CHABAT VAERA

5 JANVIER 2008 – 27 TEVETH 5768

Jérusalem Paris - Bruxelles New York
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Très chers amis,

J’ai le plaisir de vous adresser un Dvar Thora sur les Pirké Avoth dédié en l'honneur de la Bar Mitsva de Nathaniel

DERHY

Dans le but de diffuser encore et toujours le message éternel de la Thora, nous envoyons ce Dvar Thora à des milliers de personnes francophones dans le monde, via Internet.

Notre Institution a emménagé dans un nouveau bâtiment situé face au Mont HERZL où nous serons toujours heureux de vous accueillir ; ce bâtiment porte dorénavant le nom de BEIT YEHOUDA VEHANA au nom de la famille qui a contribué au financement de cette acquisition ; notre reconnaissance est infinie tant pour cette famille que pour tous nos généreux donateurs et amis.

Nous avons démarré depuis Roch Hodech Hechvan la nouvelle session d'études et y avons accueilli 44 nouveaux élèves sélectionnés parmi des centaines de candidats. Nous avons donc plus de 180 élèves internes à la Yéchiva et 210 personnes au Beth Hamidrach avec les enseignants et étudiants externes. Nous grandissons grâce à votre aide : il y a neuf ans,nous étions9 !

Ce Dvar Thora est diffusé pour la guérison (refoua chelema) du fils de

Rav Eliahou Elkaïm,

Haïm Yéhouda ben Mazaltov

Ici, à Jérusalem, ville éternelle, symbole de la pérennité du peuple juif, nous prions et agissons pour la Délivrance et la paix.

Chabat Chalom.

Rav Chalom Bettan

1

Hapisga

,

Bayit

Vegan, Jerusalem Tel: 00 972 2 643 07 20 Fax: 00 972 2 641 76 39


Plaisir et enchantement

Par le Rav Eliahou Elkaïm

Surprenante révélation de Rabbénou Yona qui nous dévoile que ce sera par le plaisir dans l’étude de la Thora que l’on trouvera les réponses pour répondre aux attaques idéologiques des renégats.

«Rabbi Eléazar disait: ‘Sois assidu dans l’étude de la Thora; sache ce qu’il faut répondre à l’hérétique; sache devant qui tu peines; Il est fiable, le Maître de ton travail, pour te payer le salaire de ton ouvrage’ ».

(Chapitre 2, Michna 14)

Avant d’aborder les deux derniers volets de la maxime de Rabbi Eléazar, citons deux remarques de l’auteur du Midrach Chmouel sur la première partie de notre Michna.

La première concerne l’expression employée par Rabbi Eléazar: ‘Sache ce qu’il faut répondre à l’hérétique’ (véda ma chetachiv).

On le voit, il est seulement question de répondre à l’hérétique, et non d’engager la discussion: le choix de cette expression n’est pas fortuit.

Il ne nous est donc pas demandé de provoquer la polémique, même si notre intention est de le convaincre de son erreur.

A l’inverse, il faut éviter le débat; c’est seulement lorsqu’il vient nous attaquer et remettre en question notre foi qu’il faut être prêt à lui apporter des réponses convaincantes.

Le Midrach Chmouel fait une autre remarque, qu’il tient de Rabbi Moché Elmoznino, qui découvre, dans ces mêmes mots, une intention supplémentaire.

En effet, il aurait suffit de dire «sache répondre» au lieu de «sache ce qu’il faut répondre».

On se souvient d’ailleurs que, comme nous le faisions remarquer dans un précédent Dvar Thora, le ‘hassid Rabbi Yossef Yaavets, avait fait la même remarque sur le choix lexical de Rabbi Eléazar, et il était parvenu à une conclusion différente.

Le Midrach Chmouel, pour sa part, explique que ce choix exprime une mise en garde de Rabbi Eléazar.

Ce dernier nous informe qu’il ne faut pas nous engager dans une discussion théologique avec des renégats si nos réponses ne viennent pas de notre réflexion personnelle, acquises par une recherche poussée, qui nous a permis de parvenir à une maîtrise des sujets abordés.

Face aux renégats, il ne suffit pas de répéter des réponses toutes faites, que l’on répète après les avoir entendues ou lues, même si elles sont parfaitement justes.

La force de notre réplique viendra du fait qu’on y a réfléchi intensément et que l’on a intériorisé ces réponses. C’est le sens de «véda ma chetachiv»: saches ce que tu dois répondre et maîtrise personnellement ce que tu vas dire à l’apikoros (renégat) avant de t’engager dans une discussion avec lui.

Délectation

Venons-en à présent à la deuxième partie de la Michna: ‘sache devant qui tu peines’.

Nous avions déjà cité le commentaire de Maïmonide: «Si tu étudies la philosophie des autres nations pour savoir comment répondre à leurs attaques théologiques, sois vigilent qu’aucun élément de leurs théories ne pénètre ton cœur.

Sache que celui devant qui tu investis tes efforts, sonde toutes tes pensées. Consolide donc en ton cœur ta foi en Lui.» (Maïmonide ibid.)

Rabbénou Yona, qui rapporte cette explication, ajoute:

«Lorsque tu étudies la Thora, focalise toute ton énergie et ta volonté (kavanot) en elle. C’est seulement de cette façon que tu parviendras à trouver des réponses aux attaques des renégats.

Il faut également, quand tu t’engages dans le labeur de l’étude, que tu ressentes la délectation et l’enchantement qu’elle représente.

C’est le sens des versets des Proverbes:

«L’Eternel me créa au début de son action, avant toutes ses œuvres, dès l’origine des choses» (8-22)

«Alors j’étais à ses côtés, comme un enfant qui grandit et avec lequel on se délecte de plaisir et d’enchantement jour après jour, et qui est une source de joie à chaque instant» (8-30)

Cette métaphore met en regard un enfant et la Thora et met en évidence le fait que D.ieu Lui-même se délecte de sa Thora et c’est dans le même esprit que nous devons développer notre relation avec la Thora.

C’est également le sens du verset suivant dans les Proverbes:

«M’égayant sur son globe terrestre et faisant mes délices des fils de l’homme» (8-31)

Ce verset signifie que, de la même façon que la Thora fut l’objet de délectation de D.ieu avant la création, elle doit l’être pour les fils de l’homme sur terre.» (Rabbénou Yona ibid.)

D.ieu devant soi

Rabbénou Yona nous livre ici un élément fondamental pour la mise en pratique de la maxime de Rabbi Eléazar.

Lequel? C’est le plaisir de l’étude qui va nous permettre de répondre aux renégats (apikoros).

En effet, une étude technique, qui n’aurait pas comme objectif la découverte pure et simple de la Thora qui n’amènerait pas l’homme à une joie intérieure et à une sensation de délices, ne pourra pas lui permettre de répondre à l’apikoros.

Si l’on étudie dans le seul but de confronter des idées et des notions philosophique, on ne sera pas armé contre les doutes que peuvent engendrer leurs arguments.

Il faut, avant toute chose, découvrir la Thora et vivre son message, en ressentant le même plaisir que celui qui est décrit dans la métaphore de l’enfant, la même relation que D.ieu entretient avec elle.

C’est seulement en créant cette relation de plaisir que l’on pourra être en mesure de répondre aux renégats.

Rabbi Haïm de Volozhine découvre une autre intention dans: ‘sache devant qui tu peines’.

Selon son interprétation, ces mots expriment que D.ieu se trouve réellement présent devant celui qui étudie la Thora.

On le sait, les quatre coudées de la loi (halakha) représentent les points du globe où la Thora est étudiée et ils sont les lieux de résidence de D.ieu sur terre depuis la destruction du Temple (Talmud Bera’hot 8a).

Cette présence donne à l’étude une portée tout à fait particulière ; c’est cette sensation que D.ieu est présent au moment de notre étude que Rabbi Eléazar nous demande de développer en nous.

Lutter contre soi-même

Le dernier volet de cette maxime est: ‘Il est fiable, le Maître de ton travail, pour te payer le salaire de ton ouvrage’.

Rabbénou Yona lie cette notion à celle qui la précède, c’est-à-dire à la notion de connaissance qui permet de répondre aux renégats.

«C’est un devoir sacré que nous devons accomplir totalement. Il faut donc que tu saches que c’est D.ieu Lui-même qui est le Maître de ton ouvrage (l’étude de la Thora dans le but de répondre aux renégats, ndlr.), Lui qui voit tout.

Tu dois donc te passionner et te concentrer sur cette mission, car le salaire que tu en recevras sera immense et il te sera accordé dans son intégralité.»

(Rabbénou Yona ibid.)

Le Rachbats objecte que cette interprétation limite la maxime de Rabbi Eléazar à deux notions et non trois, les deux dernières parties n’en faisant qu’une, qui vient motiver l’homme à accomplir son devoir de savoir répondre au renégat. Ce qui va à l’encontre de la Michna 10, qui a précisé que chacun des élèves de Rabban Yohanan Ben Zakkaï a émis trois maximes.

Le Rachbats préfère donc interpréter cette dernière notion comme un conseil général qui concerne toutes les mitsvoth, et qui insuffle un enthousiasme et une volonté forte à celui qui lutte pour accomplir la volonté divine.

En revanche, le Rachbats et Rabbénou Yona sont d’accord sur un point: la maxime de Rabbi Eléazar qui nous encourage dans notre mission en nous faisant percevoir le salaire qu’elle représente ne va pas à l’encontre de la maxime d’Antigonos (Avoth 1-3), qui nous incite à ne pas agir comme des serviteurs qui servent leur maître dans l’intention de recevoir leur paiement.

D’abord parce que, comme nous l’avons déjà mentionné dans le Dvar Thora 5764 p.99, de nombreux commentateurs estiment que celui qui agit dans l’espoir de recevoir une rémunération est tout à fait louable, Antigonos parlant du niveau supérieur du service divin.

Ensuite parce que, dans l’intention de Rabbi Eléazar, il s’agit d’éveiller en nous l’amour envers le Créateur qui rétribue ses serviteurs intégralement, et la conscience de Sa grandeur.

Pourtant, Il est le maître de l’univers et n’a aucune obligation envers les hommes: c’est la preuve même que nous ne pouvons agir dans le seul espoir de recevoir un salaire!

Rabbénou Yona ajoute que cela peut également aider l’homme, lorsqu’il est confronté aux attaques de son penchant vers le mal (yetser hara).