin, consul Romain en Israël, qui commençait par les mots suivants : « De ton serviteur Juda à notre maître, le roi Antonin ». Son secrétaire lui demanda : «Pourquoi te rabaisser ainsi devant lui ?»

« Suis-je mieux que notre père Yaacov », lui répondit-il, qui s’adresse à Essav dans les termes que nous connaissons. Ainsi, le Midrach montre le rapport entre les nations qui a été fixé pour toutes les générations par l’action de Yaacov.

Sous un certain aspect, le Midrach semble critique, sous un autre, il semble respecter l’attitude de Yaacov comme étant un exemple.

Il apparaît des paroles de nos sages dans ce Midrach que Yaacov avait les capacités spirituelles d’ignorer Essav et de ne pas se rabaisser devant lui. Une fois qu’il n’a pas mené cette lutte, nous n’avons pas la les forces spirituelles nécessaires pour le faire.

L’attitude des Nations à l’égard du peuple juif

Nous voyons que la réaction d’Essav fut pour le moins imprévue, et qu’elle tend à prouver que Yaacov avait vu juste. En effet, le verset (33 ; 4) stipule : « Essav courut à sa rencontre, l’embrassa, se jeta à son cou et ils se mirent à pleurer. »

Il est intéressant de se référer au commentaire de Rabbi Shimon Bar Yohaï, rapportée par Rachi (33 ; 4) : « Rabbi Shimon Bar Yohaï explique que c’est un principe fondamental que Essav hait Yaacov, mais qu’à cet instant précis, il eut pitié, et il l’a embrassé de tout son cœur. » Essav a beau nous sourire, il nous hait. Rav Chah zatzal disait à ceux qui arguaient que les Etats-Unis soutiennent inconditionnellement Israël, qu’au départ, à l’ONU, les Etats-Unis s’étaient opposés à la création de l’état hébreu, alors que l’URSS et la France y étaient favorables. Par la suite, quand les intérêts des uns et des autres ont changé, les deux grands blocs ont inversé leurs positions…

Parce que nos patriarches ont fixé un certain rapport entre nous et les autres peuples et parce que notre mission est de concrétiser leurs actions au niveau national, nous devons nous inspirer des actes de nos ancêtres. Nous avons la chance immense de posséder un livre qui nous indique le chemin pour s’orienter dans le dédale de l’exil, alors que nous vivons sans Temple et sans présence d’Hachem révélée dans le monde, cela jusqu’à l’ère messianique.

Yaacov n’a pas osé lutter, et c’est ainsi qu’est fixée notre relation avec les peuples. Ne pas chercher à attiser la haine et savoir faire profil bas quand il le faut, voilà sans doute l’une des leçons de sagesse que nous livre la Thora…

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La décision qui changea la face du monde

Par le Rav Eliahou Elkaïm

En décryptant les quelques mots d’un verset, celui qui lit la paracha de cette semaine pourra découvrir un épisode qui bouleversa le destin de l’humanité. L’occasion de tirer une leçon de vie des patriarches…

« Amalek était le premier des peuples ; mais son avenir était voué à la perdition. » (Nombres 24 ; 20)

Cette prophétie de Bileam situe la destinée d’Amalek et c’est dans notre paracha que son origine nous est dévoilée. En effet, la fin de notre paracha décrit en détail la descendance d’Essav. Et après avoir cité les noms des fils (Elifaz et Reouel), qu’il eut avec ses deux premières femmes, ainsi que les noms des premiers fils d’Elifaz, la Thora ajoute :

« Timna devint concubine d’Elifaz, fils d’Essav, elle lui enfanta Amalek » (Genèse 36 ; 12).

Rachi, citant le Talmud (Sanhédrin 99b) et le Midrach (Berechit Rabba 82 ; 14), explique :

« La Thora précise le nom de la mère d’Amalek (précision qu’elle n’a pas donnée pour les autres fils d’Elifaz), et son statut de concubine pour mettre en relief la réputation extraordinaire dont jouissait Abraham auprès des nations : épouser l’un de ses descendants était une chose recherchée de tous.

« Timna était une princesse : « Et la sœur de Lotan, Timna. » (Genèse 36 ; 22). Il faut savoir que Lotan est cité parmi les chefs de tribus de Seïr.

« Cette femme de haut rang voulut se convertir et vint se présenter devant Abraham, Isaac et Yaakov, qui la repoussèrent tous. C’est alors qu’elle chercha à devenir au moins l’épouse d’Elifaz, fils d’Essav, descendant direct d’Abraham, même s’il ne suivait pas du tout la voie tracée par ses ancêtres.

« Devant son refus, elle lui dit : « Si je n’ai pas le mérite de devenir ton épouse, prends-moi au moins comme concubine. »

« Le Talmud conclut ce passage en disant : « Timna a dit : ‘Je préfère être une servante dans de cette nation plutôt que d’être une princesse dans une autre.’

« Pourtant, de cette union naquit Amalek, qui fera souffrir le peuple juif tout au long de son histoire. Pourquoi ? La raison en est que les patriarches n’auraient pas dû repousser Timna. »

Les grands Kabbalistes, comme Rabbi ‘Haïm Vital (élève du Ari zal) et Rabbi Zadoc Hacohen, disent de ce verset qu’il est l’un de ceux où sont cachés les secrets les plus subtils de la création (Chaar Maamaré Hazal ; Avoth 6-1).

A travers les écrits de nos maîtres, nous allons tenter de découvrir ne fusse qu’un avant-goût des intentions de la Thora qui sont à notre portée.

Au sommet de sa gloire

Une première question se pose, et elle est de taille : comment est-il possible qu’Abraham, dont la vocation, tout au long de sa vie, fut de propager le message divin et de rapprocher les hommes de D.ieu, refuse la demande de Timna, qui voulait se lier au peuple juif de sa propre initiative, prête pour cela à descendre dans l’échelle sociale ?

Plusieurs réponses sont proposées par les commentateurs du Talmud.

D’après Rabbi Yaakov Emdine (dit le Yaavets, XVIIIème siècle), la volonté de conversion de Timna était liée à son projet de mariage avec l’un des descendants d’Abraham. Or, la règle dans ce domaine, est de ne pas accepter la conversion de celui qui la demande dans un but intéressé.

C’est pour cette même raison, comme le précise le Talmud (Yébamoth 24b) qu’aucune conversion n’a été acceptée à l’époque de David et de Salomon. En effet, durant cette période, le peuple juif était au sommet de sa gloire, et la volonté de s’y intégrer ne provenait probablement pas d’une découverte de la Vérité.

Le commentaire du Rif sur le Ein yaakov propose une autre interprétation : « Timna était issue d’une union interdite (cf. Rachi ad hoc) ce qui empêchait sa conversion. »

D’après ces différentes explications, Abraham, Isaac et Yaacov ont, a priori, parfaitement bien agit en refusant la conversion de Timna.

Pourquoi le Talmud les accuse donc, leur faisant porter la responsabilité de la descendance terrible de Timna, et des conséquences éternelles que subira le peuple juif jusqu’à la fin des temps ?

Le Sabba de Slobodka (Or Hatsafoun volume 1 p.203) et le Rav Haïm Chmoulevitz (Sihoth Moussar p.103), proposent, chacun dans son style, une autre optique pour éluder cette question :

« Si Abraham a repoussé Timna, c’est pour des raisons intrinsèquement liées à la personnalité de cette dernière. Et c’est sans aucun doute inspiré par le roua’h hakodech, l’esprit divin, qu’il a perçu en elle les mêmes traits de caractère que ceux qui définiraient sa descendance, à savoir Amalek.

« Abraham n’ignorait pas non plus le fait qu’on accepte la conversion des membres de toutes les nations mais pas celle des descendants d’Amalek (Yalkouth Chimoni Samuel II) »

D’après le Sabba de Slobodka, la Thora nous dévoile ici que, malgré le roua’h hakodech, et malgré les apparences, il était du devoir d’Abraham d’accepter les tentatives d’approche de Timna, puisqu’elle est venue d’elle-même solliciter le rattachement au peuple juif.

Abraham, dont la vertu fondamentale était celle du ‘Hessed (bonté) n’aurait pas dû refuser de l’appliquer, même dans ce cas.

Le fait de la repousser va entraîner des conséquences dramatiques pour le peuple juif. Car ne pouvant se rattacher à celui-ci, Timna va se lier avec Elifaz, descendant des patriarches, mais n’appartenant pas au peuple élu, donnant naissance à Amalek.

On le comprend, la loi interdisant de convertir les descendants d’Amalek ne concernait pas Timna, qui est leur ascendante.

Spiritualité glacée

Rabbi ‘Haïm Shmoulevitz ajoute un nouvel élément.

Lorsque la Thora explique les raisons pour lesquelles Amalek doit disparaître, il est dit : « Souviens-toi de ce que t’as fait Amalek, lors de ton voyage au sortir de l’Egypte comme il t’a surpris chemin faisant, il s’est jeté par derrière sur ceux qui étaient à la fin du groupe. » (Deutéronome 25- 17 ; 18).

Acher Kareha est traduit par : il t’a surpris.

Rachi (ad hoc) donne une deuxième explication à cette expression. Il voit dans kareha la racine kor, froid. Il faut comprendre alors : il t’a refroidi alors que tu étais brûlant d’enthousiasme et que toutes les nations craignaient ce peuple, et son D.ieu, qui s’était dévoilé de façon aussi éclatante.

Ce froid, que nos maîtres considèrent comme la caractéristique d’Amalek, est celui qui glace et renie toute spiritualité.

Abraham, même s’il a perçu les défauts majeurs de Timna, aurait dû lui permettre de se rapprocher du peuple juif et cela avec chaleur, comme il l’a fait pour tous ses autres disciples. Même s’il était persuadé (à juste titre) des tares profondes de Timna, il aurait dû dépasser son sentiment.

C’est justement cette légère froideur avec laquelle Abraham repoussa Timna, qui va être à l’origine de la création d’Amalek, dont l’essence même est la froideur pour tout se qui est divinité. Amalek qui sera l’ennemi de D.ieu et d’Israël.

La caractéristique essentielle d’Amalek est une froideur terrible pour tout ce qui représente la reconnaissance de D.ieu et du Bien.

Ironie du sort

Rabbi Yossef Zvi Salant, dans son ouvrage Beer Yossef, va encore plus loin.

Ce qui est reproché aux patriarches, Abraham, Isaac et Yaacov, c’est d’avoir mal compris le sens de ce qui leur a été dévoilé par le roua’h hakodech, l’esprit divin.

En effet, le refus des patriarches d’accepter la conversion de Timna avait été motivé par ce roua’h hakodech, dont ils étaient inspirés. Grâce à cet esprit divin, ils avaient perçu qu’Amalek serait issu de Timna. En cela, ils ne s’étaient pas trompés et ils ne voulaient pas accepter au sein du peuple juif celle qui serait à l’origine d’Amalek.

L’erreur était de n’avoir pas compris que l’esprit divin peut dévoiler seulement le résultat d’une situation, mais certainement pas le déroulement des événements, si toutefois ce dernier est lié aux actes des hommes.

Car si l’homme pouvait voir le déroulement des événements, cela contredirait le principe fondamental du libre-arbitre, dont jouissent tous les êtres humains.

Ironie du sort, c’est justement parce que Timna est repoussée qu’elle va devenir la concubine d’Elifaz et ainsi mettre au monde Amalek.

La décision d’Abraham de repousser Timna pour éviter la création d’Amalek, a justement été la cause de sa naissance !

Si Abraham avait pris sa décision en utilisant son libre-arbitre sans prendre en compte la perception que lui procurait l’esprit divin, le cours de l’histoire aurait été totalement bouleversé : il aurait accepté Timna au sein du peuple juif, et Amalek n’aurait pas vu le jour.

Car c’est le principe fondamental de la création du monde : les actions de l’homme ne sont déterminées par aucun élément extérieur. C’est l’homme, et lui seul, qui choisit son chemin.

Lorsque l’on cherche à prendre une décision, la seule considération doit être de découvrir la volonté de D.ieu. Et D.ieu veut que l’on accepte tous ceux qui cherchent à se rapprocher de Lui.

L’enseignement fondamental de ce texte reste qu’il est du devoir de chacun d’être chaleureux envers son entourage, et même envers ceux dont on a une mauvaise impression. Sauf bien sûr dans le cas où une personne risque de nous entraîner vers le mal…