SOUCOT 5768
Du 27/09 au 05/10 2007 – du 15 au 23 TICHRI 5768
Très chers amis,
J’ai le plaisir de vous adresser un Dvar Thora sur SOUCOT.
Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde, via Internet.
Notre Institution a emménagé dans un nouveau bâtiment situé face au Mont HERZL où nous serons toujours heureux de vous accueillir ; ce bâtiment porte dorénavant le nom de BEIT YEHOUDA VEHANA au nom de la famille qui a contribué au financement de cette acquisition ; notre reconnaissance est infinie tant pour cette famille que pour tous nos généreux donateurs et amis.
Nous avons démarré depuis Roch Hodech la nouvelle session d'études et y avons accueilli 44 nouveaux élèves sélectionnés parmi des centaines de candidats. Nous aurons donc 180 élèves internes à la Yéchiva et 210 personnes au Beth Hamidrach, avec les enseignants et étudiants externes. Nous grandissons grâce à votre aide : il y a neuf ans,nous étions9 !
Pour visualiser les photos et le film d'inauguration du bâtiment à Jérusalem vous pouvez cliquer sur le lien suivant :
http://www.daathaim.org/evenement/index.php
Ce Dvar Thora est écrit pour la guérison (refoua chelema) du fils de
Rav Eliahou Elkaïm,
‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov
Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance, la réussite, la bonne santé et la paix en cette année 5768.
Avec notre plus cordial Chabbat Chalom et nos vœux les plus chaleureux de HAG SAMEAH,
Rav Chalom Bettan
D’amour, de joie et de crainte
Par le Rav Chalom Bettan
L’un des grands Sages d’Israël nous révèle que la période que nous traversons actuellement, qui va de Roch Hachana à Souccoth, nous permet d’approcher D.ieu par des sentiments apparemment opposés: l’amour, la joie et la crainte. Comment parvenir à harmoniser ces émotions extrêmes? La réponse en dix points…
1- Les fêtes de Tichri, une dualité constructive
Les fêtes de Tichri sont composées de Roch Hachana, des dix jours de pénitence, de Yom Kippour, des sept jours de Souccoth (huit jours en diaspora) et de la fête de Chemini Atséreth, époque où nous terminons la lecture de la Thora et où nous fêtons Simhath Thora. Rabbi Yéhouda Halévi dans son livre «Le Kouzari» (chapitre 2, 50), explique que Roch Hachana et Yom Kippour sont des moments propices à une approche de D.ieu dans la crainte, alors que Souccoth et Chemini Atséreth c’est l’occasion de se lier à D.ieu par l’amour et la joie. Il poursuit en soulignant la différence fondamentale qui existe entre ces deux approches. Et c’est cette dualité qui va nous permettre de construire notre relation avec le Créateur. En effet, la profondeur de notre relation avec D.ieu s’édifie durant cette période.
2- Le mois de Tichri, le mois de la force
Un verset dans les Rois (chapitre 8) désigne le mois de Tichri sous le nom de Yéra’h haétanim, littéralement le mois de la force. Le Talmud (Roch Hachana 11a) explique que ce mois nous procure une force et une vitalité particulières dues au nombre des mitsvoth qu’il contient. Rachi développe qu’il s’agit du Chofar de Roch Hachana, du jour de Kippour, de la Soucca, du Loulav, les feuilles de saules et les libations d’eau, pratiquées sur l’autel du Temple (Beth Hamikdash). Le mois de Tichri est donc un mois qui contient et procure une puissance particulière. Après cette période de vingt-deux jours d’introspection et d’accomplissement de mitsvoth dans la joie, nous sommes tous affermis dans notre foi et dans notre amour pour D.ieu, armés de toutes les mitsvoth accomplies.
3- Les fêtes de l’engrangement
Les fêtes de Souccoth sont appelée fêtes de l’engrangement (‘Hag haassif, Livre de Chemoth 24, 22) puisque c’est le moment où l’on engrange la récolte. C’est aussi le moment où l’on va intégrer pour l’année tous les enseignements vécus grâce aux fêtes de Tichri. Après Souccoth, la fête prescrite directement par la Thora est Pessa’h, ‘Hanouka et Pourim ayant été instituées par nos Sages. Effectivement, nous allons nous construire spirituellement par l’expérience métaphysique faite durant cette période particulière. Les moments intenses vécus pendant les fêtes de Tichri vont nous accompagner tout l’hiver.
4- Qu’est-ce qu’une Soucca?
C’est Rachi qui nous explique dans: «Vous vous installerez dans les Souccoth pendant sept jours pour que les générations sachent que J’ai installé les enfants d’Israël dans des Souccoth en les sortant d’Égypte. Je suis l’Eternel» (Vayikra 23 – 42; 43).
Rachi explique les Souccoth étaient les colonnes de nuées qui protégeaient le peuple juif dans le désert quand il est sorti d’Égypte.
5- Les colonnes de nuées
Les colonnes de nuées répondaient aux exigences d’une vie dans le désert, lieu hostile à l’homme et contraire à la vie. Les colonnes de nuées procuraient au peuple juif dans le désert une protection contre les dangers venant de la terre (serpents et autres reptiles) et contre les conditions atmosphériques (soleil, vent de sable…). Ces colonnes de «fumée» leur procuraient même un véritable confort, comme l’expliqueRachi (Devarim 8; 4) : «Ces colonnes de nuée lavaient leurs habits et les repassait; autre miracle, leurs habits grandissaient avec eux.» Le peuple juif était entièrement sous la protection de D.ieu.
6- Problème de calendrier
Rabbi Yaacov Baal Hatourim (Or Hahaïm 625 d’après le commentaire du Beth Yossef) pose une célèbre question. Pourquoi la fête de Souccoth correspondant aux colonnes de nuées dans le désert après la sortie d’Égypte, n’est-elle pas célébrée au mois de Nissan, c’est-à-dire à l’époque de Pessa’h? Il explique que le mois de Tichri a été choisi par ce que c’est une période hivernale où les pluies commencent, il n’est donc pas habituel d’aller vivre dans une cabane. A Pessa’h, le temps est doux et tempéré, on peut ressentir l’envie de sortir en vacances dans des bungalows. Le fait de vivre dans des cabanes pendant une semaine pourrait donc prêter à confusion, et un observateur extérieur pourrait penser qu’il ne s’agit pas d’une mitsva mais d’une envie de détente, d’un temps de villégiature. A l’époque de Souccoth, où le vent commence à souffler, la résolution est évidente: les Juifs vivent sous les cabanes pour réaliser la volonté de D.ieu.
7- L’explication du Gaon de Vilna
Le Gaon de Vilna répond à cette même question du Baal Hatourim. Il explique qu’après la faute du veau d’or, la présence divine s’est retirée du peuple juif et les colonnes de nuées ont cessé d’être présentes. Ce n’est que le 15 Tichri, après le jour de Kippour, lorsque Moïse revint du Mont Sinaï avec les secondes tables de la loi, porteur d’un message de pardon divin, que les colonnes de nuées sont revenues. Ce sont ces «secondes» colonnes de nuées que nous célébrons à Souccoth et non les premières, celles correspondantes à la sortie d’Égypte. C’est ainsi que le Gaon de Vilna explique que les fêtes de Souccoth ont lieu après Kippour et non après la sortie d’Égypte.
8- Le supplément de Rabbi Meïr Simha de Donembourg
Dans son livre «Méche’h ‘Hohma» (sur Chemoth 24), Rabbi Meïr Sim’ha de Donembourg relève que la fête de Souccoth est appelée ‘Hag haassif (fêtes de l’engrangement) jusqu’au don des secondes Tables de la Loi. A partir de cet épisode, la Thora la nomme fête de Souccoth. Sa remarque rejoint le commentaire du Gaon de Vilna. Ces colonnes de nuées représentent donc la réapparition de la présence divine au sein du peuple juif après la faute du veau d’or.
9- Fête de Souccoth, fête de la joie
Dans la Thora, il est écrit: «Tu te réjouiras dans ta fête, vessamahta béhagéha » (Devarim 16; 14). Ce verset décrit la fête de Souccoth. Cette expression ainsi libellée n’est mentionnée qu’au sujet de la fête de Souccoth. La fête de Souccoth a pour particularité d’être mentionnée dans toutes nos prières comme le moment de notre joie par excellence. Si Chavouot est désigné sous le terme de zman Matan Toraténou (littéralement le temps du don de la Thora), Souccoth est mentionné comme zman sim’haténou, le moment de notre joie. D’après le commentaire du Gaon de Vilna, nous comprenons la raison de la joie de Souccoth. En effet, elle correspond au retour de la présence divine au sein du peuple juif, après qu’il eut reçu le pardon divin. Malgré la faute du veau d’or et le fait que le peuple juif n’ait pas réussi à rester au niveau de la première révélation sinaïtique, D.ieu accepte de revenir parmi le peuple repentant.
10- Sept spécificités
La Soucca est une mitsva étonnante dans la mesure où nous quittons nos maisons et notre confort, pour aller habiter pendant sept jours dans une cabane, à un moment où l’hiver, le froid et les pluies commencent. Nous quittons nos bâtisses construites solidement pour une cabane qui ne nous octroie pas une protection totale. La tradition est que nous recevions chaque jour de Souccoth sept invités prestigieux, les sept ouchpizines: Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, Aaron, Joseph et David (l’ordre est différent selon les usages). Chacune de ces figures représentant un symbole et une image de perfection humaine, chaque invité avec sa particularité (Abraham par l’amour du prochain, Isaac par la crainte de D.ieu, …).
En outre, le Zohar définit notre séjour dans la Souccapar une expression particulière : betssila déméhmenouta, qui signifielittéralement : à l’ombre de la foi, dans le sens de protection que représente notre foi. La Soucca représente donc le symbole d’une vie remise entre les mains de D.ieu, au même titre que la vie dans le désert sous la protection des nuées.
Souccoth est donc l’apogée de Roch Hachana et de Yom Kippour, représentant le niveau de repentance et de foi atteint par le peuple juif à la suite du veau d’or. Souccoth incarne la capacité de s’installer dans une cabane éphémère livrée aux intempéries, tout en restant totalement serein, confiant en la protection divine, guidé par l’exemple des sept ouchpizines, symboles des vertus que le peuple juif doit posséder. Souccoth représente cette apogée. A nous de relever le défi.