SIMHAT THORA & CHEMINI ATSERET 5768
Jérusalem | Paris | New York | |
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Entrée | 16.10 | 17.11 | 17.34 |
Sortie | 17.26 | 18.14 | 18.33 |
Très chers amis,
J’ai le plaisir de vous adresser un Dvar Thora sur la paracha consacré au mariage de Yamin Jean-Emile & Judith Laura ROSENBLUM
Et de Abraham Alain & Elisheva Elsie ZAGURY.
Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde, via Internet.
Notre Institution a emménagé dans un nouveau bâtiment situé face au Mont HERZL où nous serons toujours heureux de vous accueillir ; ce bâtiment porte dorénavant le nom de BEIT YEHOUDA VEHANA au nom de la famille qui a contribué au financement de cette acquisition ; notre reconnaissance est infinie tant pour cette famille que pour tous nos généreux donateurs et amis.
Nous avons démarré depuis Roch Hodech Hechvan la nouvelle session d'études et y avons accueilli 44 nouveaux élèves sélectionnés parmi des centaines de candidats. Nous aurons donc 180 élèves internes à la Yéchiva et 210 personnes au Beth Hamidrach, avec les enseignants et étudiants externes. Nous grandissons grâce à votre aide : il y a neuf ans, nous étions 9 !
Cette semaine nous avons eu le plaisir d'inaugurer le Beit Hamidrach au nom des familles LEVY & GHOUZI que nous remercions pour leur soutien.
Ce Dvar Thora est diffusé pour la guérison (refoua chelema) du fils de
Rav Eliahou Elkaïm,
‘Haïm Yéhouda ben Mazaltov
Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.
Chabat Chalom.
Rav Chalom Bettan
De l’hérédité du caractère
Par le Rav Eliahou Elkaïm
Contrairement à ce que l’on pense généralement, les qualités humaines et caractérielles sont héréditaires et non les capacités intellectuelles. Et la Thora établit un lien entre la foi et les prédispositions du caractère.
La paracha de cette semaine relate la mission d’Eliezer, envoyé à la recherche d’une épouse pour Isaac.
Pour cela, Eliezer décide de mettre à l’épreuve la candidate en testant son attachement à l’attribut de bonté, ‘Hessed, fondement de la maison de son maître Avraham : « Eh bien ! La jeune fille à qui je dirai : ‘Veuille pencher ta cruche que je boive’, et qui répondra : ‘Bois puis je ferai boire aussi tes chameaux » ; Puisses-tu l’avoir destinée à ton serviteur Isaac, et puissé-je reconnaître par elle que Tu t’es montré favorable à mon maître. » (Genèse 24 ; 14).
La prière d’Eliezer va être exaucée et la première jeune fille à qui il adressera cette demande prouvera avec magnificence cet attachement au ‘Hessed.
Rivka sera cette jeune fille, qui s’avérera par la suite appartenir à la famille d’Avraham, car elle est la petite fille de son frère Nahor.
On remarquera que la description faite par la Thora de cet épisode est très complète.
C’est que chaque détail est un enseignement et que cet épisode nous livre les secrets pour le choix d'une épouse.
Et nous allons découvrir également que les Midoth (traits de caractère) ne jouent pas seulement un rôle dans les relations avec les autres mais qu’elles ont une influence capitale sur l’accomplissement de la mission de chacun d’entre nous dans ce monde.
Rabbi Eliahou Lopian, dans son ouvrage « Lev Eliahou », reprend notre paracha à son début : « Avraham dit au serviteur le plus ancien de sa maison, qui avait le gouvernement de tous ses biens : ‘Mets, je te prie, ta main sur ma hanche pour que je t’adjure par l’Eternel, D.ieu du ciel et le la terre, de ne pas choisir pour mon fils une épouse parmi les filles des Cananéens, avec lesquels je demeure. » (Genèse 24 ; 2-3).
Niveau moral
Si la Thora précise la position d’Eliezer au sein de la maison d’Avraham, ce n’est pas seulement pour établir un organigramme de la structure patriarcale !
Le Midrach nous explique que la fonction d’Eliezer n’était pas exclusivement d’ordre administratif, et le verset vient ici exprimer le niveau moral de ce dernier.
"Zekan beito et Mochel behol acher lô" ont une double signification.
Zekan beito littéralement « le plus ancien de sa maison », est interprété dans le Midrach dans le sens de ziv ikounin : les traits de visage. Ce qui signifie que les traits de visage d’Eliezer ressemblaient à ceux d’Avraham.
Il faut comprendre ce que cela implique.
Le mot Panim (visage) a pour racine Pnim, « l’intérieur », car c’est à travers le visage que se reflète l’intérieur d’une personne : sa pnimiouth. La ressemblance physique implique donc ici une correspondance qui se place au niveau de l’esprit.
Le terme Mochel behol acher lô, littéralement : « qui avait le gouvernement de tous ses biens » est interprété par le Midrach dans le sens qu’Eliezer avait le dessus sur son Yetzer hara, le penchant vers le mal, tout autant que son maître Avraham.
On notera que dans le même verset, la Thora nous éclaire sur le niveau moral d’Eliezer et en même temps, nous montre les précautions prises par notre patriarche pour lui confier la mission de trouver une femme pour Isaac.
Et on le voit, Avraham, pour faire confiance à son serviteur, va jusqu'à exiger de lui un serment solennel.
Pourquoi ? Parce que l’enjeu de cette mission, et les risques d’erreurs qu’elle comporte, ont des conséquences si graves que l’homme le plus honnête et le plus droit pourrait faillir. Seul un serment pourra l’aider à garder la bonne voie.
N’oublions pas que cette mission consiste à choisir celle qui sera la mère de tout le peuple juif !
Mais notre question reste entière. Pourquoi faire prêter serment à Eliezer qu’il ne choisira pas l’épouse d’Isaac parmi les filles de Canaan puisqu’il a compris quelles sont les qualités morales que doit posséder celle qui sera l’une des Imahoth (les mères du peuple juif).
De deux choses l’une : Si aucune fille de Canaan ne réussit à passer le test élaboré par Eliezer, aucun problème : elle ne sera pas retenue.
Dans le cas peu probable où une Cananéenne réussira ce test, c’est qu’elle possède un niveau moral tel, qu’elle a réussit à se distinguer du milieu pervers dans lequel elle a grandit, ce qui est une preuve de son caractère exceptionnel. Pourquoi donc ne pas la choisir ?
Pour résoudre cette « énigme », il faut comprendre profondément le concept de transmission du caractère.
De la question jaillit la lumière
Pour commencer, il faut savoir qu’Eliezer lui-même était concerné directement par cette affaire…
En effet, d’après le Midrach, il avait une fille, et il espérait avoir le mérite qu’elle épouse Isaac. C’est pour éviter une telle éventualité qu’Avraham fut si exigent sur l’engagement d’Eliezer.
Les mots que nous rapporte le Midrach sont très durs. En effet, Avraham dit à son serviteur :
« Tu es maudit et mon fils est béni. Un maudit ne peut s’unir avec un être béni. » (Midrach Rabba 59 ; 9).
Comment comprendre ces mots qui interdisent toute possibilité d’union avec une fille de Canaan, même si cette dernière a été élevée par Eliezer, qui est l’élève de prédilection d’Avraham, au point de lui ressembler comme l’a décrit le Midrach.
Plus encore, les habitants de ‘Haran (région natale d’Avraham où il envoit Eliezer chercher une femme pour son fils) étaient tous idolâtres, Avraham étant le seul de sa famille à avoir découvert l’existence d’un Créateur unique.
Comment expliquer qu’Avraham ne craigne pas l’influence terrible de l’idolâtrie ?
Enfin, comment Eliezer a-t-il pu se faire une opinion sur le niveau moral de Rivka sans s’être renseigné sur ses convictions religieuses ? Le fait d’être une baalath ‘Hessed (qui est attachée au Bien), implique-t-il automatiquement de ne pas être idolâtre comme le reste de sa famille ?
De toutes ces questions et du déroulement complexe de cet épisode, Rabbi Eliahou Lopian zatsal dégage une vérité absolue qui va répondre à toutes nos interrogations.
L’esclave des esclaves
Canaan était le fils de ‘Ham, fils de Noé. Et c’est Canaan que Noé a maudit, alors que la faute avait été commise par ‘Ham. (Genèse 9 ; 22).
« Noé, réveillé de son ivresse, connut ce que lui avait fait son plus jeune fils et il dit : « Maudit soit Canaan ! Qu’il soit l’esclave des esclaves de ses frères ! » (Genèse 9 ; 24).
La déchéance et la faute de ‘Ham viennent d’un problème profond dans son caractère, et c’est pour cette raison que Noé maudit Canaan, la descendance de ‘Ham.
De là nous apprenons que les Midoth (traits de caractère) sont héréditaires, dans la même mesure qu’une caractéristique génétique.
La déchéance et les défauts de ‘Ham vont être transmis à sa descendance, à Canaan, ainsi qu’il est décrit dans la Thora :
« Car toutes ces horreurs, ils les ont commises, les gens du pays qui vous ont précédés (les Cananéens), et le pays est devenu impur. » (Lévitique 18 ; 27).
Du refus total d’Avraham d’envisager un mariage avec une descendante de Canaan, rabbi Eliahou Lopian dégage des données de base :
Le devoir fondamental de l’homme est de parvenir à une foi véritable et à la crainte du Ciel. Mais la condition première qui permet à l’homme de s’élever est d’être un Baal Midoth tovoth, un homme qui possède de bonnes qualités humaines, des vertus de l’âme.
Sans cela, la crainte du Ciel ne saurait être authentique et ne connaîtra pas de suite.
Celui qui a de bonnes Midoth est prédisposé à se rapprocher de son Créateur.
C’est la raison pour laquelle Canaan est disqualifié pour toujours.
L’origine du peuple juif
Et c’est là que nous découvrons la grandeur d’Eliezer.
Il a finalement compris la sévère interdiction d’Avraham. Il a compris que son origine l’empêchait de s’unir par des liens familiaux à la maison d’Avraham.
Même s’il était l’un des seuls Cananéen qui ait reconnu D.ieu, s’élevant ainsi au dessus de la masse, son hérédité des Midoth l’empêchait d’être à l’origine du peuple juif.
Et c’est cette compréhension, cette acceptation du message d’Avraham, même s’il apparaît sévère, qui lui permit d’effacer ses mauvais antécédents et de finalement être béni (cf. Midrach Rabba ad hoc).
C’est le même lien entre le caractère et la foi que nous observons chez Rivka. En fait, Eliezer n’avait pas besoin de connaître ses convictions religieuses. Ses bonnes qualités morales et caractérielles garantissaient qu’elle découvrirait la Vérité, tôt ou tard.
En réalité, il se trouve que Rivka avait déjà perçu la Divinité, mais Eliezer ne le savait pas, et comme nous venons de le voir, n’avait pas besoin de le savoir.
Cette relation étonnante entre le caractère et l’hérédité est déjà établie par le Chem Michmouel, au nom de son père, l’auteur du Avné-Nezer. (Chem Michmouel ‘Hayé Sara année 1916- Nitsavim idem).
« L’hérédité est une règle vérifiée en ce qui concerne le caractère. Mais elle ne l’est pas pour les facultés intellectuelles. C’est la raison pour laquelle Avraham décide que l’épouse d’Isaac viendrait de sa propre famille.
Car même si cette dernière était imprégnée d’idolâtrie et de sorcellerie, ce qui était atteint était l’intellect. Le caractère, lui, était intact.
Dans le cas des filles de Canaan, elles venaient d’un peuple au niveau le plus bas dans le domaine des Midoth. »
Bien sûr, l’idolâtrie peut cacher de mauvaises Midoth : car ce qui pousse à l’idolâtrie peut être l’attirance pour la dépravation. Mais ce n’était pas le cas de la famille d’Avraham.
L’âme sœur pour toujours
Ces enseignements sont toujours actuels. Les Midoth peuvent être le barrage infranchissable pour toute élévation véritable et seulement un travail intellectuel sur soi-même à travers l’étude des textes de nos maîtres sur ces sujets et une volonté puissante d’améliorer sa personnalité peuvent permettre de se rapprocher de son Créateur.
Ces vérités sont d’autant plus essentielles quand il s’agit de trouver et de choisir son Zivoug, celui ou celle qui partagera notre vie.
Tous les aspects intellectuels, physiques et matériels sont accessoires, en comparaison avec les Midoth de son futur conjoint.
Seules les Midoth garantissent une hérédité et une sécurité pour toujours. Citons à se sujet la réaction de notre maître, Rav Eliezer Chah zatsal (‘Mihtavim oumaamarim volume 6 page 128).
Un jeune homme lui avait demandé s’il devait prendre en compte une proposition de mariage avec une jeune fille dont les frères étaient éloignés de la Thora.
Car le Talmud (Baba Batra 110 a) affirme que la plupart des enfants ressemblent aux frères de leur mère.
Rav Chah répondit que les paroles de nos maîtres dans le Talmud concernent seulement les traits de caractère, qui sont héréditaires, mais ne concernent pas les positions intellectuelles.
La seule chose importante était de vérifier que les frères en question possédaient des qualités humaines (Midoth tovoth).
Les convictions religieuses, elles, sont liées au libre-arbitre que possède chaque être humain. Si l’on possède des qualités sur le plan du caractère, rien ne s’opposera à la découverte de la vérité et cela n’aura aucune conséquence sur l’hérédité.